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jeudi 14 janvier 2016

les enfants d'abord

1 couple sur 4 se sépare paraît il.
L'arrivée d'un enfant favorise la séparation paraît il.

Je viens donc m'ajouter aux statistiques. Rude année 2015 qui m'aura faite orpheline de ma mère, sans emploi et maman solo. Mais ce n'est pas de cette façon que j'ai envie de voir les choses. J'ai plutôt envie de penser que la perte de ma mère a bouleversé tellement de choses en moi que je ne peux plus faire autrement qu'avancer. Coûte que coûte, je suis montée dans ce train que j'attendais depuis si longtemps sans pouvoir le trouver. Je n'ai pas choisi cette situation mais je ne veux pas non plus la subir, bien qu'elle soit par moment très difficile.

Plusieurs mots me viennent en tête, quand je pense a ma vie actuelle. Isolement, fatigue, émotions, disponibilité/ indisponibilité, avenir, organisation, temps, bienveillance......j'ai envie de vous proposer une série d,articles, abordant chacun un des angles de cette vie qui continue autrement.

Parler.

Et la première chose dont j'ai envie de vous parler, c'est de mon fils. Petit Chou se retrouve au centre d'un conflit avec lequel il n'a rien a voir et son comportement est passé du tout au tout. Bien évidemment la première chose que j'ai faite  a été de lui parler. Lui dire avec des mots simples, que son papa et sa maman ne vivent plus ensemble mais que son papa l'aime énormément, tout comme moi. 
On aimerait que cela soit suffisant pour leur épargner du chagrin, mais ça ne l'est pas. 
Je me souviendrais longtemps de cette soirée pendant les fêtes de noel, ou Petit chou m'ayant vu pleurer a refusé de dormir avec son grand père pour passer la nuit avec moi. Il insistait sans dire pourquoi jusqu'a ce que je mette un peu par hasard le doigt dessus. Je l'ai alors rassuré sur mon état, et il est allé rejoindre son grand- père.
Ou de ce jour où il croyait entendre son père rentrer a la maison, ne voulait pas rentrer a la maison de papa et maman parce que papa n'y est pas, etc etc etc.....

Accueillir

Ces mots/ maux sont durs a entendre et ravive de la douleur et pourtant nous ne pouvons ni les nier ni passer outre. Accueillir et  accompagner  est bien plus facile quand nous sommes moins impliqués dans cette émotion, quand on en est aussi moins responsable. Parce que si parfois c'est de la tristesse que son émotion amène, c'est parfois aussi de la culpabilité. 
J'ai donc choisi de faire très simple, en fait non, j'ai fait ce qui était en mes capacités en posant des mots sur ce qu'il me rapportait, sans extrapoler " tu aimerais que papa rentre" " ton papa te manque" " c'est difficile pour toi" " tu es fâché". Ce qui a pour effet immédiat de le calmer et j'ai accepté que la séparation puisse éveiller les même sentiments chez l'enfant que chez le parent. 

Il y a les mots, ce que l'enfant peut exprimer et il y a son comportement, son corps qui parle, les émotions qui se libèrent. Ici, c'est un peu comme si la " crise des deux ans" ( que l'on vit pourtant depuis un moment avec des périodes bien plus sensibles que d'autres) venait d'exploser violemment d'un coup. Tout est sujet a la colère, tout est prétexte a crise violente ou molle, il frappe son père, jette tout, et cherche a " re fusionner". Dit comme ça on pense tout de suite al'enfant qui prend parti, il n'a pourtant pas été instrumentalisé. J'ai plutôt l'impression que c'est sa façon a lui de revivre cette séparation. Son père est parti, il le rejette a son tour. Avec moi c'est tout l'inverse, il veut dormir avec moi, ne s'endort plus dans son lit, ne mange que sur mes genoux, dans mon assiette et si je lui donne, le nombre de tétées a exploser, il ne veut plus marcher mais être dans mes bras. Je n'ai pas de réponse a son comportement, je cherche moi même a comprendre les enjeux. 

 
Contenir

Deux choses me semblent importante dans ce genre de situation ou la routine a du mal a rester ou le quotidien devient chaos. La première c'est de garder un cadre et d'essayer de ne pas le transgresser pour maintenir ses repères. Au sein de ce cadre, pour lui et pour moi, je le laisse faire comme il veut. Parce que le cadre tend a être immuable, il est rassurant, surtout dans des moments ou tout est mouvant, ou tout est changeant. Ce n'est pour autant pas évident pour lui de supporter ce cadre, alors plus encore qu'avant, je lui chante notre ritournelle, je lui rappelle a chaque fois comment les choses vont se passer, je le préviens de ce qui va arriver: "on monte dans la voiture, on fait les courses, on les range. Une fois que les courses sont rangées ont pourra aller faire du vélo."quand il sort du cadre, je lui rappelle ce que l'on a defini et lui donne le choix. " quelle est la règle pour jouer aux billes? Tu as donc le choix , soit tu joues en respectant cette règle, soit tu choisis un jeu plus adapté a ton envie". J'ai remarqué que plus les choses étaient simple et claire, mieux les choses se passent, nous évitant bien des batailles. Parce que c'est de ça dont il est question. 

Rassurer.

Toutes les nuits mon fils se réveille en pleurant, criant " j'ai peur que tu me laisses maman". Je ne peux pas quitter une pièce sans qu'il me rappelle avec angoisse. Il régresse sur tous les plans me hurlant ainsi sa peur de l'abandon et du coup, il refusionne. Ou devrais je dire on refusionne puisqu'il faut être deux.
En faitj'accepte sa régression parce que je ne vois pas comment le rassurer autrement. Lui parler ne suffit pas. Que lui dire? Que les mamans ne sont pas comme les papas? Mmmmmmhhhh......alors aussi difficile que ce soit pour moi en ce moment avec toutes les démarches et l'absence de relais, j'essaie de me montrer aussi disponible que je le peux pour lui. Je prévois des moments privilégiés entre lui et moi. Une partie de foot, un bain, des séances de contes sous la couverture......mais ça ne suffit pas et comme je le disais ici, accepter la ré- fusion, la régression c'est je crois une fois encore confondre besoin et envie. Mais c'est un cap que je n'arrive pas a franchir, peut être aussi parce que mes besoins/ envies du moment ne sont pas bien clairs et que la perspective de devoir lâcher mon fils un week end sur deux et la moitié des vacances ne me réjouit pas. Mais j'y reviendrais plus tard.

Lâcher prise.

Surtout. C'est le plus important et c'est pourquoi je le garde pour la fin. C'est tellement difficile a faire et pourtant c'est parfois la seule chose qui puisse nous permettre de survivre. Aujourd'hui notre rythme est perturbé, je ne suis pas aussi disponible que Petit Chou le souhaiterait, et je me retrouve devant des choix que je n'aurais jamais eu a faire avant, comme le laisser regarder une vidéo pour que je puisse contacter la caf, ou que je régle des choses avec son père. Il m'arrive aussi de perdre patience de voir ma bienveillance s'envoler. 
Je vois beaucoup de mamans qui se mettent une charge énorme a vouloir être parfaite, a gérer leurs émotions, a être toujours disponible et bienveillante et qui sont dans une souffrance réelle parce qu'elles en oublient parfois d'exister pour elle ou croule sous le poids de la culpabilité. Dans tous les cas, on ne peut exiger de nous même ce que l'on n'est pas en mesure de donner et dans ces moments la en particulier, faire de soi une priorité est le meilleur choix que l'on puisse faire pour son enfant.

Mais le plus difficile, c'est d'accepter qu'on ne peut rien. Je ne peux pas soulager ni sa douleur ni son angoisse. Je ne pourrais jamais combler le manque. Et en ce sens , aussi terrible que puisse paraître mes mots, la séparation est plus terrible que le deuil. Le deuil est définitif. Ça s'arrête et on en soufre mais on arrive a vivre avec cette douleur. La séparation c'est autrement. Il n'y a pas de deuil véritable a faire contrairement a ce que  tout le monde aime dire, parce qu'il n'y a pas de caractère définitif. Il y a juste d'un coup moins. Beaucoup moins. Et parfois de manière irrégulière. De l'attente. 
Tout ce que je peux faire c'est être la et le suivre dans son cheminement pour être. Être ce qu'il est, pas dans l'absence de son père, pas dans la colère de la séparation,pas dans l'angoisse de sa mère. Juste dans son chemin de vie a lui. 

Lâcher prise, est bien le plus difficile.

10 commentaires:

  1. Cet article m'a beaucoup émue. Je ne sais que dire. Juste que je vous lis toujours avec beaucoup d'admiration dans ce que vous laissez transparaître en tant que maman mais aussi en tant que personne. Je ne sais pas si c'est le bon mot mais je vous souhaite à tous les 2 du courage et de trouver un rythme qui vous convienne.

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  2. Que cette période est difficile pour toi et ton petit chou...j'en suis tellement navrée! C'est vrai que j'ai la chance de ne pas connaitre cette situation, mais tes mots me font tellement ressentir l'état dans lequel vous êtes tous les deux... Bon courage à vous, j'aimerais pouvoir vous aider en quoi que ce soit...

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    1. on ne s'imagine jamais en arriver la et pourtant la vie est ainsi faite! j'ai décidé d'y voir le meilleur alors ca ira <3

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  3. Plein de courage dans cette période pas facile :(

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    1. Merci Amandine. période de transition et d'adaptation pour nous, une nouvelle maman qui se dessine aussi!

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  4. Je rêve à penser que nous lectrices pouvons t'apporter un tant soi peu de soutien et de réconfort...
    Oui accepter, lâcher prise, et j'ai surtout envie de te dire de prendre le temps. Prendre le temps de trouver vos marques, de ressentir, de partager, de répondre à des envies (les tiennes comme les siennes) car la vie c'est beaucoup ça, de penser cheminement en place de régressions ou avancées. Les plus beaux chemins ne sont-ils pas sinueux et vallonnés ? Plein de "chaudoudoux" Charlie, et aussi à ton incroyable fiston !

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    1. comme je disais à Mamand'ala, j'ai un peu l'impression d'être partie en rituel initiatique depuis le décès de ma mère à la différence près que je n'ai pas eu besoin de trouver un chaman, juste de suivre ma vie et de me trouver moi dans ce chaos. Pour le moment tout va très vite, on est encore dans la gestion " de crise", mais on trouve nos marques et Petit Chou en profite pour grandir d'avantage. On ne peut effectivement plus parler de régression. ce qui se passe pour nous est incroyable d'émotions et de belle énergie malgré tout.

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  5. C'est avec beaucoup d'empathie que je lisais ce post, jusqu'à ce que... vous "compariez" séparation et décès. Pensez-vous réellement que la séparation d'avec votre conjoint affecte davantage votre fils que si son père était mort?!
    J'ai perdu ma mère lorsque j'avais 15 ans et franchement, "à choisir" j'aurais "préféré" que mes parents se séparent...
    Doit-on lire entre les lignes qu'il vous aurait été plus facile de réagir face à la mort de votre conjoint? Il me semble que vous parlez davantage alors de vous que des "enfants d'abord".
    Je vous souhaite toutefois de surmonter cette épreuve et j'espère que la douleur n'aveuglera bientôt plus vos pensées.

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    1. oh! je crois qu'il y a maldonne! J'entends votre colère et la douleur dans votre remarque et je m'excuse d'avoir provoqué un tel sentiment en vous, ce qui était loin d'être mon objectif. Peut etre n'ai je pas été assez claire dans ce que je voulais dire alors voici quelques explications complémentaires qui je l'espere seront plus limpides. J'avoue que je suis à mon tour troublée... je compare séparation et décès parce que tout le monde me parle de faire le deuil de ma relation, le deuil de l'image que j'avais de la famille etc mais le deuil ce n'est pas ça...et si je me permets de tel propos, ce n'est pas pour dire que la mort de mon conjoint aurait été preferable, bien au contraire, c'est parce que je suis en plein deuil de ma mère. J'ai perdu ma mère et fait face chaque jour a la douleur de son absence irremediable, mon fils fait face à la douleur d'un père absent mais vivant qui a envie de profiter de la vie et s'intéresse a lui ponctuellement, quand il en a envie. je pense que mon texte de départ n'est pas assez complet pour comprendre s'en mauvaise interpretation, ou peut être ne me connaissez vous pas assez encore pour comprendre mes silences.
      Aucune douleur n'aveugle mes pensées, en ce qui me concerne, je suis tout a fait sereine par rapport à cette rupture. Ce qui m'inquiète c'est mon fils et cette relation qu'il attend de cet homme absent.
      Je parle de mon fils, je parle de moi et de mes inquiétudes envers lui. Les enfants d'abord, ce n'est pas que la parole aux enfants, c'est également ce qui nous inquiete, nous touche, nous ebranle. Dans cette separation j'aurais pu en premier parler de mon changement de vie a venir, de mes angoisses, de mon projet qui s'effondre, du manque de sommeil, de la gestion du quotidien etc etc... les enfants d'abord parce que le plus important pour moi a partager avec mes lecteurs c'est mon fils, comment il le vit, comment je traverse ses emotions, comment on gere, ce qu'on en pense, ce qui tourne autour de lui.

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