Charlie et moi nous pratiquons l'éducation
bienveillante basée sur les conseils de Gordon, Faber et Mazlich ou
Filliozat depuis plus de 2 ans maintenant. Avec des hauts et des bas,
des faux pas, des manquements, des excès, mais nous gardons
globalement le cap.
Charlie a pu suivre une formation Faber et
Mazlich quand Petit chou était bébé, moi non. Je n'avais
d'ailleurs pas pris la peine de me procurer leurs best sellers « How
to talk… » et « Liberated …. » puisque, ayant
déjà lu les ouvrages de Thomas Gordon, ça me semblait être du
même accabit.
Ce fut encore une erreur puisque je me suis
récemment fait prêter « How to talk…. » et ce fut la
révélation. Je connaissais en effet la plupart des « habiletés »
qui sont données dans le livre mais c'est tellement bien présenté,
tellement agréable à lire et le livre répond tellement bien aux
questions que l'on peut se poser, que ça a redonné un coup de boost
à ma pratique à la maison.
Au début c'était un peu galère. Quand je
m'attachais à verbaliser le ressenti de Minimog, je tournais en rond
et ça ne changeait pas grand-chose. Et puis j'avais parfois du mal à
trouver quoi dire.
Je vous retranscris ici une anecdote qui nous
est arrivée un jour où Minimog a cassé une de ses tétines. Le
drame, évidemment. J'ai commencé par lui dire qu'elle était déçue
/ triste / en colère, qu'elle aimait beaucoup sa tétine, que
non on ne peut pas la réparer, que les objets s'usent et qu'un jour
on ne peut plus les réparer, qu'il faut la mettre à la poubelle,….
Oulalala ou pas…..blabla. Rien n'y faisait, j'avais devant moi une
gamine en larme et en colère qui me sommait de réparer sa tétine
en la jetant par terre et qui commençait à lever la main sur moi.
J'ai ensuite pensé qu'il fallait simplement la laisser exorciser sa
peine sans intervenir mais elle multipliait les gestes pour attirer
l'attention et je sentais bien que là, elle attendait de moi que
j'intervienne. Impossible de
trouver les mots je pataugeais sec et mon répertoire des émotions y
passait au complet. Finalement je me suis noyée dans un discours
débile où j'ai fini par lui dire que sa tétine avait peut-être
cassé pour lui signifier qu'elle n'en avait plus besoin et dieu
merci, je me suis rendue compte de l'absurdité et de la manipulation
déguisée qui se cachait sous mes propos et j'ai stoppé là. 10
minutes que je galérais et puis c'est venu, pof, c'est « monté
au cerveau » comme on dit :
« C'est difficile de perdre quelque chose
auquel on tient beaucoup ».
Au moment où je dis ça dans ma tête c'est la
fête, j'étais fière de moi « Ouah comment t'as assuré
maman, comment elle était trop Faber Mazlich ta phrase, t'as
géééréééééé !» #swagmummy.
Et Minimog ?
Elle me regarde, s'arrête de pleurer.
« Alors je vais chercher ma tétine
orange ».
Elle part chercher ladite tétine
« Bon et la bleue qui est cassée, tu
veux la garder ou la jeter ?
- je veux la garder dans ma boite à tétine.
- Ok, tu la jetteras quand tu seras prête.
- Non je la garde dans ma boite.
- ok.
Fin de l'histoire.
Whouah !! « Je tiens le bon bout !
» que j'me dis. Après ça j'ai commencé à prendre mes marques,
c'est devenu plus naturel. Avec toujours des ratés mais ça, peu
importe.
Et puis samedi dernier, nous étions présentes
à l'atelier de cabane en osier de Charlie quand survient un conflit
entre Minimog et Petit Chou. J'entends ma fille pleurer disant que
Petit chou lui a jeté une branche dessus et qu'elle a mal.
Je lui dis de me rejoindre :
« Que se passe-t-il ?
- j'ai mal à la main.
- ok comment tu as eu mal ?
- c'est une branche qui m'a tapé sur la main,
là.
- ok (maman docteur, bisou magique tout ça)….
Elle repart, se plante devant Petit Chou «
Petit chou j'ai pas aimé que tu me lances une branche dessus !
Je veux plus que tu fasses ça ! » et elle s'en va jouer
plus loin.
Sur ce, Petit chou part pour la rejoindre.
Comme Minimog n'avait pas insisté sur le geste malheureux de son
compagnon de jeu, en bonne maman qui peut pas s'empêcher de jouer
les contrôleurs, je ne peux m'empêcher de vérifier ce qui s'est
vraiment passé histoire que ça ne recommence pas illico.
« Petit chou, c'est vrai que tu as jeté
une branche sur Minimog ?
- Oui.
- Ok, alors je sais que tu adores jeter des
trucs mais on jette dans l'herbe, pas sur les gens, ok ?
- ok
Il part rejoindre Minimog et ils jouent
ensemble.
Là c'est l'instant magique où tu vois que tes
choix portent leurs fruits.
Si j'avais réglé le souci de manière
« classique » Minimog aurait premièrement certainement insisté
sur la culpabilité de Petit Chou ; mais là non, déjà parce
qu'elle était plus focalisée sur le besoin de réparer le mal que
de se venger et puis nos enfants ne se faisant pas (souvent) engueuler ni
punir, elle aurait pu attendre sa vengeance longtemps. Du coup je
pense que ça ne lui est même pas venu à l'esprit.
Ensuite elle est allé régler elle-même son
problème d'une manière franche mais respectueuse sans en faire
trop, sans représailles.
Et Petit Chou ! Chaque fois que je cherche
à savoir ce qui s'est passé lors d'un conflit d'enfants les gosses
se précipitent pour me dire que c'est pas eux, que c'est l'autre qui
a commencé, etc. Mensonge, dissimulation, rapportage, accusation,
tout pour sauver leurs fesses car cette simple question provoque la
peur de ce qui va tomber derrière.
Là, il m'a répondu la vérité et d'une
manière incroyable. Dans ce « oui » il n'y avait ni
peur, ni angoisse, ni colère rentrée, ni provocation, rien. Juste
« oui, j'ai fait ça ». Dans ce « oui » il y
avait une incroyable, une magnifique confiance. En
tous cas c'est comme ça que je l'ai pris : ce petit garçon là
devant moi n'a pas peur de faire des erreurs, il n'a pas peur de les
avouer, il a confiance et il est vrai.
Et du reste, plus aucun bâton n'a été jeté
sur personne.
J'étais fière, tellement fière de nos
enfants. Parce que ce jour là je les ai trouvé pleinement acteurs
de cette résolution de conflits. Ce n'était plus seulement « l'effet
magique des habiletés bienveillantes » que j'aurais pu
utiliser, non, c'est eux qui ont résolu leur problème parce que si
on observe bien, je n'ai jamais eu à faire la médiation de quoique
ce soit.
Quel bonheur de planter des graines et un jour,
de les voir pousser.
PS : je publie cet article précisement au lendemain d'un jour où Minimog et Petit Chou semblaient ligué pour rendre cinglées deux mamans déjà épuisées et au réservoir de patience à sec. C'était décourageant au premier abord. Et finalement, c'est ce genre de moment dans lequel je me dis que je dois puiser l'énergie de pas lâcher et d'y croire. Hier c'était hier, aujourd'hui est un autre jour qui peut s'ouvrir sur l'espoir de voir d'autres moments magiques se produire.
Youpi un nouvel article de ma blogueuse préférée ! Je pense que je vais me procurer ce livre par ailleurs, car du fait d'un orgueil un peu bidon je me disais "je connais tout ça"... Bon par ailleurs moi ma chouchou c'est quand même Catherine Dumonteil K. (si un jour vous avez l'occasion de suivre un cycle d'atelier vivre et grandir ensemble par exemple, c'est une expérience de vie!), car tout es replacé du point de vue de la dignité de l'enfant, de la joie de vivre, du travail sur ces propres traumatismes... c'est une approche très liberétrice et ludique je trouve ! Bon concernant ton article, tu c'est ce que j'adore (en plus de la phrase de Minimog impressionnante), c'est aussi la façon respectueuses dont tu as parlé à Petit Chou. Ayant moi même un "jetteur" j'aimerai que mes amies aient les même habilités que toi !!
RépondreSupprimerOh ben quel compliment !!! Me voilà rouge jusqu'aux oreilles. Huhu !
SupprimerJ'ai fais comme toi pour Faber et Mazlich, je pensais que j'avais fait le tour de la question mais j'ai quand même adoré lire leurs livres. CDK j'adhère moins par contre. Je trouve qu'elle fait souvent des condensés de ce qui se fait déjà ailleurs sans rien apporter de très nouveau, les livres d'elle que j'ai lu ne comptaient pas parmi les plus intéressants pour moi. Mais c'est personnel et l'essentiel c'est que chacun trouve les sources qui lui parleront pour avancer.
Quant à mon anecdote, j'ai aussi beaucoup de chance d'avoir Charlie comme amie parce que tu n'imagines pas ce que Minimog fais subir à Petit Chou de son côté !! Elle ne veut jamais rien lui prêter et joue souvent les petites cheffes avec lui et Charlie est une perle de bienveillance avec ma fille, même quand elle joue les pestes de premier ordre envers son fils.
Bon j'ai un peu moins honte à dire que je n'ai pas lu ce livre parce que je pensais aussi avoir fait le tour de la question ^^.
RépondreSupprimerJ'ai l'impression de ressentir exactement ce que tu ressens en lisant ton article car récemment de temps en temps je m'entends me dire à moi-même "ah enfin ça marche!"
bon si je m'en tiens à ton anecdote le mien n'hésite pas à la moindre occasion à venir se plaindre car un tel lui a piqué son jouer, l'autre l'a poussé etc ^^.
Pourtant lorsqu'il vient me voir et qu'il me dit en pleurant, parfois meme en criant presque : "elle m'a arraché la voiture des mains et moi ça m'énerve quand elle fait ça c'est désagréable quand elle m'arrache la voiture des mains ", je me dis qu'il ne cherche pas forcément à ce que je réprimande l'autre mais plutôt qu'il a besoin d'exprimer ses émotions et peut-être a-t-il besoin aussi que je l'aide à à savoir comment réagir quand il se retrouve dans cette situation.
Évidemment comme toi je puise mes forces dans ces petits moments quand le reste du temps je me sens désemparée.
Merci merci encore une fois de me montrer que je ne suis pas seule, je sais tu vas dire qu'on est jamais seule :).
Je crois aussi. Parfois même un "Maaamaaan, Kevin y m'a taaapééé !" peut être avant tout le reflet d'un besoin d'être entendu. C'est quand j’entends des "je vais le dire à maman et tu seras puni !" que je me questionne sur le sens de la justice que l'on transmet à nos enfants...
SupprimerEt, oui, je me répète souvent mais c'est vrai : on est JAMAIS seule. ;-)