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dimanche 19 juillet 2015

L’enfant et la fourmi

" Un enfant,
Ça vous décroche un rêve
Ça le porte à ses lèvres
Et ça part en chantant
Un enfant,
Avec un peu de chance
Ça entend le silence
Et ça pleure des diamants
Et ça rit à n´en savoir que faire
Et ça pleure en nous voyant pleurer
Ça s´endort de l´or sous les paupières
Et ça dort pour mieux nous faire rêver

Un enfant,
Ça écoute le merle
Qui dépose ses perles
Sur la portée du vent

Un enfant,
C´est le dernier poète
D´un monde qui s´entête
A vouloir devenir grand
Et ça demande si les nuages ont des ailes
Et ça s´inquiète d´une neige tombée
Et ça s’endort, de l’or sous les paupières
Et ça se doute qu´il n´y a plus de fées

Mais un enfant
Et nous fuyons l´enfance
Et nous voilà passants
Et nous voilà patience
Et nous voilà passés"

Un enfant, Jacques Brel


Une petite anecdote en apparence sans conséquence qui nous est arrivé dimanche dernier lors d’un pique-nique en famille. En ce moment Minimog noue une relation très « sensorielle » avec les p’tites bebêtes :comprenez qu’elle s’amuse beaucoup à les poser sur elle et à les laisser se promener sur son corps. Coccinelle, escargot (au grand plaisir de maman qui est gastéropodophobe) sont devenus ses copains. A force de persévérance et avec beaucoup de bonne volonté de la part de Minimog, nous évitons de mieux en mieux les petits accidents qui coûtent une aile ou un bout de coquille et vraiment, Minimog nourrit une grande considération à l’égard de ses petits protégés.





Ce dimanche c’était au tour d’une fourmi de se promener sur elle pendant le pique-nique, focalisant son attention. Et puis son grand-père a balayé la fourmi dans l’herbe sans aucune somation. Ma puce a baissé les yeux en faisant une moue toute triste, prostrée dans un chagrin que je devinais réel. « Tu es triste ma chérie ? » - oui de la tête - « Tu es triste que Papi ait enlevé ta fourmi ? », alors mon père de défendre : « Mais elle devait retourner dans sa maison, sa place est dans l’herbe ! ». Et ma fille d’une toute petite voix :
« Mais c’était ma copine… ».

D’aucun dirait que c’était un caprice d’enfant sans importance. Je n’en veux sincèrement pas à mon père : tant de gens auraient eu ce geste. C’est une vision d’adulte : utilitariste, rigoriste. Ça n’est pas la vision du monde par les yeux d’un enfant.
Mais quel besoin y avait-il d’avoir ce geste ? Ma fille en jouant avec sa fourmi ne gênait personne. Quel besoin avons-nous de vouloir sans cesse stopper ces actes d’enfant que nous ne comprenons pas ? Les « Ce n’est pas sa place » et autres « ce n’est pas fait pour ça » ne sont que le reflet de notre vision étriquée des choses.
De quel droit, dirais-je même, nous nous permettons ce type d’ingérence ? Si mon père avait voulu lire un journal et que ma fille lui avait arraché des mains, tout le monde aurait crié au scandale.
Et encore, c’eût été une moindre peine pour lui que ce ne le fut pour ma fille.
Pourquoi ne pas oser entrer nous-mêmes dans leur univers pour les comprendre, voir les choses autrement et goûter à cette poésie de l’enfance dont tout le monde se dit nostalgique mais que tout le monde s’empresse de vouloir museler au nom de la raison ?

Moi, mon cœur de maman a saigné et ce qu’il me dit à moi c’est : « Ma chérie, ainsi va le monde des adultes mais comptes sur moi pour t’aider à profiter de ce monde d’enfant où les bambins ont le droit d’être copain avec des fourmis ».

4 commentaires:

  1. L'heritage de la pensée hygiéniste, la nature c'est sale, ça pique, ça mord....chaque chose a sa place! La prochaine fois sera sûrement différente pour Papi qui a du justifier son geste, en tout cas, on vous me souhaite!

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    1. Et pourtant tu connais mon père ! Le naturaliste entomologiste de la famille qui collectionne les petites bêtes, nous a appris à les respecter, à les voir, les observer. Quand j'y pense en fait, c'est la dernière personne au monde qui aurait du avoir ce geste... Mais oui, il y a eu du changement depuis, le mardi suivant minimog s'était amourachée d'une coccinelle et le grand dam de Maminie c'était surtout qu'elle ne la torture pas en la prenant avec les doigts, mais personne ne l'a empêché de quoique ce soit, elle a plutôt été accompagnée. Du coup je lui ai appris à inviter l'animal à venir sur elle et non à le forcer. Bienveillance, bienveillance....

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    2. Comme quoi, ça ne veut rien dire! Mais l'essentiel est que ça change, et que l'entourage ne se sente pas forcé à faire mais prennent pleinement conscience. Ça c'est chouette!

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  2. C'est un très beau témoignage qui va faire partie je l'espère de mes réflexes de maman (et ma petite chérie qui fouille de son nez les fleurs des jardins est bien partie pour aller sur ce chemin là). Il me rappelle une anecdote d'un été, une fille d'une dizaine d'années a répondu à sa maman qui enlevait brutalement une bestiole "mais maman c'est la vie", ce cri du coeur m'avait tellement ému, j'ai décidé peu de temps après de me lancer dans l'aventure de la parentalité...

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