Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

mardi 14 juillet 2015

Jalousies et rivalités entre frères et sœur (Faber & Mazlish)

Je suis totalement enthousiaste à l’idée d’avoir bientôt une fratrie. C’est un choix de longue date et je n’aurais pu imaginer ma vie de famille avec un seul enfant.
Pour autant, étant moi-même également issue d’une fratrie, je connais les heurts qui peuvent en découler, c’est pourquoi la question de cette évolution familiale attire mon attention depuis longtemps. L’arrivée d’un enfant au sein de mon couple était déjà une sacrée étape à préparer, mais la mutation de notre famille en fratrie l’est pour moi tout autant.

Comment préparer Minimog à l’arrivée de ce deuxième enfant ? Comment imaginer favoriser des relations saines entre les deux ? J’ai réfléchi à toutes ces questions et … J’ai fait la même bourde que tout le monde : je me suis imaginée un seul instant que si j’emmenais Minimog sur les chemins de mon enthousiasme, elle le partagerait.
Je pensais ne pas trop la bassiner avec son petit frère et la laisser venir à nous sur ce sujet, accueillir avec bienveillance ses inquiétudes et ses remarques. Mais je pensais aussi l’impliquer dans ma grossesse et dans la découverte de cet enfant à naître. Profitez de la conscience de son âge pour faire naître une relation fraternelle in utero.
Et bien sûr, la réalité est tout autre. Minimog ne parle pas du bébé, ignore le sujet si on l’aborde, et si j’ai le malheur de lui proposer de toucher mon ventre pour « dire bonjour » ou « faire un câlin » au bébé, elle refuse, voire rabat ostensiblement mon vêtement sur ce ventre rebondi qu’elle ne saurait voir.
Somme toutes, cela ne me surprend guère. Je suis plutôt étonnée d’avoir eu la naïveté de penser qu’il en aurait été autrement. Aujourd’hui, ce bébé ne représente qu’un moins pour Minimog : il faudra partager maman, son sein, son temps, son amour pense-t-elle peut-être. On a beau la rassurer et évoquer les bons moments qu’elle pourrait envisager de passer avec ce petit frère, on sent bien que c’est bien trop abstrait par rapport à la menace qui se dessine et que pour elle la méfiance est de mise au fur et à mesure que les choses se concrétisent .
De son côté, Raoudi manifeste sa gêne à coups répétés quand sa sœur l’écrase un peu trop lors des tétées. Si bien que j’ai l’impression d’avoir déjà à ménager les susceptibilités de part et d’autres, avant même la naissance du bébé - ce qui est sûrement réellement le cas !

J’accorde beaucoup d’importance à la vie intra-utérine, et pour moi, je suis mère de mon enfant dès lors que j’ai conscience de sa présence en moi. Du coup, quand j’ai entrepris d’emprunter l’ouvrage d’Adele Faber et Elaine Mazlish sur le sujet, je me suis rendue compte que, contrairement à ce que je pensais, je n’anticipais pas les choses : je suis dedans !

C’est ma première lecture de Faber et Mazlish. Je n’avais pas ouvert les légendaires « Parents épanouis... » et « Parler pour que... » parce qu’à l’époque j’avais déjà lu les ouvrages de Thomas Gordon qui me semblaient être du même acabit ; et une « formation » Faber & Mazlish -bien que proposées par chez nous- reste inenvisageable au vu des disponibilités mutuelles dont mon époux et moi disposons.

Je dois dire que, alors même que ma lecture n’est pas encore terminée, je suis ravie d’avoir eu cette inspiration car je suis réellement conquise ! Je retrouve en effet des méthodes qui se rapprochent pas mal de l’esprit de Gordon mais mon premier constat fut que la lecture en est beaucoup plus digeste !
C’est même une lecture plaisir et je me prends à avaler ce livre à vitesse grand V.
« L’architecture » du livre prend la forme d’une formation fictive (en ceci qu’elle cumule plusieurs réunions qui, elles sont réelles) que l’on suit de la façon suivante : le problème qui est discuté → des illustrations de ce qui peut être proposé en solution sous forme de BD → un récapitulatif des grands principes évoqués → un retour sur les expériences des parents après la séance et les approfondissements qui s’en suivent.

Les sujets et les questions abordées sont extrêmement pertinentes et bien « ratissées » : il y a matière à réflexion ! Quant aux méthodes qui sont proposées, je les trouve vraiment extra et pleines de sens.
J’apprécie aussi beaucoup le côté humain du livre qui se base sur les témoignages des parents et ne prend pas la forme d’une formule magique ou d’un dogme universel à appliquer. J’apprécie d’ailleurs énormément l’implication des auteures (réunies en une seule personne à l’écrit) qui témoignent également de leur histoire et des difficultés qu’elles ont rencontrées.
C’est surprenant de prime abord mais Adele Faber et Elaine Mazlish sont des mamans qui n’ont pas dès le départ appliqué les principes qu’elles proposent aujourd’hui, mais des mamans qui se sont heurtées aux même douleurs et difficultés que n’importe qu’elle autre ! Il semblerait même que les pratiques qu’elles évoquent leur soient venues assez tardivement. Je trouve que ça nous rapproche et nous déculpabilise d’entrée. Ce ne sont pas des mères modèles ayant eu une vie de famille parfaite, mais bien des mamans comme les autres qui transmettent une aide aux autres parents.

Pour ma part ce livre est d’ores et déjà une belle source de réflexion et de réponses, et je pense qu’il va finir dans notre bibliothèque officielle pour être relu et partagé. Vraiment je le recommande.

La façon dont nous gérons la fratrie n’est pas simple et échappe sûrement souvent à ce que nous avions envisagé (comme tout ce qui touche à l’éducation des enfants d’ailleurs).

Pour ma part, j’ai toujours eu peur de blesser Minimog en ne lui laissant plus assez de place avec l’arrivée du bébé. J’ai donc profondément veillé à lui accorder temps, attention, à ne pas la brusquer. J’étais aussi travaillée par le fait que Raoudi pourrait profiter d’un tas d’acquis que Minimog n’avait pas eu, créant une « injustice » vis-à-vis d’elle.
Je me rends compte depuis quelques temps que c’est l’inverse qui se produit ! Notre Minimog du haut de ses 3 ans qui offrent tant d’enchantement et de nouveautés m’occupe tellement l’esprit que j’ai bien du mal à nouer une relation -tellement plus abstraite et subtile - avec ce bébé à naître, que je ne l’ai fait pour sa grande sœur. Idem pour le papa.
C’est d’ailleurs pour cela que j’ai tenu à suivre des séances d’haptonomie : pour nous faire entrer dans une démarche relationnelle forte et mutuelle avec ce bébé et nous réserver un temps pour vivre cette grossesse tous les 3.
Le livre de Faber et Mazlish m’a aidé aussi à comprendre qu’inconsciemment, je me projette sur Minimog. J’ai moi aussi été l’aînée de la fratrie et mon frère cadet (même ordre, même écart d’âge, mêmes sexes) a beaucoup attiré l’attention de notre entourage à sa naissance. Déjà, c’était un garçon, un des rares de la famille et le premier (le seul en fait) qui était voué à transmettre le nom. Ça a beaucoup gêné ma mère qui a eu quelques occasions de m’évoquer ces divergences de traitements.
Je me rappelle il y a des années, m’être rendue avec ma mère à son lycée. Dans la salle des profs, ma mère me présente une de ses collègues : « Oh ! Quel plaisir de pouvoir te présenter [Machine] ! Tu ne t’en rappelles sûrement pas mais la dernière fois que tu l’as vu, j’amenais ton frère après sa naissance et tout le monde n’en avait que pour lui. C’est la seule qui a remarqué que tu étais laissée dans ton coin et elle s’est occupé de toi pendant tout le temps où j’étais ici. ». Je ne m’en rappelais pas du tout en effet, mais j’ai été prise d’un flagrant sentiment de reconnaissance à l’égard de cette dame. Je crois que si l’anecdote avait quitté ma mémoire, le sentiment d’effacement lui, je l’avais gardé dans ma mémoire émotionnelle et j’ai dit à cette dame un grand merci ému d’avoir eu cette prévenance envers moi. Depuis ce jour, j’ai toujours eu très à cœur de ménager les aînés de la famille à la naissance de leur cadet, quitte à la maternité, à passer plus de temps avec eux qu’avec les bébés, comme l’avait fait cette dame avec moi.

Je me rends compte par extension que j’ai beaucoup envisagé cette fratrie par rapport à Minimog : comment lui faire vivre au mieux l’arrivée du petit frère ? Sans me demander autant comment faire vivre au mieux au petit frère la présence de sa sœur. L’idée même d’avoir plus d’un enfant s’est faite avec l’idée que ce serait « mieux » pour elle et pas seulement parce que nous, nous en avions aussi, mais sans me projeter sur le deuxième enfant.

Le fait de prendre conscience de cela m’aide beaucoup à prendre du recul et essayer de ne pas tomber dans l’excès inverse, en lésant mon cadet pour ménager la première. Je pense que sans ce livre, je serais peut-être passée à côté de ce « détail » qui a son importance et qui j’en suis certaine m’aidera à accueillir mes deux enfants pour ce qu’ils sont avec plus de justesse.




4 commentaires:

  1. Bonjour Hëlëne,
    merci pour cet article et pour ton avis sur ce livre. Je ne le connaissais pas, je le lirai certainement.
    J'ai eu exactement le même sentiment que toi lorsque j'étais enceinte de ma fille : ne pas réussir à m'investir totalement ni créer de relation avec elle comme je l'avais fait pour son frère tellement son frère de 3 ans 1/2 prenait toute mon énergie ! En partant pour la maternité c'est encore son frère qui occupait tout mon esprit ! Et au final, j'ai été bien contente de profiter complètement d'elle pendant 3 jours à la maternité alors que j'étais partie pour un AAD !! Elle est née et j'ai toujours le même sentiment... elle est tellement calme et son frère tellement prenant que j'ai souvent le sentiment de l'"oublier" ou qu'elle passe en second... Avant sa naissance, je pensais (naïve que je suis) que les choses se réguleraient d'elles mêmes et qu'il comprendrait qu'il y a des moments pour elle et des moments pour lui et des moments tous ensemble... Tel n'est pas le cas, il me veut pour lui non stop mais j'essaye de réajuster les choses :)
    Par contre j'ai été agréablement surprise de la relation qu'il a avec elle pour le moment alors qu'il est fusionnel avec moi : des câlins, beaucoup d'attention et pas autant de jalousie que je le pensais. Bon par contre lorsque je m'occupe d'elle, bonjour le pot de colle et les "bêtises" en chaine... Voilà ma petite histoire, chacune est différente !
    bon courage à toi et plein de tendresse à ta Minimog !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout à fait, chaque histoire est unique. Merci d'avoir partager le tienne ici.
      Au vu de ce que tu dis je suis certaine que tu apprécieras le livre.

      Supprimer
  2. C'est toujours aussi intéressant de te lire!
    Je suis dans les mêmes interrogations, avec un petit bonhomme de 22 mois et enceinte de 4 mois.
    Mon garçon fait des câlins au bébé, mais à côté de ça, commence une sérieuse période de rejet vis-à-vis de moi ("Maman, pousse-toi"), me tape, me pince, etc…Pas facile à gérer! Sans compter les énormes colères et mes propres émotions qui me submergent avec la grossesse…
    Il y a aussi le sevrage en cours (j'ai pensé au co-allaitement, mais vraiment, je n'arrive pas à me projeter là-dedans, surtout que l'allaitement est devenu très douloureux depuis que la source est tarie… mais mon petit continue à réclamer à corps et à cri sa tétée quotidienne…).
    J'essaie depuis le début de ne jamais dire "je vomis à cause du bébé", "je suis fatiguée à cause du bébé", etc… mais je sais aussi que nos petits ont les sens très aiguisés et ne sont pas dupes!
    Je suis vraiment angoissée à l'idée de devoir me partager entre mes deux petits… Je voulais donc lire qqch sur le sujet, et tu m'as aiguillée! Merci à toi! Et bonne continuation!
    Quand est prévue l'arrivée de ton petit garçon?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Chez nous le débarquement c'est fin novembre.
      Ton témoignage rejoint ceux de bien d'autres mamans. C'est pas facile à gérer en effet, d'autant qu'on est pas au mieux de notre forme par moment. On s'imagine accueillir ce bébé dans la lumière et les bras grands ouverts et "crac !", la réalité nous rattrape. il faut trouver son équilibre entre respect de soi, respect de l'aîné et respect du cadet. En même temps, ce n'est que le début je crois ^_^.
      Mais pour l’anecdote : il se trouve que depuis mon article, Minimog est dans une bonne période avec mon bidon : main sur le ventre et bisou du soir, elle me dit qu'elle l'entend ou qu'elle le sent bouger !! Wouhouuu ! Je savoure ! Du coup je me dis que les relations fraternelles sont faites d'ombre et de lumière, entre jalousie et complicité, mais quand c'est positif, c'est vraiment génial et j'entrevois quand même les moments de bonheur dont je rêvais (je finissais par croire qu'ils n'existeraient que dans ma tête ^_^) et quand je les vis, c'est fort. Certes, ça complique les choses une fratrie, mais je ne regrette vraiment pas mon choix !

      Par contre je suis dans mon 5ème mois (22SA pour être précise) et moi j'ai toujours du lait (Minimog vérifie régulièrement ! ^_^). Ce doit être différent d'une femme à l'autre....

      En tous cas, n'hésitez pas à revenir me faire un retour de votre lecture si vous le voulez bien ! Je serais curieuse de savoir si ce livre vous a autant inspiré que moi !

      Supprimer