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dimanche 12 juin 2016

La découverte du corps

J'ai envie aujourd'hui d'aborder un sujet délicat. j'ai envie de vous parler du corps de nos enfants et de leur sexualité. Un sujet dont on parle peu même entre nous, un sujet dont on parle toujours avec gêne.  J'ai eu l'occasion d'aborder un peu ce sujet avec d'autres mamans, en privé, et j'ai envie d'en parler avec vous  pour faire tomber un peu les tabous, pour essayer de rendre ça plus léger.

Quand j'ai su que j'attendais un garçon, j'ai paniqué. Pire que ça, le monde a basculé.  Pour que vous compreniez mieux ce que j'ai pu ressentir, je dois d'abord vous dire que depuis mon enfance mes rencontres avec l'autre sexe ont rarement été bienveillantes. Devoir un prendre soin d'un corps différent du mien, élevé un garçon me semblait le bout du monde.

Et puis ce petit gars est arrivé et au final les choses se sont faites assez simplement. Par contre il y a une chose qui me tenait à coeur, c'est de ne pas faire peser sur lui mes propres casseroles,il n'est pas moi.   Comme toute mère, j'ai envie de voir mon enfant épanoui.

Je l'ai caliné, embrassé, mordillé même en jouant, j'ai changé ses couches avec autant d'attention et de tendresse que si il c'était agit d'une petite fille. Parce que ça me semblait normal. Le contact, le toucher est important, il aide à prendre conscience de son corps, a ne pas avoir de tabous.

Et puis il y a eu cette fois où pendant une tétée, il a eu une érection. Cette fois où, il est venu mettre sa main dans mon soutien gorge.

Soyons clair, les actes déplacés ne viennent pas des enfants. Et le nombre d'érections pendant les tétées, les changes, les simples câlins sont aussi importants que les manifestations sexuelles non visible chez les petites filles.

Le problème c'est qu'on mets tout dans le même sac. Sexualité des enfants, sexualité des adultes, sexualité de seniors. Alors que non, ça n'a rien a voir. Pour les enfants, il n'y a rien de sale, de pervertis, de malsain. C'est tout aussi plaisant que de découvrir ses narines ou ses orteils.

J'ai donc essayé de replacer les choses dans leur contexte (avec un peu d'aide parce que pour moi c'est un peu lourd à porter tout ça). Je crois que si on veut pour nos enfants, une sexualité "saine"  et épanouie, il nous faut avant tout être clair avec eux.

Aujourd'hui quand mon fils me demande une tétée, ou essaie de glisser sa petite main,je sais que ce dont il a besoin c'est d'un vrai contact. Alors je lui propose un câlin. Un vrai câlin, dans les bras l'un de l'autre, un câlin qui lui permets de sentir ma peau, mon odeur, ma présence. Et ça suffit. Je n'ai pas eu besoin de dire qu'"on ne fait pas ces choses là", et donc d'induire que  toucher l'autre ne se fait pas, le fait de le prendre contre moi à fait disparaitre le geste.

Zezette, nenette, zizi, zigounette, oiseau.... ils sont bien mignons ces petits noms mais si il cherche à rendre mignonne la réalité, il dévoile  un malaise. J'ai eu du mal à dire le mot "Pénis",  "zizi" est encore souvent utilisé. Je pense qu'utiliser le terme adéquat aide aussi l'enfant à comprendre son corps et en s'en faire une image. Médor n'est pas un chienchien ou un toutou, ni un ouafouaf, un pénis n'est pas une zigounette, un zizi ou autre chose. Pourquoi avoir du mal à dire ces mots à nos enfants??( question rhétorique hein...!)

Depuis peu, j'ai eu le droit à toute une floppée de remarques du type "Maman...regarde, il est tout dur....pourquoi??" ou alors...
 "mamaaaaaaaaannnnnn il est  tout écrasééééé!
-qu'est ce qui est écrasé mon chéri?
-Mon ziziiiiii!!!!!
-Ou ça?
-lààààààààààà!!!!
-Oh ça mon chéri ce sont tes testicules, elles ont un aspect tout à fait normal "

Alors j'ai réinstallé un miroir dans notre nouvelle salle de bain pour qu'il puisse s'observer, je lui ai mis à disposition des livres sur le corps, et il s'est remis à  la mise en paire d'animaux selon le critère male-femelle. Pour ce qui est de répondre à ces questions quand je sens de l'inquiétude (comme le coup des testicules) je rassure et sinon et bien je lui demande ce qu'il en pense, puisque ce qu'il cherche n'est qu'une confirmation. le principe d'action-réaction est tout à fait acquis a ce niveau même s'il peut rester surprenant. "oh ça le fait a chaque fois"

Vous vous doutez bien qu'a ces remarques s'associent des gestes. C'est là qu'apparait la notion d'intimité qui est si importante  pour apprendre à se respecter et à respecter les autres. Je n'interdis pas à mon fils de se caresser, comme je ne lui interdis pas de toucher une quelconque partie de son corps. le lui interdire serait considérer qu'il s'agit d'une chose sale. Mettre son doigt dans son nez, se faire mettre les doigts du dentiste dans la bouche, ou se mettre le doigt dans l'oreille n'est pas sale. toucher son sexe non plus. MAIS, on le fait quand on est seul, dans sa chambre par exemple.

Ce matin encore je le rappelle à mon fils. Il me répond " alors tu me laisses" maman, pour entendre quelques minutes après "mamaaaannn, tu peux venir!!!!!"

Il va falloir penser à la prochaine étape: la discrétion :-)


Le commentaire de Maman'dala :

C'est en effet un sujet délicat que Charlie a choisi d'aborder et pourtant nous y sommes toutes confrontées.... Peut-être plus tôt que l'on ne s'y attend. Quand ça nous est tombé dessus avec Minimog, d'une manière un peu inattendue qui plus est, nous nous sommes retrouvés un peu démunis.
Prendre du plaisir avec son corps est très mal vu dans notre société, c'est considéré au mieux comme gênant, au pire comme pervers. Et pourtant c'est un apprentissage normal et je pense que nombre de femmes (et d'hommes ?) connaissent une sexualité difficile parce que le rapport à leur corps a été conditionné par ces tabous et par un rapport avec d'autres personnes elles aussi conditionnées par ces tabous. Tabous, qui, paradoxalement, viennent selon moi du fait que l'on sur-sexualise le corps.
Mais bien que nous soyons convaincus de l'innocence et de la normalité de la sexualité naissante des enfants, il nous a été difficile de nous positionner.
Déjà par rapport à nous-mêmes. Mon mari a cessé de donner des bains à sa fille vers 4 mois parce que le fait d'avoir à laver ses parties génitales le gênait de plus en plus à mesure qu'elle grandissait. Il a refusé aussi pendant très longtemps que sa fille puisse le voir nu. Et je ne vous dis pas mon malaise la première fois que j'ai du rabattre une couche sur la première érection de mon fils que j'avais moi-même provoquée pendant les soins.
Et puis, qu'on l'approuve ou non, nos enfants vivent dans une société qui a ses règles, ses codes... et ses risques. Très honnêtement les photos des hippies qui se baignaient nus dans les rivières de Woodstock me donnent un goût de jardin d'Eden mais pour autant je n'ai jamais osé le faire parce qu'on est PAS au jardin d'Eden justement.
Donc pour nous le problème était : comment lui faire comprendre que ce qu'elle fait est gênant, sans lui donner l'idée que c'est mal.
Nous avons alors suivi le conseil de Charlie : de dire à notre fille qu'il y a certaines choses qu'elle pouvait faire, mais seule. C'est ainsi que la notion "d'intimité" a fait irruption dans notre vocabulaire. Pas évident à faire comprendre à un bambin mais nous n'avons pas trouvé mieux depuis 18 mois. Toucher sa zézette (chez nous c'est "zézette" et "zizi" - je comprends totalement l'argument des mots vrais, j'y travaille, mais en même temps je parle rarement de mon "vagin" pendant une discussion... à 33 ans je dis encore zézette... que voulez vous les tabous ont la vie dure) c'est permis mais dans l'intimité et aussi, il n'y a que soi-même qui puisse tripoter son propre sexe (sauf maman quand elle aide à laver, mais dans ce cas je lui demande si je peux). A dire vrai, considérant qu'elle jouera sûrement "au docteur" avec des copains un jour, je devrais plutôt dire qu'il n'y a qu'elle qui puisse décider de qui, quand, et comment on a le droit de toucher son sexe. Rectification que j'opérerai quand j'en aurais l'occasion d'ailleurs, tiens !
Mais c'est un sujet que je trouve assez difficile à traiter pour maintenir l'équilibre du respect de soi, et d'autrui, entre découverte personnelle et tabous sociétaux.

Et pour l'anecdote légère, ma fille suit très bien la consigne "toute seule", mais je me suis déjà fait jetée de mon propre salon parce que : "comme ça tu me vois pas maman". Donc pour nous la prochaine étape c'est "toute seule.... dans ta chambre" ^_^






6 commentaires:

  1. Merci pour cet article! j'ai une fille de 22 mois, je me retrouve confrontée au problème de l'appellation de son sexe. Pour l'instant un petit nom "global" a été choisi, et elle sait déjà que filles et garçons sont pourvus différemment. Elle est curieuse de se découvrir (pas évident quand un gros ventre cache la zone en vue plongeante), il y a un peu d'exploration manuelle... Pour l'instant la notion de "fais-ça en privé" serait incompréhensible. Là où ça va se compliquer c'est quand je donnerai le nom exact de son sexe de fille. Parce que pénis et testicules, je trouve ça assez simple (2 mots) et puis c'est bien visible mais pour une fille cela donne : pubis, vulve, vagin et clitoris et les deux derniers sont bien cachés!! Beaucoup de mots, et beaucoup de géographie en perspective...

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  2. Merci de ton témoignage!La notion d'intimité je l'ai introduite plus tard en effet, aux alentours des 30 mois et il a très bien compris ce que ça signifiait. Le plus important étant comme a chaque fois, de suivre ses enfants!Je pense qu'a ce stade, mais ce n'est que mon avis, il ne faut pas rentrer dans les détails morphoogique. ce serait dépasser ses préoccupations. Le sexe féminin est la vulve. Le pubis, homme et femme en ont un (c'est un os)le vagin et le clitoris font partie de la vulve. Tout comme les lèvres, le méat urinaire et tutti quanti. Chaque chose en son temps, les questions je pense viendront bien assez rapidement! Quant au caractère caché de ses organes, les phases d'exploration servent à ça, et à 22 mois on est loin d'en arriver là, donc reste simple et tout ira bien! Tient nous au courant en tuot cas!

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  3. Ça me rassure un peu votre article car j'ai toujours dit à mon fils ( 3 ans et demi aujourd'hui) qu'il pouvait se toucher mais tout seul.
    La plupart de nos amis qui ont des garçons surtout passent leur temps à leur dire d'arrêter ça immédiatement ou pire des remarques du genre " il va pas s'en aller !". Bref ça ne les arrête pas du tout, bien au contraire,donc je leur ai conseillé ce qu'on a fait car notre fils l'a très vite compris et nous n'avons jamais eu ce problème mais ils nous ont répondu que ça faisait très pervers !!!
    Très tabou effectivement.
    Jai toujours eu pour principe de dire les vrais mots mais comme Mamandala pour ca j'utilise "zizi" ^^.

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    1. pervers...n'est pas lus pervers au final de faire croire à l'enfant qu'il fait quelque chose de mal quand au final c'est uniquement nous que ça dérange? C'est difficile d'accepter que nos enfants soient dotés d'une sexualité (tout comme nos parents d'ailleurs).Je pense qu'utiliser des termes imagés ou "mignons" comme zizi, n'est pas si important en soi à partir du moment où l'on est honnête. Mieux vaut un "zizi" prononcé naturel, qu'un "pénis" ou "verge" dit avec dégout!

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  4. Ici aussi on utilise les mots vrais, mais ayant filles et garçons à la maison c'était plus simple pour moi de n'avoir qu'un mot dans mes consignes. J'utilise donc "sexe". Comme dans "savonne-toi le sexe et les fesses". Mais je ne suis pas toujours à l'aise d'avoir à le prononcer devant un auditoire... Et encore moins quand il sort de leur bouche...
    Quant à la notion d'intimité j'ai mal dû m'y prendre mes deux gars (6 et 5 ans) ne la comprenne pas encore...
    Florence.

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  5. Ici aussi on utilise les mots vrais, mais ayant filles et garçons à la maison c'était plus simple pour moi de n'avoir qu'un mot dans mes consignes. J'utilise donc "sexe". Comme dans "savonne-toi le sexe et les fesses". Mais je ne suis pas toujours à l'aise d'avoir à le prononcer devant un auditoire... Et encore moins quand il sort de leur bouche...
    Quant à la notion d'intimité j'ai mal dû m'y prendre mes deux gars (6 et 5 ans) ne la comprenne pas encore...
    Florence.

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