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samedi 5 novembre 2016

Allaitement et reprise du travail

Je poste ici un témoignage que j'avais rédigé à l'occasion d'une réunion de la Leche League sur le thème "allaitement et travail" à laquelle je ne pouvais pas participer. J'ai depuis constaté que beaucoup de mamans angoissent et se posent un tas de question sur cette étape particulière dans leur allaitement ; c'est pourquoi je le reprends ici. Car j'ai eu la chance de réussir mon allaitement malgré une reprise rapide de mon emploi, à temps plein qui plus est, et je pense que c'est une chance qui est à la portée de beaucoup de mamans : contrairement à ce que certains disent, allaitement et travail ne sont en rien incompatibles.
Bien sûr il s'agit de mon expérience qui n'est pas universelle, mais qui j'espère, pourra tout de même éclairer d'autres mamans.

Vous trouverez néanmoins plein d'infos sûres et objectives sur le site de la LLL ici 

LM = lait maternel, LEP = lait en poudre

« Je culpabilise »

Pour beaucoup de mamans, le premier conseil que je voudrais donner c'est : déculpabilisez ! Je sens beaucoup de mamans qui culpabilisent avant la reprise du travail. Je vous comprend : n'ayant pas l'âme d'une mère au foyer, j'étais impatiente de reprendre le travail et arrivée à l'échéance, je me sentais mal, je ne voulais plus me séparer de ma fille. Mais aujourd'hui je suis contente. Je n'aime pourtant pas mon boulot qui n'a rien de valorisant ni d’intéressant, mais ça me fait voir du monde, ça me change les idées, et je suis encore plus heureuse de revoir ma fille le soir. Les jours noirs, ce n'est pas elle qui est la cause de mon tourment mais mon remède. J'arrive chez la nounou, elle sourit en me voyant et j’oublie tout. J'ai trouvé mon équilibre avec ma fille en retravaillant, car je l'avoue, de passer mes journées à la maison seule avec elle ça me rendait dingue et pour moi, le travail et le maternage ne sont pas incompatibles: je n'ai pas ma fille le matin, je rentre à la maison à 18h45 voir plus tard, et pourtant je porte, j’allaite, je signe, je me lève la nuit. Ce que vous perdez en temps, vous le gagnez en intensité.
J'ai petit à petit trouvé mon rythme, par exemple : je me sers de ma pause de midi pour faire ce que j'ai du mal à faire à la maison (courrier, comptes, etc.), comme ça quand je rentre, je peux être pleinement avec ma fille.
Vous avez fait le choix de travailler (car c'est toujours un choix : même si vous avez peu de moyens et que vous vous sentez « obligée », vous faites le choix de travailler), c'est votre droit, assumez-le et parlez-en à votre enfant :je vous jure que ça marche!. Ma reprise du travail ne s'est pas passée comme prévue et je l'ai mal vécue. Qui plus est Minimog me boudait ostensiblement, et j’essayais de cacher mon tourment. Quand j'ai enfin sorti ce que j'avais sur le cœur, elle a repris contact avec moi et ce fut un immense soulagement.
Si vous avez vraiment du mal, je vous conseille le livre « Maman, je ne veux pas que tu travailles ! » d'Anne-Marie et Isabelle Filliozat.

« Au secours, je tire pas assez ! »

Laissez de côté les chiffres !
Quand vous allaitiez à la maison vous n'aviez que faire de savoir « combien prends votre enfant ?? ». Il prend ce dont il a besoin. Avec le tire-lait, vous tombez dans le syndrome « biberon » de la transparence, et de la mesure. Je vois ce que je tire, donc je calcule. Laissez-tomber. Continuez à faire confiance à votre enfant, il prendra ce qu'il veut. Bien sûr il le prendra peut-être la nuit et se réveillera plus souvent, mais il prendra. Pour ma part, je ne vois pas Minimog le matin mais d'elle-même, elle a commencé à se réveiller vers 6-7h (ce qu'elle ne faisait pas avant), ce qui correspond au créneau où je suis réveillée mais pas encore partie. Du coup elle a sa tétée du matin ! Et ça s'est fait naturellement.
Certaines ne tireront pas beaucoup, d'autres auront du mal à avoir l'autorisation de tirer leur lait. Faites ce que vous pouvez, continuer de mettre votre enfant au sein à la demande : ce faisant vous continuez à dire à votre corps qu'il doit produire de quoi nourrir votre enfant et vous continuerez d'allaiter.
Et si vraiment ça ne marche pas ? Et si vous n'avez plus de lait ? (ce dont franchement je doute) et bien vous aurez tout fait et vous serrez sûrement plus apaisée que si vous aviez sevré l'enfant sans même avoir essayer. 

J'ajoute que beaucoup de mamans paniquent quand elles tirent à la maison. Évidemment, vos seins sont vidés par l'enfant ! Quand vous serez au travail, croyez moi vous tirerez plus. Surtout au début quand les montées de lait se font toutes seules, c'est plutôt un soulagement de vider ses seins !

Oui mais moi j'aime pas le tire-lait !
 
Ça, ça revient aussi super souvent. La machine à la place de l'enfant, c'est pas agréable, on est d'accord. Mais si au lieu de le voir comme un « moins bien » vous le voyiez comme un « plus » ?
C'est cette machine qui vous permettra de continuer à allaiter, ce qui en fait un allié précieux. Quand on tire son lait loin de l'enfant, c'est l'occasion d'avoir une petite pensée pour lui/elle. D'ailleurs ça aide à tirer son lait ! Imaginez vous en train de l'allaiter, ça n'en sera que bénéfique. Vous trouverez petit à petit comment rendre ce moment le plus agréable possible. Pour ma part, je lis, ce que je n'ai pas trop le temps de faire à la maison. Et c'est devenu une pause très agréable.
Et si vous avez l'impression d'être « une vache », demandez vous ce qu'il y a de dégradant la dedans.

Et si votre tire lait vous fait mal, c'est peut-être qu'il est inadapté : téterelles trop grandes ou mal postionnées, force de pompage trop rapide ou intense, etc. 

"Préparer l'enfant au biberon"

A mon avis c'est inutile. 
Je dois dire que Minimog a bu mon lait au biberon très tôt. 3 semaines après l'accouchement je m'étais autorisée un break hebdomadaire pour continuer à suivre des cours de japonais, c'est donc le papa qui biberonnait en mon absence. Je n'ai jamais eu d'histoire de confusion sein/tétine. Il s'agissait d'un seul biberon par semaine et ça n'a jamais eu d'impact négatif sur mon allaitement. Ce qui ne veut pas dire que ça n'en a chez personne, ça je ne saurais le garantir. J'ai déjà vu passer des témoignages de mamans dont les enfants refusaient apparemment catégoriquement le biberon. Mais ça n'aura pas forcément un impact désastreux sur votre allaitement.

En tous cas, quelque soit votre cas, le point qui me semble essentiel c'est de ne pas donner de biberons inutiles à votre enfant, et surtout pas vous-mêmes. Bébé comprendra très bien que sans maman - pas de tétée. Et même si c'est frustrant, les bébés se laissent rarement mourir de faim. Par contre il comprendra beaucoup moins pourquoi maman est là avec le sein à portée de bouche et qu'à la place elle donne le machin en plastique. vous risquez de l'embrouiller en effet !
Profitez plutôt de vos derniers jours avec lui sans mettre ce truc entre vous. 

Un petit plus : téter au sein demande plus d'effort que le biberon, donc évitez les tétines à gros débit. Vous pouvez prendre des tétines pour nourrissons par exemple, ou si vous avez des tétines à débit variables, dites à la nounou/crèche de rester au plus faible. 

Il existe aussi des alternatives au biberon comme la cuillère ou le verre.

Avec la nounou/crèche 
 
Étape 1, le choix de la nounou/crèche. Parlez-en dès l'entretien d'embauche et dites que vous allaitez. Si la personne semble se braquer, approfondissez : parfois les gens sont réfractaires simplement parce qu'ils ne savent pas faire (ma nounou, 30 ans de garde d'enfant, je suis sa première maman allaitante! Elle a cependant accueilli mon choix tout naturellement) . Prenez le temps de leur expliquer, d'en discuter.
Imprimez la page du site LLL sur la conservation du LM à la personne qui garde votre enfant si elle n'est pas habituée à en donner. Et dites lui bien que – à l'inverse du LEP - il ne se réchauffe pas au micro-onde et le lait non consommé peut se boire plus tard (dans la limite des durées de conservation évidemment). Préciser aussi que les dépôts blancs qui se forment dans le lait qui stagne sont NORMAUX (ma mère croyait que mon lait avait tourné ^_^).
Si vraiment la personne est opposée, laissez tomber. De la bouche même de ma nounou ça n'a rien de contraignant, et si elle rechigne pour ça elle rechignera sûrement pour d'autres choses. Or la confiance c'est l'élément essentiel pour votre relation à la personne à qui vous confiez votre enfant tous les jours.
Logiquement en crèche c'est possible aussi, on vous demandera simplement de libeller et de dater vos récipients.

L’heure d'allaitement 
 
concernant la fameuse heure d'allaitement, je vous conseillerais de ne pas la demander si vous pouvez faire autrement. Pour ma part, je bosse dans la fonction publique, quand j'ai repris le travail j'étais toujours en période d'essai et à mon retour de congé maternité, on m'avait changée de service dans un endroit que je ne connaissais pas. La dernière chose dont j'avais envie c'était de débarquer pour mon premier jour en disant : « je peux avoir un heure de travail en moins pour tirer mon lait ? ». A la place j'ai demandé comment se passaient les pauses, on m'a dit que je faisais comme je voulais tant que je n'abusais pas du coup je prends 2 pauses de 15 minutes environ pour tirer mon lait... Et personne n'a jamais rien dit.

Donner du LEP  / allaitement mixte

Avoir donné du LEP à mon bébé est un choix que j'assume totalement. D'ailleurs ça ne me semblait pas vraiment un choix. Je tirais autant que faire ce peut au travail, je tirais d'ailleurs de belles quantités. J'ai essayé au début de tirer encore une fois le soir mais honnêtement, après ma journée j'étais épuisée, j'avais surtout envie d'aller dormir et je ne tirais de toutes façons pas grand chose. Je ne vois pas ce que j'aurais pu faire de plus. Sauf qu'elle réclamait un biberon de plus à la nounou et elle n'a voulu boire que du lait pendant longtemps, ni eau, ni jus de fruit. Ma fille a donc eu du LEP pendant un temps... Et elle n'en est pas morte.
J'avais pris un lait bio certifié AB, sans taurine, coprah ou huile de palme (le seul que j'ai pu trouver) et pas beaucoup plus cher qu'un lait de base. Ça me dépannait aussi les jours où je n'avais pas pu tirer mon lait (genre, j'oubliais un élément du tire lait à la maison). 

2 conseils cependant : 
- votre lait doit rester prioritaire, inutile d'ajouter un biberon à la maison et demander la nounou/crèche de donner d'abord votre lait et de ne compléter que si c'est nécessaire. En fait le LEP ne doit pas remplacer le lait que vous pourriez donner.
- rappeler bien à la nounou/crèche de ne pas jeter le LM non bu dans un biberon, cela permettra de ne pas gâcher votre lait. 

Certaines mamans n'en ont pas besoin ou ont des enfants souffrant d'intolérance alimentaires et qui ne supportent pas le LEP, ou qui simplement n'aime pas son gout. 
en tous les cas, si vous pouvez vous en passer : passez vous en ! Mais si vous pensez en avoir besoin, ça ne tuera pas votre allaitement si c'est "bien" fait. 

En trois mots 

Dédramatisez la situation : On vous a sûrement dit plein de fois qu'allaiter c'était dur et tout et tout, vous avez fait quand même et vous y êtes arrivée, ce n'est qu'une autre étape.
Déculpabilisez avec vous même : vous êtes mamans mais aussi femmes, travailler est votre droit et vous faites ce que vous pouvez pour conjuguer toutes les vies que vous avez en une seule, cela mérite le respect et pas des remontrances.
Faites confiance à votre enfant. Encore et toujours. 


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