Je
poste ici un témoignage que j'avais rédigé à l'occasion d'une réunion
de la Leche League sur le thème "allaitement et travail" à laquelle je
ne pouvais pas participer. J'ai depuis constaté que beaucoup de mamans
angoissent et se posent un tas de question sur cette étape particulière
dans leur allaitement ; c'est pourquoi je le reprends ici. Car j'ai eu
la chance de réussir mon allaitement malgré une reprise rapide de mon
emploi, à temps plein qui plus est, et je pense que c'est une chance qui
est à la portée de beaucoup de mamans : contrairement à ce que certains
disent, allaitement et travail ne sont en rien incompatibles.
Bien sûr il s'agit de mon expérience qui n'est pas universelle, mais qui j'espère, pourra tout de même éclairer d'autres mamans.
Vous trouverez néanmoins plein d'infos sûres et objectives sur le site de la LLL ici
LM = lait maternel, LEP = lait en poudre
« Je culpabilise »
Pour
beaucoup de mamans, le premier
conseil que je voudrais donner c'est : déculpabilisez ! Je
sens beaucoup de mamans qui culpabilisent avant la reprise du
travail. Je vous comprend : n'ayant pas l'âme d'une mère au
foyer, j'étais impatiente de reprendre le travail et arrivée à
l'échéance, je me sentais mal, je ne voulais plus me séparer
de ma fille. Mais aujourd'hui je suis contente. Je n'aime pourtant pas
mon boulot qui n'a rien de valorisant ni d’intéressant, mais ça
me fait voir du monde, ça me change les idées, et je suis encore plus
heureuse
de revoir ma fille le soir. Les jours noirs, ce n'est pas elle qui
est la cause de mon tourment mais mon remède. J'arrive chez la
nounou, elle sourit en me voyant et j’oublie tout. J'ai trouvé mon
équilibre avec ma fille en retravaillant, car je l'avoue, de passer mes
journées à la maison seule avec elle ça me rendait dingue et pour moi,
le travail
et le maternage ne sont pas incompatibles: je n'ai pas
ma fille le matin, je rentre à la maison à 18h45 voir plus tard, et
pourtant je porte, j’allaite, je signe, je me lève la nuit. Ce que
vous perdez en temps, vous le gagnez en intensité.
J'ai petit à petit trouvé mon rythme,
par exemple : je me sers de ma pause de midi pour faire ce que j'ai
du mal à faire à la maison (courrier, comptes, etc.), comme ça
quand je rentre, je peux être pleinement avec ma fille.
Vous avez fait le choix de travailler
(car c'est toujours un choix : même si vous avez peu de moyens
et que vous vous sentez « obligée », vous faites le
choix de travailler),
c'est votre droit, assumez-le et parlez-en à votre enfant :je
vous jure que ça marche!. Ma reprise du travail ne s'est pas passée
comme prévue et je l'ai mal vécue. Qui plus est Minimog me boudait
ostensiblement, et j’essayais de cacher mon tourment. Quand j'ai
enfin sorti ce que j'avais sur le cœur, elle a repris contact avec
moi et ce fut un immense soulagement.
Si vous avez vraiment du mal, je vous
conseille le livre « Maman, je ne veux pas que tu
travailles ! » d'Anne-Marie et Isabelle Filliozat.
« Au secours, je tire pas
assez ! »
Laissez de côté
les chiffres !
Quand vous allaitiez à la maison vous
n'aviez que faire de savoir « combien prends votre enfant ?? ».
Il prend ce dont il a besoin. Avec le tire-lait, vous tombez dans le
syndrome « biberon » de la transparence, et de la mesure.
Je vois ce que je tire, donc je calcule. Laissez-tomber. Continuez à
faire confiance à votre enfant, il prendra ce qu'il
veut. Bien sûr il le prendra peut-être la nuit et se réveillera
plus souvent, mais il prendra. Pour ma part, je ne vois pas Minimog
le matin mais d'elle-même, elle a commencé à se réveiller vers
6-7h (ce qu'elle ne faisait pas avant), ce qui correspond au créneau
où je suis réveillée mais pas encore partie. Du coup elle a sa
tétée du matin ! Et ça s'est fait naturellement.
Certaines ne tireront pas beaucoup,
d'autres auront du mal à avoir l'autorisation de tirer leur lait.
Faites ce que vous pouvez, continuer de mettre votre enfant au sein à
la demande : ce faisant vous continuez à dire à votre corps
qu'il doit produire de quoi nourrir votre enfant et vous continuerez
d'allaiter.
Et si vraiment ça ne marche pas ?
Et si vous n'avez plus de lait ? (ce dont franchement je doute)
et bien vous aurez tout fait et vous serrez sûrement plus apaisée
que si vous aviez sevré l'enfant sans même avoir essayer.
J'ajoute que beaucoup de mamans
paniquent quand elles tirent à la maison. Évidemment, vos seins
sont vidés par l'enfant ! Quand vous serez au travail, croyez
moi vous tirerez plus. Surtout au début quand les montées de lait
se font toutes seules, c'est plutôt un soulagement de vider ses
seins !
Oui mais moi j'aime pas le
tire-lait !
Ça, ça revient aussi super souvent. La machine à la place de l'enfant,
c'est pas agréable, on est d'accord. Mais si au lieu de le voir
comme un « moins bien » vous le voyiez comme un
« plus » ?
C'est cette machine qui vous permettra
de continuer à allaiter, ce qui en fait un allié précieux. Quand
on tire son lait loin de l'enfant, c'est l'occasion d'avoir une
petite pensée pour lui/elle. D'ailleurs ça aide à tirer son lait !
Imaginez vous en train de l'allaiter, ça n'en sera que bénéfique.
Vous trouverez petit à petit comment rendre ce moment le plus
agréable possible. Pour ma part, je lis, ce que je n'ai pas trop le
temps de faire à la maison. Et c'est devenu une pause très
agréable.
Et si vous avez l'impression d'être
« une vache », demandez vous ce qu'il y a de dégradant
la dedans.
Et
si votre tire lait vous fait mal, c'est peut-être qu'il est inadapté :
téterelles trop grandes ou mal postionnées, force de pompage trop rapide
ou intense, etc.
"Préparer l'enfant au biberon"
A mon avis c'est inutile.
Je
dois dire que Minimog a bu mon lait au biberon très tôt. 3 semaines
après l'accouchement je m'étais autorisée un break hebdomadaire pour
continuer à suivre des cours de japonais, c'est donc le papa qui
biberonnait en mon absence. Je n'ai jamais eu d'histoire de confusion
sein/tétine. Il s'agissait d'un seul biberon par semaine et ça n'a
jamais eu d'impact négatif sur mon allaitement. Ce qui ne veut pas dire
que ça n'en a chez personne, ça je ne saurais le garantir. J'ai déjà vu
passer des témoignages de mamans dont les enfants refusaient apparemment
catégoriquement le biberon. Mais ça n'aura pas forcément un impact désastreux sur votre allaitement.
En
tous cas, quelque soit votre cas, le point qui me semble essentiel
c'est de ne pas donner de biberons inutiles à votre enfant, et surtout
pas vous-mêmes. Bébé comprendra très bien que sans maman - pas de tétée.
Et même si c'est frustrant, les bébés se laissent rarement mourir de
faim. Par contre il comprendra beaucoup moins pourquoi maman est là avec
le sein à portée de bouche et qu'à la place elle donne le machin en
plastique. Là vous risquez de l'embrouiller en effet !
Profitez plutôt de vos derniers jours avec lui sans mettre ce truc entre vous.
Un
petit plus : téter au sein demande plus d'effort que le biberon, donc
évitez les tétines à gros débit. Vous pouvez prendre des tétines pour
nourrissons par exemple, ou si vous avez des tétines à débit variables,
dites à la nounou/crèche de rester au plus faible.
Il existe aussi des alternatives au biberon comme la cuillère ou le verre.
Avec la nounou/crèche
Étape 1, le choix de la nounou/crèche.
Parlez-en dès l'entretien d'embauche et dites que vous allaitez. Si
la personne semble se braquer, approfondissez : parfois les gens
sont réfractaires simplement parce qu'ils ne savent pas faire (ma
nounou, 30 ans de garde d'enfant, je suis sa première maman
allaitante! Elle a cependant accueilli mon choix tout naturellement)
. Prenez le temps de leur expliquer, d'en discuter.
Imprimez la page du site LLL sur la
conservation du LM à la personne qui garde votre enfant si elle
n'est pas habituée à en donner. Et dites lui bien que – à l'inverse
du LEP - il ne se réchauffe pas au micro-onde et le lait non
consommé peut se boire plus tard (dans la limite des durées de
conservation évidemment). Préciser aussi que les dépôts blancs
qui se forment dans le lait qui stagne sont NORMAUX (ma mère croyait
que mon lait avait tourné ^_^).
Si vraiment la personne est opposée,
laissez tomber. De la bouche même de ma nounou ça n'a rien de
contraignant, et si elle rechigne pour ça elle rechignera sûrement
pour d'autres choses. Or la confiance c'est l'élément essentiel
pour votre relation à la personne à qui vous confiez votre enfant
tous les jours.
Logiquement en crèche c'est possible
aussi, on vous demandera simplement de libeller et de dater vos
récipients.
L’heure d'allaitement
concernant la fameuse heure
d'allaitement, je vous conseillerais de ne pas la demander si vous
pouvez faire autrement. Pour ma part, je bosse dans la fonction
publique, quand j'ai repris le travail j'étais toujours en période d'essai et à mon retour de
congé maternité, on m'avait changée de service dans un endroit que je
ne connaissais pas. La dernière chose dont j'avais envie c'était de
débarquer pour mon premier jour en disant : « je
peux avoir un heure de travail en moins pour tirer mon lait ? ».
A la place j'ai demandé comment se passaient les pauses, on m'a dit
que je faisais comme je voulais tant que je n'abusais pas du coup je
prends 2 pauses de 15 minutes environ pour tirer mon lait... Et
personne n'a jamais rien dit.
Donner du LEP / allaitement mixte
Avoir
donné du LEP à mon bébé est un choix que j'assume totalement.
D'ailleurs ça ne me semblait pas vraiment un choix. Je tirais autant que
faire ce peut au travail, je tirais d'ailleurs de belles quantités.
J'ai essayé au début de tirer encore une fois le soir mais honnêtement,
après ma journée j'étais épuisée, j'avais surtout envie d'aller dormir
et je ne tirais de toutes façons pas grand chose. Je ne vois pas ce que
j'aurais pu faire de plus. Sauf qu'elle réclamait un biberon de plus à
la nounou et elle n'a voulu boire que du lait pendant longtemps, ni eau, ni jus de fruit. Ma fille a donc eu du LEP pendant un temps... Et elle n'en est pas morte.
J'avais pris un lait bio certifié AB, sans taurine, coprah ou
huile de palme (le seul que j'ai pu trouver) et pas beaucoup plus cher qu'un
lait de base. Ça me dépannait aussi les jours où je n'avais pas pu
tirer mon lait (genre, j'oubliais un élément du tire lait à la maison).
2 conseils cependant :
-
votre lait doit rester prioritaire, inutile d'ajouter un biberon à la
maison et demander la nounou/crèche de donner d'abord votre lait et de
ne compléter que si c'est nécessaire. En fait le LEP ne doit pas
remplacer le lait que vous pourriez donner.
- rappeler bien à la nounou/crèche de ne pas jeter le LM non bu dans un biberon, cela permettra de ne pas gâcher votre lait.
Certaines
mamans n'en ont pas besoin ou ont des enfants souffrant d'intolérance
alimentaires et qui ne supportent pas le LEP, ou qui simplement n'aime
pas son gout.
en
tous les cas, si vous pouvez vous en passer : passez vous en ! Mais si
vous pensez en avoir besoin, ça ne tuera pas votre allaitement si c'est
"bien" fait.
En trois mots
Dédramatisez la situation : On
vous a sûrement dit plein de fois qu'allaiter c'était dur et tout
et tout, vous avez fait quand même et vous y êtes arrivée, ce
n'est qu'une autre étape.
Déculpabilisez
avec vous même :
vous êtes mamans mais aussi femmes, travailler est votre droit et vous
faites ce que vous pouvez pour conjuguer toutes les vies que vous avez
en une seule, cela mérite le respect et pas des remontrances.
Faites confiance à votre
enfant. Encore et toujours.
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