"This is the end
Beautiful friend"
Beautiful friend"
Et oui en 2016, le néné pour Minimog, c'est terminé.
Je
vous avais parlé précédemment de mon expérience d'allaitement pendant
la grossesse ; j'ai continué jusqu'à la naissance de Raoudi sans trop de
soucis et avec plaisir.
Quand le petit est né, j'ai donc vécu
l'expérience du co-allaitement. Allaiter mes deux enfants séparément
m'était totalement naturel. L’expérience du double allaitement simultané
était plus surprenante mais je le vivais bien. Je disais toujours que
je me faisais l'effet d'une maman chatte qui allaite ses chatons en même
temps. C'était d'ailleurs des moments agréables où Minimog caressait la
tête de son petit frère dans un moment de complicité. Nous avions même
trouvé une position confortable pour les deux où la tête de Raoudi
reposait sur les jambes de sa soeur, ce qui plaisait beaucoup à cette
dernière. J'ai sincèrement aimé vivre cette très belle expérience et l'avoir fait vivre à mes enfants. J'appréciais aussi le fait qu'elle
vide mes seins - pendant la montée de lait et avec mon REF, c'était on
ne peut plus pratique. ;-)
Ca aurait pu être le bonheur, mais ce ne fut pas si simple.
Nous
sommes sûrement très nombreuses parmi les mamans allaitantes de bambins
à rêver de pouvoir allaiter jusqu'à ce que l'enfant se détache de
lui-même. En tout cas c'était mon idéal. Mais c'est moi qui aie lâché
avant.
Le fait est que, allaiter ma grande m'était très agréable
quand il s'agissait de 2/3 tétées par jour qui ne duraient que 5 minutes
à tout casser. Des petits moments d'apaisement et de complicité qui
parsemaient notre journée ou qui nous tenaient lieu de rituels.
Mais
avec l'arrivée de Raoudi, Minimog s'est mise à réclamer des tétées à
longueur de journées et presque comme un bébé, elle se réveillait
plusieurs fois par nuit en hurlant et pleurant et avec ma lactation
reboostée par l'arrivée du bébé, les tétées étaient interminables.
Ce
fut très déstabilisant pour moi, j'ai eu le sentiment que je m'étais
trompée sur la nature de notre "relation lactée" ; que pour moi c'était
un petit plaisir qui tendait à s'atténuer naturellement avec le temps,
alors que pour Minimog ça ne s'était tassé que parce que ma lactation
s'était tassée. Bien sûr avec le recul, il y a sûrement beaucoup à
mettre sur le compte de l'arrivée du bébé et de tout ce que ça engendre
de régression et d'angoisses chez l'ainé.
J'ai donc cherché un
consensus. J'ai d'abord sevré la nuit en expliquant à Minimog que si la
tétée de nuit devait se transformer en cauchemar pour elle et pour moi,
ça n'était plus quelque chose de bon. A dire vrai, elle me fatiguait
plus que son frère et je sais aujourd'hui à quel point le sommeil est le
point sensible de la jeune maman (ex-aequo avec la solitude), c'était
donc la tétée qui m'a insupporté au point de la supprimer très vite.
Elle a mis un mois et des cacahuètes à cesser de me la réclamer. Ce qui
m'a fait me dire que si pour moi on était sur la fin, pour Minimog, pas
du tout.
Puis j'ai limité les tétées à 3 par jour. Je ne vous
dis pas les comptes d'apothicaire et les négociations quotidiennes que
ça a engendré...
J'ai aussi limité la durée des tétées, puisqu'en
plus sa succion plus forte que celle de son frère me rendait les seins
douloureux au bout d'un moment.
Tout cela aménagé, il a bien fallu que je me rende à l'évidence au bout de quelques semaines :
1) ça n'arrangeait rien pour elle puisque de toute façon elle voulait toujours plus que ce que je lui donnais et elle en souffrait.
2)
ça n'arrangeait rien pour moi parce que progressivement, je me rendais
compte que je ne prenais plus de plaisir à allaiter. Les tétées
devenaient des corvées quand il fallait sans cesse ménager la grande et
le petit et je n'e pouvais plus d'entendre ces : "Tééééétéééééééeeeeeee
!" à longueur de journée. A dire vrai je commençais à avoir le sentiment humiliant que j'étais un néné
sur patte et que ma relation avec ma fille se limitait à combler son
besoin de téter. Chacune de mes tétées commençait par un soupir et je
n'étais plus vraiment avec elle dans ces moments que je subissais de
plus en plus. Ce fut flagrant un matin où je l'avais dans mes bras pour
un calin : j'aurais pu rester ainsi jusqu'à la fin des temps tellement
j'étais bien là, avec ma puce dans les bras, et quand elle a dit
"tétée", la bulle s'est brisée, et quand je l'ai eu au sein j'ai senti
la différence de sentiment que cela provoquait. C'était net : ça me
saoulait.
Pas bon, pas bon. Je m'étais toujours promis que si
je n'y prenais plus de plaisir, j'arrêterais, que la tétée n'avait de
sens que si c'était bien vécu pour nous deux. Et là clairement, aucune
de nous deux ne le vivait bien. J'ai donc préféré casser une bonne fois
pour toute que de persister dans cette mort lente et douloureuse.
J'ai
donc fait un truc par très intelligent avec le recul : début décembre
j'ai dit à Minimog qu'après Noël, on arrêterait. Je ne voulais pas
arrêter du jour au lendemain, je voulais lui laissais le temps de se
faire à cette idée. et comme la notion du temps chez un enfant de son
âge est assez floue pour ne pas dire très floue, Noël était le premier
repère clair que j'avais à lui donner.
Forcément, elle a attendu Noël avec autant d'impatience que d'inquiétude et ce n'est pas un très
beau cadeau que je lui faisais là. Bon, dans ces moments peu évidents, on fait ce qu'on peut hein ? Et puis c'était posé donc je m'y suis tenue - pas la peine d'embrouiller encore plus les choses.
Encore que, avec le
recul si, je crois que c'était un beau cadeau : lui offrir mon honnêteté
et mon respect de nous deux. Parce qu'allaiter sous la contrainte ça aurait été me manquer de respect, et donner à ma fille l'image d'une
maman qui subit sa relation avec elle, ça aurait été lui manquer de
respect. C'est en tous cas ainsi que j'ai ressenti les choses.
Je
dois dire que ce fut bien moins pire que je le pensais. Je m'attendais à
subir un mois de crises et de hurlements interminables, et finalement, ce fut bien
moindre que ce que provoquait mes refus quand je l'allaitais encore.
Elle a pleuré certes, et je ne dis que ce fut simple pour elle, ni pour
moi.
Bien sûr je me culpabilisais. Quand j'ai expliqué à ma fille
que je ne prenais plus de plaisir à lui donner la tétée et que je ne
voulais plus continuer comme ça, je n'ai pas pu m'empêcher de penser :"Et
toi, combien de fois tu l'oblige à faire des choses qui ne lui font
pas plaisir ?". C'était dur d'avoir à lui faire subir cette séparation à
un moment qui était déjà bouleversant pour elle (première rentrée en
septembre, petit frère en novembre, nous avons vécues chez mes parents
sans qu'elle voit son père pendant presque 1 mois et nouvelle maison en
revenant).
J'avais peur aussi que cela ne créé du ressentiment à
l'égard de son frère alors qu'elle l'avait accueilli avec tellement
d'amour jusque là.
Et puis c'était dur de finir ainsi.
Après 3 années d'allaitement bonheur, voir cet échange devenir une
source de tristesse et d'agacement, c'était dur. Il n'y a pas que ma
fille qui a versé des larmes.
J'ai mis toute la
bienveillance que j'ai pu dans cette séparation, en lui laissant tout le
droit de pleurer, d'être contrariée, déçue, jalouse même. Je l'ai
assuré de ma compréhension, en ne bloquant que les comportements
intolérables. Mais j'ai refusé de faire marche arrière. Au fond de moi
je savais faire le bon choix.
Aujourd'hui elle me
demande encore presque quotidiennement une tétée, il arrive que, voyant
son petit frère au sein elle tente de l'en retirer, mais jamais sans
réelle violence dans ses réactions. Juste une frustration qui persiste.
Paradoxalement,
elle a adopté du jour au lendemain des comportements à l'opposé comme
de dormir sans tétine et sans doudou et sans aucune lumière allumée. "Je
n'en ai plus besoin" me dit-elle.
Paradoxal mais pas
surprenant : son âge, l'école, l'arrivée de son frère l'on faite entrer
dans l'ère "enfant" quittant le statut de bébé. Je sentais que seul
l'allaitement la retenait. C'est un lien que j'aurais gardé sans souci
si je l'avais bien vécu. Allaités ou non, les enfants grandissent et
mûrissent. Et puis cet âge est celui des montagnes russes, de la
transition entre deux ères qui pour les enfants, allaités ou non, est
synonyme de changements incessants entre maturité et régression.
Un
jour j'ai croisé une maman de ma connaissance dont le fils, qui a
quelques mois de moins que Minimog, est encore allaité. Quand elle a mis
son fils au sein, Minimog et moi avons bloqué dessus l'espace d'une
seconde. Je pense que pour Minimog c'était l'image d'un paradis perdu,
mais je me suis sentie pour ma part totalement étrangère à ce qui se
passait. Ca ne réveillait plus en moi la moindre parcelle d'envie. Alors
j'ai su que c'était bien fini.
Désormais je m'ouvre à une
autre forme de relation avec ma fille... Et c'est génial. Passée la
douleur des premières semaines, ces 3 années d'allaitement reprennent
leur couleur de bonheur, petit à petit.
Est-ce que je regrette ? Non, rien. Ce furent 3 années de bonheur, que je suis heureuse, voire un peu fière, d'avoir donné à ma fille. Il est simplement temps à présent de passer à autre chose.
"Can you picture what will be
So limitless and free"
So limitless and free"
Merci ma puce, merci pour ces moments, merci pour ton courage. Ta maman qui t'aime.
Merci encore une fois pour ce beau témoignage !
RépondreSupprimerEt bravo à toutes les deux !
Ici j'ai arrêté d'allaiter l'ainé quand j'attendais le deuxième parce que je n'avais plus de lait et parce que c'était devenu trop douloureux (lui aurait bien continué même sans lait). Il a réclamé pendant une semaine avec une véhémence décroissante au fil du temps... Mais à la naissance de sa soeur le souvenir des tétées étant encore bien présent il a réclamé à nouveau. J'ai bien pensé lui offrir une tétée à l'occasion mais le temps de m'organiser (dans ma tête et dans mon corps) nous avons trouvé des solutions qui ont suffit à surmonter les frustrations :
- boire un biberon de lait à côté de nous pendant la tétée de sa soeur (lui qui n'a pas daigné prendre un seul biberon bébé !)
- tirer un peu de mon lait à boire dans un verre (quelques gouttes lui suffisent). c'est assez drôle de le voir aller chercher son verre et le poser contre mon sein pour se servir directement à la source ! Solution qui a pour autre avantage de réduire mon REF.
- donner la tétée à sa poupée (c'est lui qui a trouvé cette dernière solution ). Ce qui oblige à un déshabillage complet du torse mais c'est vraiment trop mignon !
Et maintenant, il ne cherche plus à retirer sa soeur du sein.
Voilà, je suis sûre que Minimog trouvera aussi en elle des ressources pour surmonter ses frustrations.
Capucine.
Merci Capucine. J'avoue que la deuxième solution me branche bien. J'en parlerai à ma fille.
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