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samedi 28 mai 2016

Le vaste monde

Depuis la rencontre  avec André Stern, cette expression de "vaste monde" me trottait dans la tête et m'agaçait passablement. Laisser ses enfants aller dans le vaste monde c'est une belle chose oui, mais tout le monde n'a pas ni l'environnement ni le réseau nécessaire. Je repense à ce que Stern disait "J'ai le numéro de 6 personnes qui peuvent S'occuper de mon fils". Ouais...ben pas moi, et je connais peu de personne dans ce cas. Tout ce qui a été dit me paraissait et me parait encore d'ailleurs être le discours de personnes privilégiés, par ce qu'il n'y a pas à dire mais on est quand même sacrément toutes isolées. "trop isolée", voilà encore une réplique qui a été beaucoup prononcée lors de cette journée avec lui.

Du coup forcément ça m'a amené à réfléchir à comment sortir de cet isolement. Il y a les groupes fb, les rencontres associatives mais j'habitais un peu loin de tout, j'étais fauchée (et le suis encore) donc je pouvais peu me déplacer bien que je bougeais déjà pas mal, les gens sont difficiles à faire bouger et puis les rencontres entre mamans c'est bien mais c'est rafraichissant aussi de sortir de ce réseau de mamans et de bienveillance, de s'ouvrir au reste. Et vraiment, je ne voyais pas d'issue.

Et puis avec la séparation, des gens du village sont venus me voir, m'ont proposé de l'aide, sont venus discuter, m'ont proposé de s'occuper de mon fils. Pendant longtemps on a vécu un peu en autarcie, en mode "pour être heureux vivons cachés".  Alors au moment où j'ai été à bout et où le diagnostic de burn out a été posé, j'ai accepté ces mains tendues, j'ai appris à accepter l'aide des autres et a en demander. Ce que j'ai découvert est fou: non seulement ça me faisait du bien, mais ça me rendait plus forte, ça me donnait confiance, et je devenais fière de moi et en plus, ça faisait plaisir à ces personnes de m'aider. Gratuitement, généreusement.

Soeur Hilaire, avec qui il a partagé son gouter et joué.
 Bien sur, il était hors de question de laisser mon enfant. Et c'est là que j'ai réalisé que je vivais encore mal l'idée de la  séparation avec mon fils et que le monde, le vaste monde  me faisait peur. Par contre je prenais un plaisir fou a aller boire un thé chez des voisins qui jouait avec mon Petit Chou pendant que moi je somnolais dans leur canapé ou simplement regardait mon fils s'ouvrir à d'autres.

Ramasser du bois et apprendre à faire du feu avec les scouts que l'on a  rencontré


Et pour s'ouvrir, il s'est ouvert. Et c'est lui qui a finit par le demander ce vaste monde. Aujourd'hui, nous vivons dans un nouvel environnement et en l'espace de quelques jours j'ai rencontré plus de personnes qu'en 5 ans dans le village que je viens de quitter. Moi aussi je me suis ouverte aux autres et on me le rend bien. Quant à Petit Chou, on lui raconte des histoires "de bonnes soeurs", il apprend à prendre soin des chevaux, il monte sur un poney, il visite des musées, des aquariums, il fait du trampoline ou arrose les plantes dans les serres, il apprend comment fonctionne une tondeuse autoportée.... Je suis là, à proximité, mais cette fois n'est pas moi qu'il appelle courir après le chat!

Nourrir et soigner les chevaux
Alors non, je ne laisse pas mon enfant seul avec des gens que je connais  peu ou mal, mais il vit avec eux des choses fabuleuses pendant que je le regarde être au monde sans moi. Et je sais qu'un jour quand le moment sera venu, le vaste monde qui se profile sera à lui. Par ce qu'il est là en fait, tout près de nous, dans la maison d'à coté, chez le boulanger du coin ou au bout de la rue. Il suffit de faire un pas vers l'autre.

En visite d'expo, sans moi pour le coup.


C'est le plus dur à faire, mais pour ça nos enfants sont là pour nous aider. Ils n'ont pas de barrières sociales, pas de filtres culturels. Quelque chose leur plait et ils y vont "tu fais quoi la?"  " Monsieur, t'as vu j'ai fait un bouquet". Voilà, la porte est enfoncée,nous n'avons plus qu'à entrer.  Alors oui, il y a des portes qui restent fermées, mais pour une porte bloquée, il y en a beaucoup qui s'ouvre.




3 commentaires:

  1. Oui, avoir des enfants ouvrent les portes et font tomber les barrières. Si tu regardes ton voisin jouer de la guitare par la fenêtre tu vas te faire engueuler (en fait tu n'oserais même pas), mais si tu montres ton bout de chou en disant "Pardon, mais le petit s'intéresse", le voisin va se mettre en position pour être vu ou même t'inviter à entrer ! Pas toujours bien sur mais tellement souvent.
    Ne cloisonnons pas nos enfants par peur, ouvrons les portes avec eux !

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  2. Merci pour cet article. Cette expression "vaste monde" me faisait pas mal culpabiliser car j'ai beaucoup de mal à y aller dans ce vaste monde, je me sens isolée et du coup ben je culpabilise en me disant que mes enfants sont isolés aussi...
    Bon courage à toi, un déménagement c'est fatigant et stressant...

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    Réponses
    1. merci Emilie, on est enfin installé ;-)
      Je crois en fait que tous ce qu'on entend sur l’éducation de nos enfants peut être culpabilisant. Quand ça nous touche autant, c'est qu'il y a autre chose et que ça éveille en nous un problème plus profond. Chez moi cette réflexion a fait bouger mon comportement par rapport aux autres et le résultat est bluffant!

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