"Ce
chant de guerre qui monte sur la ville
Comme une prière à la lune qui brille
Rappelle à ceux qui dorment derrière les grilles
Qu'on peut toujours même si c'est pas facile
Devenir Cheyenne
Combattre quand même
Devenir Cheyenne
Regagner les plaines
Je veux te prendre au feu de mes tortures
Je veux te faire comprendre tout ce que j'endure
Je veux t'apprendre les signes, les peintures
Qui protègent mieux que toutes les armures
Devenir Cheyenne
Combattre quand même
Devenir Cheyenne
Regagner les plaines
Tu peux aussi quand la vie te malmène
Pousser le cri et devenir Cheyenne
Oublie les plumes, oublie les mocassins
Pas besoin de costume pour devenir indien
Devenir Cheyenne
Combattre quand même
Devenir Cheyenne
Regagner les plaines
Combattre quand même
Et briser ses chaînes
Devenir Cheyenne"
Comme une prière à la lune qui brille
Rappelle à ceux qui dorment derrière les grilles
Qu'on peut toujours même si c'est pas facile
Devenir Cheyenne
Combattre quand même
Devenir Cheyenne
Regagner les plaines
Je veux te prendre au feu de mes tortures
Je veux te faire comprendre tout ce que j'endure
Je veux t'apprendre les signes, les peintures
Qui protègent mieux que toutes les armures
Devenir Cheyenne
Combattre quand même
Devenir Cheyenne
Regagner les plaines
Tu peux aussi quand la vie te malmène
Pousser le cri et devenir Cheyenne
Oublie les plumes, oublie les mocassins
Pas besoin de costume pour devenir indien
Devenir Cheyenne
Combattre quand même
Devenir Cheyenne
Regagner les plaines
Combattre quand même
Et briser ses chaînes
Devenir Cheyenne"
Je
vous racontais ici la naissance de Minimog, et les douleurs
qui l'ont suivi. Je me devais bien de vous raconter celle de mon
fils, Raoudi, et ce qui en a suivi aussi.
Mon
projet de naissance idéal était le suivant : j'ai été
accompagnée tout au long de ma grossesse par une sage-femme libérale
pour un suivi global, dans l'objectif de vivre avec elle et mon époux
la naissance de mon fils dans une maison de naissance hospitalière
située à 1 heure de route de chez mes parents où je résidais dans
l'attente de l'évènement.
Je
souhaitais convier ma fille à cet évènement, d'une manière
symbolique. Elle qui aime tant dessiner sur les corps, je souhaitais
lui demander de dessiner sur mon ventre pour emmener avec moi sa
présence, son énergie. Un peu comme les peintures rituelles qui se
pratiquent dans bien des tribus, j'espérais que ses traces me
donneraient de la force.
Et
j'avais même commencé à monter un projet un peu foufou :
celui de photographier mon accouchement. A la fois pour moi-même,
pour la puissance artistique de ce projet et pourquoi pas, pour
participer à montrer la naissance bienveillante d'une manière
ouverte et libre selon ce qui aurait été produit. Le destin avait
mis sur mon chemin une ex sage-femme devenue photographe qui était
prête à m'aider à concrétiser ce projet.
Rien
de tout cela n'a eu lieu. ^_^.
Nous
sommes jeudi, j'emmène ma fille au parc après l'école et nous nous
promenons un peu mais l'effort me pèse et c'est dans un état peu
amène que je rentre à la maison. Pour la première fois depuis des
années, je ressens l'envie irrépressible de prendre un bain. Je me
coule un bon bain chaud dans la baignoire à bulle de ma maman. Ma
fille me rejoint et nous passons un chouette moment ensemble. C'est
elle qui demande à laver son petit frère et je lui laisse laver mon
ventre avec application et douceur. Sans le savoir, je remplace la
peinture par du savon pour ce qui sera notre dernier rituel
pré-natal. Le soir je sens bien que ça travaille sec, et j'ai même
le sentiment de sentir l'écartement du bassin et le bébé
« descendre d'un cran ». Mais nous sommes à 3 semaines
de la date prévue, je me dis juste que demain, je devrais me poser.
Mon père est absent, je passe ma soirée à discuter avec ma maman,
de choses et d'autres, de choses de maman et de filles : la
mienne, moi, elle. Un chouette moment également.
Je
suis réveillée dans la nuit par ce que je crois être une énième
envie de faire pipi. Sauf que… ma culotte se mouille d'elle-même.
Oh oh ! Incontinence ou…. Je vais aux toilettes, il y a un peu
de sang. Aie ! J'attends dans mon lit pour voir si je ressens des
contractions. Oui un peu. Tous les combien de temps ? Bon, je
laisse tomber la montre : j'appelle ma sage-femme qui me donne
rendez-vous à la maison de naissance. « Merde ! »
Que j'me dis « Déjà ! ». Et mes affaires qui ne
sont pas franchement prêtes et… houlààà !
Mes
parents sont réveillés, mon père se prépare pour m'emmener quand
une contraction me plie en deux. Je retourne aux toilettes.. et là
ça saigne franchement. Je rappelle la sage-femme « Bon tu vas
à l’hôpital, rappelle moi quand tu es dans la voiture je reste avec
toi par téléphone. ».
A
ce moment c'est panique à bord. Je dois m'habiller, ma valise est à
peine prête, penser à prendre les documents, tout cela entre deux
contractions intenses… Je regarde ma mère : « Maman…
- C'est moi qui t'emmène – Oui, s'il te plait ». Mon père
appelle mon homme… qui ne répond pas.
C'était
le risque, on l'a pris, je dois l'assumer, mais c'est dur à avaler.
Ma
sage-femme rappelle pour me dire qu'elle a appelé l'hopital, leur a
parlé de mon projet de naissance. Je suis attendue, ils sont
sensibilisés. Quel soulagement pour moi !
Arrivée
dans la voiture je me jette à l'arrière à quatre pattes sur le
sol. Je ressens un besoin énorme de pouvoir me poser et me
concentrer sur ce qui se passe dans mon corps. Je rappelle mon homme,
il décroche, j'ai juste le temps de lui dire « J'accouche.. Hôpital – ok je pars ». J'ai fait ce que j'ai pu, le reste
appartient au ciel.
Je
rappelle ma sage-femme qui m'accompagne pendant tout le trajet.
« Comment
tu te sens ?
-
j'ai peur, j'ai super peur.
-
peur de quoi ?
-
de ne pas avoir la force. »
Je
l'ai compris : je n'irais pas à la maison de naissance, je
n'aurais pas ma sage-femme, peut-être même pas mon mari, pas de
peintures, pas de photos, tout mon projet tombe à l'eau.
Je
suis seule.
Toutes
les personnes sur qui je comptais pour me porter dans ce projet, pour
m'aider à surmonter les obstacles seront absentes. 32 ans de manque
de confiance en soi qui remonte, je suis au pied du mur, j'angoisse,
j'encaisse.
J'entends
à peine ce que me dit ma sage-femme sauf une phrase « Tu ES
forte ».
Je
ne sais pas si je suis forte, à ce moment je n'y crois pas mais je
dois l'être, je n'ai pas le choix.
Je
dis adieu à tout ce qui ne sera pas et je me concentre sur le
présent.
« Ce
qui compte maintenant, c'est toi et ton bébé ».
Je
me concentre, sur mes sensations, sur mon souffle. Mes vocalises sous
la douche façon chant prénatal m'aident beaucoup. Je me concentre
sur les temps de pause pour récupérer. Je parle à mon fils :
« Allez mon cœur. Ensemble, on est ensemble, on reste
ensemble ». Je canalise tout ce qui a fait ma préparation.
Nous
arrivons à l’hôpital on veut me transporter en chaise roulante, je
leur demande d'attendre la fin de ma contraction : encaisser
assise c'est juste pas possible. J'arrive à la maternité, les
urgentistes demandent où on m'installe, la sage-femme montre une
salle du doigt. Ce n'est pas la salle nature.
Pourquoi ?
Encore
un examen de routine à faire je suppose, un monitoring ou quelque
chose… Ca me saoule, j'ai besoin, de pouvoir me poser, me centrer
sur mon accouchement. Mais bon, je me laisse guider.
Erreur
fatale.
Je
n'irais jamais en salle nature. En fait, pour faire court, ce que je
redoutais est arrivé : je suis tombée sur une personne qui
n'est absolument pas formée ni même apparemment sensibilisée à ce
qu'est un accouchement physiologique et qui visiblement n'accouche
pas en salle nature, je ne sais même pas si elle y a jamais mis les
pieds. Moi en tous cas, je n'y mettrais pas les miens. Je vais vite
le découvrir, mon projet de naissance de secours aussi est
totalement tombé à l'eau et je vais devoir m'asseoir dessus.
Rien ne se passera comme je l'avais souhaité.
Je
vois la lumière aveuglante, le lit, les fils, les bruits.
Un
moment je perds pied, la douleur est intense, et je me dis que si
j'en suis à 3 centimètres, dans ces conditions je ne tiendrais
jamais jusqu'au bout sans demander la péridurale.
Puis
on me libère de ma chaise. Je vire tout, les vêtements, la blouse,
et je m'installe nue à quatre pattes sur le lit. Là c'est l'équipe
qui est décontenancée mais moi là, j'ai urgemment besoin de me
recentrer sur mes sensations. J'y parviens à peu près. Assez pour
gérer mon souffle, et me rendre compte que pour moi, le bébé est
en train de descendre dans le bassin. Je commence aussi à me
demander si je ne panique pas en raison de la fameuse période de
désespérance, ce qui signifierait que l'expulsion n'est plus très
loin. Je tente de trouver mes marques en attendant qu'on s'occupe de
moi.
On
me pose une perfusion, je demande ce qu'il y a dedans, on me répond :
« C'est rien », « Ah non, c'est pas rien, c'est une
perfusion et je veux savoir ce qu'il y a dedans », « De
l'eau sucrée c'est juste pour poser la voie », « Ok mais
pas dans l'articulation ». Il va falloir qu'elles s'y fassent,
on ne me cachera rien et je ne laisserais rien au hasard, jusqu'au
bout*. Ça les vexe visiblement mais je serais intraitable tout au
long de l'accouchement.
Et
là, l'impensable se produit. On se met à me poser tout un tas de
question administratives !!! Mon nom de famille, mon adresse, le
poids de ma fille, etc.
Personne,
absolument personne ne m'a encore touché ni ausculté. J'essaye
d'expédier les questions mais c'est un flot incessant. On me demande
même le prénom de mon enfant qui n'est même pas né et sans la
présence de son père. Je bredouille le prénom de Raoudi en
espérant que son père n'aura pas changé d'avis. D'officialiser
cela sans lui me gêne beaucoup.
On
me demande si ma mère doit venir dans la salle. Au début j'ai peur
que, non sensibilisée à ce dont j'ai besoin, elle n'ait le réflexe
de vouloir me parler elle aussi alors que j'ai besoin qu'on me laisse
entrer dans ma foutue bulle. C'est terrible, mais je dis « Non ».
Puis je me ravise et je dis « Dites lui de venir mais de ne pas
me parler s'il vous plait ».
Ma
mère arrive et pose sa main sur la mienne en silence. Mais du côté
des sages-femmes, rien ne change. Au bout d'un moment que j'aurais
bien du mal à estimer (je dirais au moins 15/20 minutes), je craque.
« Que quelqu'un me dise où j'en suis s'il vous plait... Que
quelqu'un me dise où j'en suis… J'AI BESOIN DE SAVOIR OU J'EN
SUIS ! ». Finalement à l'appel de ma mère, la sage femme
m'ausculte. « Oh ben, vous êtes à dilatation complète ! »
Oh
ben tiens !!!
Cette
nouvelle me donne une force nouvelle. Déjà, je suis soulagée, je
ne prendrais pas de péridurale, ce n'est plus la peine.
Ensuite,
ça me redonne confiance en ma capacité à ressentir ce qui se passe
en moi car je ne me suis pas trompée, je suis bel et bien sur la
fin.
Et
enfin, j'ai en effet vécu et surmonté l'étape que je redoutais le
plus : la désespérance. C'est une phase par laquelle passe
toute femme qui accouche. Un moment d'abattement avant la dernière
étape où la femme perd pied. Pour certaines c'est très violent :
des femmes ont peur de ne pas aller au bout mais certaines parlent
carrément d'avoir l'impression de mourir. Ma sage-femme a connu une
femme qui a tellement déconnecté pendant ce moment qu'elle s'est
levée pour partir en disant qu'elle arrêtait tout et qu'elle
accoucherait un autre jour. C'est un moment de grande vulnérabilité
et je comptais énormément sur mon entourage pour le surmonter. Or,
je viens de le surmonter, seule. Je l'ai conscientisé et
traversé sans aucune aide.
Je
reprends confiance, je vais y arriver.
Je
reprends prise sur mon souffle, je vis les pauses intensément,
j'essaye d'oublier ou d'intégrer tous les éléments parasites de
mon environnement (auquel je tourne le dos, heureusement). Je parle à
mon fils, encore et encore. Ma mère a la bonne idée de me proposer
de relever le haut du lit pour me permettre de m'appuyer dessus.
On
m'a posé un monitoring en ceinture que je garderai pendant tout
l'accouchement. J'ai haïs ce monitoring. A tort ou à raison, il me
donne la sensation de bloquer mon bébé dans mon ventre, je le vis
comme une barre, un barrage même. Et ce bruit incessant de bip, bip,
bip ! Mais finalement, c'est sur ça que je vais me concentrer.
Parce que oui, aussi invraisemblable que ça puisse paraître, le
comportement des sages-femmes ne change absolument pas !!!
On
continue de me poser des questions et de me laisser dans mon coin. Je
suis abasourdie, totalement abasourdie.
Je
me sens comme une femme qui accoucherait dans un service d'état civil
en mairie avec tout le monde qui continuerait de travailler à côté
c'est hallucinant !
Du
coup je me focalise sur le monitoring. Lui au moins il est
prévisible, régulier, abstrait, il me « connecte »
d'une certain façon à mon bébé puisqu'il m'indique qu'il va bien.
Ce sera mon mantra.
Tout
change. Je parviens à vivre mon accouchement. Je tolère même
certaines contractions sans un son. Je sens que je peux y arriver.
J'entends même les sages-femmes dire dans mon dos que ça n'a plus
rien à voir avec mon état à mon arrivée (parce que oui, on parle
aussi de moi dans la pièce comme si je n'étais pas là...).
Je
prend aussi la décision de ne plus répondre aux questions qu'on me
pose et finis par lâcher ce qui me travaille depuis le début :
« Je suis en train d'ACCOUCHER, on ne peut pas faire ça plus
tard ? ».
Une
chose est sûre, le concept de SACRE dans la naissance n'a absolument
aucune place dans cette pièce. Moi qui souhaitais vivre ce moment en
conscience, de façon intense, avec tout l'intimité et le recueillement à la mesure de ce qui se passe, je suis un bout de
viande posé sur une table, invisible, banal, seul. Je décide de
l'accepter. C'est comme ça. C'est arrivé. Tout ce que je ne voulais
pas est arrivé. Tant pis, je dois continuer malgré tout.
Mais
comment ? Comment peut-on être aussi ignorant de ce qui fait
l'essence de ce moment si grand ? Comment a-t-on pu faire de
l'accouchement cette usine à gaz dénuée de sens ? Comment
veut-on que les femmes vivent leurs accouchements autrement que comme
des purges, des mauvais moments à passer au plus vite et en toute
inconscience si tout ce qu'on a à leur proposer c'est ça ?
Visiblement,
seule ma mère entend mon désarroi et à ce moment, elle se met à
faire quelque chose de salvateur : elle répond aux questions à
ma place. Ça n'empêche en rien les sages-femmes de parler comme si
je n'étais pas là créant un flot incessant de parasites sonores
mais au moins, ma mère fait écran.
En
fait, il se passe à moment un truc magique. Ma mère comprend. Elle
reste à mes côtés, respectueusement avare en mots elle n'utilise
que ceux dont j'ai besoin : « C'est passé, profite de la
pause, concentre toi sur ton souffle ». Je me focalise sur sa
main posée sur la mienne : c'est le seul élément organique et
humain qui me soit donné dans cet enfer de glace mais il est là.
Elle se met à ma disposition pour m'hydrater, me demande de quoi
j'ai besoin. J'ai super mal dans le bas du dos. Elle va chercher une
huile de massage en salle nature et reviens me masser où j'ai mal.
Elle est ma bouée, mon phare. Par la justesse de sa présence, elle
sera le fil d'Ariane qui me permettra de tenir jusqu'au bout.
Je
la remercie encore et encore. Et je continue jusqu'à l'imminence de
l'expulsion.
Et là, nouveau coup de butoir. « Comment vous voulez accoucher ? -Comme je suis, c'est très bien. - Mais vous ne pouvez pas accoucher à quatre pattes quand même, le lit est trop haut ! (ben je sais, mais j'en voulais pas moi, de ton lit médical de merde!)- Au sol alors. - Mais je ne peux pas vous laisser accoucher par terre quand même ! - Mais en salle nature il y a bien un lit adapté non ? ». Je ne sais plus ce qu'on me répond mais c'est à ce moment que je comprends que la salle nature m'est fermée, et que ces sages femmes ne l'utilisent pas.
Elles
m'installent une barre d'appui sur le lit (visiblement pour la
première fois de leur vie vu comment elles ont galéré). Mais le
bébé descend lentement à leur gout. Les sages-femmes n'arrêtent
pas de me dire que ça ne va pas assez vite. Je réponds qu'il
descendra quand même, à son rythme. Mais les commentaires fusent et
on ne cesse de vouloir me mettre en position gynéco. Je ne veux pas,
mais chaque fois que je sollicite la sage-femme la réponse est la
même « Je n'ai pas mes repères dans cette position. ».
Je reste néanmoins à 4 pattes. Je m'écoute, point.
Les
femmes sur le point d'accoucher affluent dans le service et les sages
femmes désertent un moment la pièce. Je peux enfin m'ouvrir à ma
mère, et lâcher tout ce que j'encaisse depuis mon arrivée. Et
c'est presque en larmes que je dis à ma mère : « accoucher
naturellement ça ne veut pas dire accoucher seule ! ». Ma
mère me répond : « Ma chérie, je sais que tu n'as pas
l'accouchement que tu voulais. Mais tu sais, ces sages-femmes font ce
qu'elle peuvent, seulement elles sont de ma génération, elles ne
savent pas comment faire avec toi. Je pense qu'il faut que tu
coopères. » J'essaye de me laisser gagner par les paroles de
paix de ma mère mais c'est plus fort que moi « Maman, c'est
mon accouchement, c'est mon bébé qui vient au monde.
Ce n'est pas à moi, ce n'est pas aux mères de sacrifier ce moment
pour s'adapter aux inepties de l'accouchement en hôpital ». Je
ressens une immense sentiment d'injustice. Pas deux fois. Pas cette
fois.
Ceci
dit, je me retrouve vite face à deux choix : soit j'accouche
seule jusqu'au bout, sauf qu'en effet, je suis mal à l'aise sur ce
lit très en hauteur et très étroit qui n'est absolument pas adapté
à une expulsion à quatre pattes. De plus, je sens bien que je
n'avance plus beaucoup et les commentaires des sages-femmes me font
douter ; soit je coopère et on finit ensemble. J'en ai marre
d'être seule j'en ai marre de me sentir en constante opposition. Je
finis par céder. Je veux bien essayer du moins. On me fera la
totale : position sur le dos, pieds dans les étriers et même
tenir mes cuisses pour pousser. J'essaye d'oublier l'aberration des
cuises ouvertes qui ferment les ischions, de mon coccyx rentré qui
réduit encore le passage, de la gravité qui est contrée. Je sens
mon bébé avancer, d'une manière aiguë : je sais exactement où
il est, il avance. Les sages femmes sont en terrain connu et ça se
sent, elles sont encourageantes, elles sont avec moi. L'ambiance
s'est allégée considérablement et pour la première fois, nous
formons une équipe. J'ai besoin de cela à ce moment. Et puis j'ai
envie d'en finir. Je demande juste qu'on me laisse le temps et petit
à petit, je prends à nouveau mes repères, j'apprivoise la
situation, je la fais mienne.
Mais
je m'épuise, j'ai les jambes qui tremblent et d'énormes difficultés
à reprendre mon souffle. Quand la sage-femme fait intrusion la
douleur est atroce. J'ai trouvé cette position d'expulsion violente,
très dure physiquement. En aurait-il été autrement à 4 pattes? Je
n'en sais rien. Le découragement me guette à nouveau puis
l'impensable se produit. J'entends la porte qui s'ouvre et je sais :
il est là ; mon homme vient d'arriver. Je ressens un tel
soulagement que je rate une contraction. Merci mon dieu : mon
homme est là, en un seul morceau et il verra son fils naitre.
Quelques
poussées et ça y est. Mon fils est là. Mais ce n'est pas le moment
de se relâcher. « Laissez le cordon s'il vous plait ».
La réponse tombe encore, insensée : « Mais ça ne sert à
rien, regardez, il n'est plus irrigué de toutes façons ».
Absurde, aberrant. Mais je n'ai plus la force, je ne sais plus. Je
suis une maman, vais-je donc réellement devoir expliquer à cette
professionnelle que non, le cordon reste irrigué des heures après
l'accouchement ? Sérieusement ? L'argument infaillible ne
me vient pas à l'esprit malheureusement (à savoir : « Si
ce n'est plus irrigué alors pourquoi vous mettez des pinces avant et
après le point de coupure pour juguler l'afflux de sang ? »).
J'en ai marre, je veux en finir, et rester avec mon fils en famille.
« Coupez moi ce truc et allez vous en » pourrais-je dire.
On tend les ciseaux à mon homme, ça n'a aucun sens. Il coupe,
hourra, tout le monde est content ? Non, ce moment n'a de sens
profond pour personne. Je tente de protéger mon fils de la lumière
vive qui l'agresse avec ma main et en demandant qu'on bouge la
lumière flashy qui est braquée sur nous. Je tente de sauvegarder
tout ce que je peux de bon sens pour lui.
Et
puis c'est l'achèvement. La sage-femme regarde le petit, bredouille
un truc et on me l'enlève. Oh non, pas encore ! Un regard à
mon homme, un mot et il suit l'équipe.
Heureusement
que ma mère était là. Elle me propose de rentrer maintenant que
mon homme est là mais je m'y refuse. Pas tant qu'on ne m'a pas rendu
mon enfant. Je n'ai que ça en tête : qu'on me rende mon fils.
J'ai une sale impression de déjà vécu : pour moi couture,
placenta qui ne descend pas (et qu'on va forcer en me pressant le
ventre sans attendre, à l'ancienne, jusqu'au bout…) et pas de
bébé. Mon mari revient par deux fois, visiblement chamboulé.
Finalement,
la pédiatre m'amène mon fils. Il est équipé d'un capteur pour que
je puisse l'avoir en peau à peau parce que « c'est
important ». La pédiatre est jeune, douce, et visiblement
totalement sensible à l'importance du lien mère enfant. Je suis on
ne peut plus soulagée en la rencontrant. Elle me laisse mon fils
pour un bout de temps et je sens qu'elle ne médicalisera pas plus
que le nécessaire. Elle demande à ce qu'on m'installe en unité
kangourou pendant la période de surveillance de mon fils qui a fait
une détresse respiratoire due, certainement à une mauvaise position
pendant qu'il était sur moi.
Enfin
la première tétée, enfin le premier vrai contact prolongé. On
essaye bien de nous casser encore les rouleaux avec la paperasse mais
il y a eu maldonne. Ayant gardé mon nom de jeune fille bien qu'étant
mariée, tous les papiers du petit son à mon nom au lieu du nom de
son père. Ça valait bien la peine de m'em****der avec ça pendant
tout mon accouchement. « Mais pourquoi vous ne me l'avez pas
dit ? » me demande la sage-femme. Là je retiens à grand
peine un : « Au CAS où vous ne l'auriez pas REMARQUE,
j'étais en phase finale de mon ACCOUCHEMENT. Je donnais la VIE. On
m'a demandé mon nom de famille, j'ai donné mon nom de famille.
Point. POURQUOI n'ai-je pas raconté ma vie administrative à ce
moment : on se le demande tiens ! ». Je me contente
de dire qu'on se débrouillera avec les services concernés, au-revoir, merci. La pièce se vide. Je demande à mon homme de
m'éteindre enfin ces p**** de lumières et je me focalise sur mon
fils.
On
me l'enlève à nouveau, nous m'installons dans ma chambre et en
attendant, je discute avec mon mari, tentant de ne pas penser à ce
qu'il advient de mon bébé loin de moi. Mon époux me raconte
brièvement ce qui s'est passé avec Raoudi en sa présence :
aspiration, perte de température, cyanose, panique à bord et mon
mari qui tente d'arracher la vérité à une équipe qui lui dit que
tout va bien alors que tous les indicateurs de mon fils chutent.
L'arrivée de la pédiatre qui reprend les rennes avec calme et en
douceur, sans matériel superflu et avec efficacité. Mon mari tente
de pointer du doigt l'importance de la médecine à ce moment. Et moi
de penser : et si on lui avait laissé son cordon ? Tout
cela serait-il arrivé ?
Que
penser en effet de la médecine quand elle s'acharne à prendre la
nature à contre courant pour sauver de problèmes qu'elle a
elle-même engendré pas son aveuglement ?
Le
vrai problème, je le comprendrais plus tard, c'est l'impact que la
scène a eu sur mon époux. Dans les jours qui suivront il sera
nerveux au possible en présence du petit, et ne le touchera pas une
seule fois. On avait saccagé mon lien d’amour avec ma fille, cette
fois c'est mon mari qui en fait les frais. A voir son fils la larme
coule, mais pas une seule fois il ne le prendra dans ses bras.
Je
renvoie mon mari qui est visiblement épuisé, je bipe pour avoir mon
fils et enfin, enfin, nous sommes tous les deux. Pour de vrai.
Je
me dis que c'est fini. Ce qui est passé est passé. C'est assez
« drôle » de voir les similitudes d'avec la naissance de
sa sœur. Mais mon vécu est tout autre. J'étais ressortie de
l'accouchement de ma fille amoindrie, cette fois j'en ressors
renforcée.
A
vrai dire, c'est en l'écrivant que je me rends vraiment compte à
quel point mon projet de naissance à été saccagé. Sur le moment,
chaque déconvenue était comme un obstacle à surmonter ou à
intégrer point. Pas le temps de s'arrêter, pas le temps de geindre.
Ô bien sûr, j'ai imaginé un instant la maison de naissance, sa
lumière tamisée, ma sage femme et ses mots justes, le silence, le
recueillement peut-être, tous ces gens mobilisés à nous soutenir
moi et mon fils, prendre appui sur mon homme, sentir ses bras me
soutenir, faire naître mon fils dans la douceur et restés là, tous
les 3 à se découvrir. Oh oui je l'ai imaginé, ressenti même,
l'espace d'un instant pour en faire mon deuil.
Et
oui, à certains moment, je me suis vraiment demandé ce qui m'avait
pris de vouloir donner la vie comme ça et pas sous anesthésie, en
écartant les cuisses et en attendant qu'on fasse tout à ma place.
Mais
si je ne pouvais pas changer les éléments extérieurs, c'est
surtout moi et mon vécu qui m'ont occupé.
Bizarrement,
j'ai l'impression d'avoir quand même vécu la naissance que je
voulais parce que MOI je suis restée fidèle à moi-même et j'ai
réussi.
J'ai du endosser tous les rôles : celle qui accouche, surveiller les interventions médicales, m'auto-encourager, suivre l'évolution de l'accouchement. Mais j'ai réussi.
J'ai du endosser tous les rôles : celle qui accouche, surveiller les interventions médicales, m'auto-encourager, suivre l'évolution de l'accouchement. Mais j'ai réussi.
D'avoir
vécu cette naissance avec ma mère, ma mère qui à ce moment m'a si
bien comprise et soutenue, c'est quelque chose de beau également.
Donc
quand on me demande si mon accouchement s'est « bien passé »
et bien…. Je suis bien embêtée pour répondre.
Je
l'ai dit à mon fils :
« J'ai
essayé mon amour. J'aurais peut-être du me battre encore plus,
m'opposer peut-être. Mais j'ai essayé. Dans ce contexte qui n'était
pas celui que j'aurais voulu, j'ai gardé le cap, et je me suis
battue. Cette fois je ne me suis pas battue contre moi-même mais
pour rester en harmonie avec moi-même. Et j'ai réussi. Peu importe
ce qui s'est passé, j'ai tout donné pour t'offrir la naissance que
je voulais. Je n'ai pas pu changer le monde dans lequel tu viens de
naitre, mais je suis restée fidèle à moi-même et j'ai surmonté
tout ce que j'ai pu pour aller au bout. La vie de mère m'a
appris que la perfection n'est pas de ce monde. Peu importe,
maintenant tu restes avec moi. »
Oui,
pour une des rares fois de mon existence, et pardon si cela vous
paraît orgueilleux mais je sens que oui, j'ai été forte, à la
hauteur. Et ça change tout.
En
une journée seulement les puéricultrices ont pris la mesure de ma
maternité. Je suis louve. Je deviens vite la maman qui ne lâche pas
son bébé et qui passe son temps en peau à peau. Du coup le soir,
c'est avec appréhension que la puéricultrice vient me voir pour
m'annoncer une « pas très bonne nouvelle ». Ah ?.
Il est question de germe infectieux décelé à la prise de sang –
ok… - donc on bouge en pédiatrie – d'accord…. - observation de
48 h – bon…. - « On vous le ramènera pour les tétées ».
- ….. PARDON ?….. Là je comprends qu'on veut encore
m'enlever mon fils pour… 2 jours ! Hors de question. Si il
bouge, je bouge avec lui. « Je vais demander au pédiatre »
- (et ben amène moi le pédiatre, on va causer ! Louve je suis).
Finalement
on m'annonce que je bouge en pédiatrie avec mon fils. Et v'là
t'y pas qu'on me l'amène, relié à…. une couveuse ! Ooooooh
toi ! Toi ! Il ne manquait plus que toi au tableau tiens !
Finalement
il ne devra pas y rester. Juste si : « je veux le poser,
il faudra nous appeler.- Ne vous inquiétez pas, je ne vous appellerai
pas ». Regard étonné. Mais non, Raoudi n'a pas remis une
seule fois un orteil dans sa couveuse.
Nous
passons deux jours reliés à cette machine qui fait un boucan de
locomotive à vapeur par des capteurs, des électrodes, sans compter
les perfusions. Ma zone de vie se limitera à un mètre autour de
cette machine pendant 48 h. Mais dans cette zone : de l'amour,
de l'amour, de l'amour.
Le
personnel comprend petit à petit que je ne suis pas le genre de
maman qui attend qu'on lui prenne son bébé pour être tranquille.
Et au fur et à mesure, les soins se font de plus en plus dans ma
chambre même et en ma présence.
Et
le personnel est franchement bienveillant. Je parle de mon
co-allaitement, et n'ai que des retours positifs et enthousiastes.
Quand on me surprend en train de dormir avec mon fils en peau à
peau, le réflexe est de remonter la couverture sur mon bébé et de
poser un coussin sous mon bras. Au début je sens bien que le
personnel n'a pas beaucoup affaire à des mamans louves comme moi
mais au fil du temps, la complicité s'installe.
« Bonjour,
je viens nettoyer la couveuse » - Laisses tomber Marie, il
n'est jamais dedans »
« Ah
ben au moins Raoudi, on sait toujours où il est, pas besoin de le
chercher ! Toujours avec maman ! »
Certaines
viennent discuter avec moi, en toute sympathie.
Le
personnel, jusqu'aux employée sanitaires, est vraiment chouette et
respectueux avec ma façon de faire. Si on doit donner des soins et
que mon fils dort, on revient plus tard. Et dans la nursery une
musique douce apaise les bébés qui sont portés à bras ou en
écharpe par le personnel qui se relaye, même à l'heure des repas.
Je suis écoutée, conseillée au besoin, respectée. Rien à voir avec ce que j'avais vécu pour Minimog. L’hôpital est en démarche pour le label "Ami des bébés", cela ce sent.
Je suis écoutée, conseillée au besoin, respectée. Rien à voir avec ce que j'avais vécu pour Minimog. L’hôpital est en démarche pour le label "Ami des bébés", cela ce sent.
Je finis d'ailleurs par demander à une sage femme de garde pourquoi je n'ai pas pu aller en salle nature. On m'a argué que j'étais "trop avancée dans le travail" mais je m'étonne que l'on s'amuse à changer les mamans de salle en plein pendant leur accouchement pour une expulsion en position gynéco. « Ah mais pas du tout ! On peut accoucher en salle nature. Il y a même un lit qui permet aux mamans d'accoucher à 4 pattes ». Bon, c'est clair, je n'ai pas eu de bol.En fait j'ai l'impression d'être tombée sur la seule sage femme du service qui fonctionne encore de façon « archaïque ».
Ce
qui me fait quand même dire que les maisons de naissance ont un vrai
rôle à jouer dans l'accompagnement et le vécu des accouchements physiologiques et que tant que l'on installera de jolies salles
nature dans les hôpitaux sans former et sensibiliser TOUT le
personnel à l'accouchement naturel, ça restera un coup de poker
pour les mamans.
Comment
je vis ces quelques jours ? Dans l'apaisement le plus total. De
jour comme de nuit. Mon fils est à mon contact au moins les 2/3 de
ses journées et il ne pleure jamais. Il se laisse emporter
et soigner sans sourciller, ivre de tout ce contact dont il bénéficie
déjà et je le laisse se faire emmener sans angoisse, confiante dans ce que je lui apporte et dans le personnel. D'ailleurs, les puer
l'adorent, c'est un bébé bonheur.
Pas
facile avec les fils à la patte mais l'écharpe me sert quand même
bien pour allaiter. J'utilise aussi beaucoup la position BN pour le
stimuler au mieux et contrer mon REF qui se fait vite présent.
N'empêche,
la louve est en cage. Ma fille me demande tous les jours si le petit
frère a toujours ses fils et quand est-ce que je reviens. Les
séparations sont de plus en plus difficiles. Ma mère me dit qu'elle
fait des angoisses la nuit et même une passade de somnambulisme. Je
veux sortir. Je veux rentrer. Je veux surtout qu'on enlève cette
grosse boite qui ne sert à rien.
Heureusement,
j'ai une vue absolument sublime depuis ma fenêtre et l'automne est
encore magnifique.
Bouquet d'automne cueilli par ma fille. |
Le
lundi matin c'est le verdict ultime. La pédiatre en chef prend son
tour de garde et doit statuer sur le sort de mon fils. Elle entre,
petite, avare en parole, et me salue d'un « Jolie photo. »
(je suis en train de lire avec mon fils en écharpe) – ironique ou
sincère ? Elle est suivie d'une kyrielle de personnes en
blouses diverses. La puer
avance prudemment « ...On a pris sur nous de retirer la
couveuse mais… il n'est jamais dedans ». Pas de réponse. Mon
fils ne manque pas de lui faire pipi dessus pendant l'auscultation ce
qui provoque un mouvement général des internes qui se précipitent
pour lui tendre quelque chose. Elle n'en a cure. Je souris :
j'ai l'impression que la reine-mère en personne est penchée sur mon
fils. Puis elle lâche « Les résultats sanguins de ce matin
sont bons, il n'y a aucune origine connue et avérée de ce germe
infectieux, nous pouvons arrêter les antibiotiques. On ne va quand
même pas embêter un bébé qui va bien non ? »
Oh !
You said it darling !!
«
On va refaire un point dans deux jours…
-
Ce qui veux dire que je sors et que je reviens pour faire un point,
c'est ça ?;-)
-
…. Elle lève un sourcil - Nous verrons ce soir. »
Et
je sortirai comme prévu le mardi. Avec le sentiment d'avoir fait
mon devoir de mère.
Jusqu'au bout.
Jusqu'au bout.
Ton regard mon tout petit. Si pur, si innocent, si paisible. Ce regard que nos enfants portent sur le monde, ils ne l'auront plus jamais quand la vie aura fait son œuvre.
Au nom de ce regard, par respect pour lui, le combat que chaque mère mène pour une naissance respectueuse est un combat juste.
Pour que le regard de chaque nouveau né se porte sur un monde d'amour, de respect, de douceur et de conscience qui s'offre à lui.
Pour que le regard de chaque nouveau né se porte sur un monde d'amour, de respect, de douceur et de conscience qui s'offre à lui.
* à ce sujet j'ai été très éclairée par l'excellent livre de Maïtie Trelaün "Se préparer en couple à l’accouchement" qui comprend une partie sur les interventions médicales, leur
origine et leur efficacité (souvent relative voire pas avérée du tout il faut bien le dire).
Beaucoup de choses se bousculent en moi à la lecture de ce recit d'accouchement , c'est un temoignage fort , profond , qui reconnecte a la louve presente en chaque maman... Dans le fond , je me dis que cette louve une fois reveillée , ne nous quitte plus , chevillée qu'elle est à nos coeurs , corps , elle nous donne la force d'etre la mere que nous voulons etre pour nos enfants et c'est precieux surtout dans notre monde actuel.
RépondreSupprimerPaix , Joie et Bonheur à ta petite famille :)
Je partage totalement ton impression ("cette louve une fois reveillée , ne nous quitte plus , chevillée qu'elle est à nos coeurs , corps "). Je sens que ce que j'ai acquis à travers cette naissance va rester ancré et détermine déjà ma façon d'être mère avec mon fils.
SupprimerD'où l'importance de bien vivre les naissances de façon consciente et active d'ailleurs.
SupprimerSuperbe récit... très émouvant, très fort. Je regrette évidemment, à cette lecture, que tu n'aies pas pu faire ton projet tel que tu le souhaitais et j'avoue que je suis attérrée ton récit de l'aspect médical - c'est là que je réaliser que j'ai eu de la chance dans mon accouchement, et que j'ai évité cette déshumanisation... Mais que dire... YOU ARE A QUEEN !!! Tu t'es vraiment bien battue, tu as vraiment su conserver tout ce que tu as pu... Au final, c'est ce qui restera à "Raoudi". Je suis sûre que, même si ça agresse un peu les lumières, il a eu teeeeeellllement d'amour de sa maman louve que ça n'a pas dû le perturber plus que ça ! :-D Bon.. tu vois ce que je veux dire....
RépondreSupprimerC'était beau. Ça reste beau, grâce à ce que tu y a mis. Merci pour ce magnifique récit !
Ma mère appelle mon fils "Raoudi le bienheureux", ça en dit long. Et puis c'est déjà tellement positif par rapport à ce que j'ai vécu pour la puce. Ne serait-ce que le suivi post-partum même si pour l'accouchement je ne suis pas tombée sur la bonne personne. Je constate que les choses vont dans le bon sens. Et, j'en ai pas mal discuté avec le personnel pendant mon séjour, les choses avancent assez vite (pour le rythme français qui a du mal changer ses habitudes.... ^-^). Maintenant il me faut parvenir à transporter cet état d'esprit avec la grande.
SupprimerCela réveille quelques mauvais souvenirs de mon premier accouchement...sauf que la partie post accouchement a été moyenne aussi, le regard des puéricultrices étant moyennement bienveillant...on ne peut que s'insurger devant ce traitement de l'accouchement en France...bon heureusement maintenant tu vas être tranquille.
RépondreSupprimerTout d'abord félicitations à toi et bienvenu à Raoudi !
RépondreSupprimerC'est vraiment triste de voir ce manque d'humanité et de soutien dans ce moment qui renferme justement toute l'humanité possible. Ce flot de questions administrative est tout simplement incroyable !!!
Je suis très admirative de la capacité que tu as eu à aller jusqu'au bout malgré tout ça (et presque seule) !
Bravo à toi, c'est vrai que tu es très forte !
Mais pourquoi tout ce sang avant de partir à l'hôpital ? ta sage-femme n'a pas voulu courir le risque à cause de ce sang ? et pourquoi ta sage-femme n'a pas pu t'accompagner ?
J'espère aussi que tu nous diras comment réagit Minimog ?
Sinon, je serais curieuse de savoir si les accouchements respectés permettent effectivement aux bébés d'être plus serein ? Pour ma petite histoire, je suis très étonnée de la différence entre mon ainé, très nerveux depuis sa naissance et ma dernière qui est arrivé tout en douceur comme je le souhaitais (plus ou moins) et qui est sereine. il faudrait faire une étude la dessus :) à moins que cette étude existe déjà ?
Merci pour ce témoignage (j'attends ton article sur le continuum avec impatience ;)
Emilie
Cette force on l'a toutes en nous. J'ai surtout eu la chance de rencontrer les bonnes personnes qui m'ont permis de réveiller cette force et d'y croire.
SupprimerJe n'avais pas beaucoup de sang avant de partir à l'hopital, c'était bien tâché mais pas d'hémorragie.
Ma sage-femme m'A accompagné, comme elle a pu ! L’hôpital de chez mes parents n'est pas ouvert aux plateaux techniques et quand bien même, elle n'avait pas de convention avec eux pour y intervenir professionnellement. Sachant que mon mari risquait de ne pas être là, elle m'a avoué avoir hésité à venir m'épauler, ce que je trouve déjà formidable. Mais elle n'aurait pas trop su comment se positionner pendant l'accouchement et je le comprends. Elle s'est dit aussi qu'elle arriverait trop tard et c'était une forte possibilité. D'ailleurs ma mère m'avait embarqué mon portable sans le savoir et ma sage-femme a attendu de mes nouvelles toute la nuit et toute la journée. Elle avait demandé à ce que les sages-femmes qui m'accouchaient la tiennent au courant (mais bien sûr elles n'ont rien fait). Du coup c'est elle qui m'a appelé via l’hôpital sur le téléphone de ma chambre. Elle s'est aussi tapé plus d'une heure de route un vendredi soir pour venir me voir chez mes parents. Pour Minimog, les sages-femmes qui me œuvraient le village à côté du mien et je n'ai jamais eu de visites à domicile.
Minimog réagit très bien vis à vis de son petit frère. C'est une vraie mère poule avec lui. Par contre elle traverse les "habituelles" phase de régression et d'angoisse mais à la naissance du petit frère s'est ajouté le changement de lieu de vie, d'école, et l'absence de son papa pendant 3 semaines. Si je sors de son champ de vision 10 secondes je l'entends pleurer dans toute la maison et toutes les nuits elle se réveille en pleurant.
Ta dernière question me donne l'idée d'écrire un petit article sur les conséquences sur la maman et le bébé de l'accouchement physiologique. Oui il y a des têtes pensantes qui mentionnent les bienfaits de la naissance respectée (je pense à Leboyer qui en a fait son cheval de bataille) mais mon vécu suffit à me convaincre.
Pour le continuum, il faudra attendre un peu je crois. Je passe déjà beaucoup de temps sur l'ordi et j'aurais besoin de me poser un bon coup pour rédiger cet article. Donc pas avant mon retour à la maison je pense.
Great posst thankyou
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