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mardi 6 septembre 2016

Re/dé/connexion

" I ran to the forest, I ran to the trees
I ran and I ran, I was looking for me"


Chez nous, les vacances d'été cette année ont vraiment pris une tournure particulière. Tout n'a été que re/dé/connexion. 
"Connexion" : ce mot m'a habité pendant les vacances.
C'est assez ironique d'ailleurs parce qu'on parle tellement d'être "connectés" de nos jours que je pourrais qualifier la génération de mes enfants de ""génération connectée". Mais dans ce cas on parle de connexion numérique ou virtuelle. 
Là je parle de connexion sensorielle, intime, humaine, réelle.
Tout l'inverse justement.

Connexion :

Ma plus grande expérience fut l'expérience "jardin potager". Avec un printemps mitigé et un été caniculaire pas évident à gérer avec mon Raoudi qui est blanc comme un nuage (exit le jardinage en pagne, mon fils serait couleur homard en moins de 20 minutes) je ne passe pas autant de temps dans mon jardin que je ne l'aurais voulu. Mais néanmoins, la connexion s'est faite. Et je peux dire aujourd'hui que si j'aime ma maison comme un lieu de vie agréable et pratique, mon jardin est un lieu de ressenti et d'harmonie intérieure.
Comment vous l'expliquer ? Mon mari et moi avions misé sur un terrain pour monter un projet de vie dans la droite ligne des discours comme on en trouve chez Pierre Rabhi : retour à la terre, la respecter, permaculture, agro-cécologie, indépendance alimentaire, etc. Citadine d'origine, je m'étais lancée là dedans par principe, ou conviction comme vous voulez. Mais ces principes ont pris un sens profond, intime auquel je ne m'attendais pas. Prendre mon seau pour aller cueillir notre petit déjeuner en me basant sur ce qui pousse dans mon jardin, ne prendre que ce dont j'ai besoin, rendre le reste à la terre dans une relation de prendre et rendre, ça n'a l'air de rien mais ce fut une révolution intérieure. Parce que nous ne fonctionnons plus comme ça : nous allons dans les supermarchés, nous prenons, nous entassons, plus que nécessaire, mais cet univers est froid, agressif pour l'âme, on veut en finir au plus vite, il n'y pas d'âme dans le geste de prendre une conserve et la mettre dans son caddie (et ne surtout pas regarder sa composition ni d'essayer de savoir quelle maltraitance écologique, animale ou humaine il y a derrière au risque de ne plus rien manger).
Notre entourage pense que nous recherchons le dénuement, j'ai le sentiment de rechercher le luxe. J'ai le luxe de pouvoir me pencher, cueillir un légume, rentrer chez moi, le faire gouter à mes enfants, le cuisiner (avec eux ou pas), de comprendre son importance, d'être habitée par la chance que j'ai de pouvoir le manger, de le respecter, d'être reconnaissante à la terre qui me l'a fourni.
C'est extraordinaire. Je n'ai pas d'autres mots.
Ça semble basique à tout le monde, et ça l'est : c'est la base de la vie ; mais ce sont des gestes dont nous sommes -justement- totalement déconnectés aujourd'hui. 
Alors bien sûr, je n'ai aucune pression puisque si mon jardin ne me suffit pas (et il ne nous suffit pas du tout pour l'instant!) il me reste le fameux supermarché (bien pratique quand même), ou le maraicher local, ou la Ruche ou l'AMAP, bref.... C'est un luxe, et je le vis comme tel.

Connexion humaine aussi avec notre aventure en Bourgogne chez notre lectrice, son conjoint  et leurs enfants. Je ne m'étendrai pas là-dessus, nous avons un article à 4 mains en attente. Mais cette expérience m'a bouleversé également. 
D'ailleurs, petite parenthèse, pendant 4 jours mes enfants ont vécu dans un univers simple, libre, partagé, confiant, bienveillant. La semaine suivante j'étais chez mes beaux parents pendant 4 jours, dans un univers fait de télé, de bonbons, d'interdictions, de restrictions. Et bien j'ai vu la différence que ça a produit chez ma fille en terme de comportement ! Papa-san aussi ! Grâce à cela il a fait un petit pas de plus sur la voie que j'ai tracé.

Reconnexion :

D'ailleurs la plus grosse reconnexion des vacances fut avec mon conjoint. 
Disons le, je vis à 75/80% de mon temps en mère célibataire tant mon mari est absent (pour le boulot je précise, pas pour aller en boîte). Ça ne rend pas les choses évidentes pour mon couple, encore moins quand on a une maison et un jardin à gérer et deux jeunes enfants par dessus et qu'on a pas acquis le même degré de conviction sur l'éducation des enfants ; enfants que l'on ne fréquente pas du tout de manière égale. 
Il m'a paru urgent de me re-centrer sur ma famille, sur nous. De renouer les liens qui s’effilochent. Mes enfants ont passé du temps avec leur père. Surtout Minimog qui est en plein Oedipe ("Mais moi je veux être amoureuse de Papaaaaa !") et qui a connu un père beaucoup plus présent  - et impliqué- auparavant. De nous trois c'est elle qui souffre le plus de son absence. 
Quel bien cela nous a fait de revivre en famille, sans pression, loin de notre quotidien ! Et j'ai vraiment tenu à ce que ce bénéfice perdure avec nos reprises à tous. Pas question que ce quotidien nous bouffe à nouveau et ne vienne faire exploser ma famille alors que nous nous aimons tous les uns les autres ! 
Mon mari parle de garder sa fille pendant ses congés, il parle de peut-être-un-jour-qui-sait chercher un travail moins bien rémunéré mais qui laisserait plus de place à la famille, il passe moins de temps à fumer au garage et plus de temps à s'occuper de ses enfants. Et mine de rien, la chambre familiale nous apporte beaucoup. Comme mon mari dort beaucoup et en décalé, il est présent quand même, avec nous. Et les réveils à coup de bisous ou s'endormir dans les bras de papa sont autant de petits moments précieux qui nous re..connectent.

J'ai cherché aussi à me reconnecter avec moi-même. Quel respect ai-je pour moi-même, pour ce que je suis, pour ce que je fais ? De quoi ai-je besoin ? Après plusieurs années de ""deuil"" (professionnel notamment) et ""d'abandon"" (de toutes mes activités personnelles), j'ai besoin de reprendre du temps pour moi. J'ai accepté de me centrer sur mes enfants pour prendre le temps nécessaire à trouver nos marques dans cette vie qui est mienne aujourd'hui : la vie de maman. Mais je réalise que mes enfants ne seront pas toujours dans mes pattes et je ne veux pas les voir s'éloigner en me disant : "Que vais-je faire sans eux?", ou pire, ne pas réussir à les laisser s'éloigner parce que je ne vis que pour eux. J'ai besoin d'autre chose. Alors j'ai repris plein de petites choses, toutes bêtes, des toutes petites créations pour ma maison, mon jardin, sans prétention ni barrière : peu importe si c'est beau ou original ou à la hauteur de mes ambitions : l'important étant pour moi de faire autre chose de mes mains que taper sur un clavier, de laisser libre cours à mes envies, mes idées. Ça aussi c'est important. Et comment puis-je attendre que mes enfants peignent ou tissent, inventent ou créent, si moi-même je ne fais rien ?
J'ai également proposé de rejoindre un projet de création d'école alternative sur mon secteur. Je n'ai encore aucune nouvelle et ne sais pas où ça me mènera mais j'ai besoin d'action. Avec Charlie aussi nous aimerions amorcer quelque chose de concret. De petit mais de concret. Les grands discours et les grandes citations à partager sur le net (je suis pas fan d'ailleurs, vous aurez remarqué) c'est bien gentil mais ça ne suffit pas. Mon secteur regorge de regroupement de personnes qui agissent, je veux en être.  

Déconnexion :

Du coup pour faire tout cela je me suis tenue assez éloignée de mon écran. Ça a du se ressentir ici puisqu'à part un petit article de rentrée tranquillou et pas révolutionnaire, on ne peut pas dire que je vous aurais tenu en haleine cet été.  
J'avoue n'avoir même pas pris le temps de même visiter les blogs de mes chouchoutes habituelles, hormis ceux qui ont une page facebook et qui du coup m'ont rappelé à l'ordre. J'ai honteusement négligé Céline, Alexandra, Gwen, Nadège ou Mélissa.
Et j'en avais besoin. 
Tenir un blog est une expérience particulière. 
En lire aussi : il y en a tellement !! Lesquels choisir ? Comment maintenir la distance entre notre histoire et celles que l'on lit ? Car même avec authenticité on est dans la vitrine. Lecteurs et rédacteurs. 
Quel degré de ma vie je raconte ? De quoi ai-je envie de parler ? Pourquoi ? Qu'ont envie de lire les gens ? On est pas vraiment censé se poser cette dernière question mais Internet - quelque soit le support, essaye sans cesse de vous emmener avec lui dans la course au ++++ : + de likes, + le lecteurs, + de partages, + de vues, + de liens. Les sirènes murmurent sans cesse à vos oreilles et parfois il est bon de leur couper la langue pour se recentrer. Savoir ce qu'on fait et pourquoi on le fait. 
Un tas d'articles me sont venus en tête .... Et ils sont restés lettres mortes et puis.... plus d'articles du tout. Parce que j'ai passé tellement de temps à VIVRE les choses avec mes enfants, sans un appareil à la main (et en oubliant pas de photographier mes enfants sans les visages !), sans me demander comment j'allais partager ça, sans même que ma première réaction ne soit : "Génial, ce moment avec les enfants, ça ferait un bon article !". 
Activités ou pas, j'ai réalisé que ma vie de mère remplirait un blog frénétique si j'en avais envie : ce qu'on fait, ou l'on va, ce qu'on possède, ce qu'on achète, ce qu'on mange, ce qu'on emprunte, ce qu'on teste, ce qu'on dit.
J'ai réalisé aussi que je n'en avais pas envie. 
Ce n'est qu'un blog après tout. Ce n'est pas ma vie, ni son reflet, ni sa justification et il n'y a rien à gagner à l'arrivée que le plaisir d'échanger avec quelques autres mamans. 
Et puis les choses essentielles sont souvent celles que l'on a pas pu immortaliser.
Je suis contente de revenir ici vous retrouver avec en tête ce seul plaisir pour ambition.  

D'ailleurs il y un concept avec lequel je me suis déconnectée : la pédagogie. A force de lâcher prise, j'ai fini par me demander : "Mais la pédagogie, c'est quoi ?".
Les méthodes et pratiques d'enseignement requises pour transmettre des connaissances"
Ensemble des méthodes utilisées pour éduquer les enfants et les adolescents
Pratique éducative dans un domaine déterminé ; méthode d'enseignement : La pédagogie des langues vivantes. 
Aptitude à bien enseigner, sens pédagogique : Manquer de pédagogie.
J'en suis venue à me dire que la pédagogie c'est un truc d'adulte et que je ne suis pas certaine que mes enfants aient besoin de pédagogie. Pas tout de suite en tous cas. 
Oui, je joue les iconoclastes de service qui vont encore plus loin que les pédagogies alternatives : la non pédagogie. 
Carrément. 
Bon j'exagère évidemment. Peut-on se passer de pédagogie ? Ou même l'idée de ne pas appliquer de pédagogie est-elle une forme de pédagogie ? Puisque : peut-on ne pas transmettre quelque chose à nos enfants ?  (sujet de philo du bac 2018, vous avez 4 heures) : non, sûrement que non. Et ne suis-je pas fondamentalement influencée par ce que j'ai pris de ces pédagogues et qui m'a touché ? : si, bien sûr que si. Mais à force d'avoir la tête dans ces questions de pédagogies de toutes sortes - questions que ne m'effleuraient même pas il y a 3 ans - à force de voir, lire, entendre parler de Montessori, Freinet, Reggio, Steiner, Mason, Collot, à toutes les sauces (je devrais m'en réjouir pourtant), j'ai eu besoin de laisser tout ça de côté un bon coup. Je regarde mes enfants.... non, vraiment, ça roule sans que je me tartine la tête avec ces questions. Et ne pas me les poser via un tas d'articles et de vidéos qui se les posent..... Et ben ça fait du bien aussi!     
Let it be ! 

Mon obsession pour le tri s'est étendue à toute ma vie : dans mes affaires, mes habits, mon garde-manger, mes meubles, dans mes envies, mes projets, mes relations, mes idées, mes principes, mes questions. J'ai laissé tout un tas de choses derrière moi, sans regret. 

Le plus est l'ennemi du bien. 

Désormais c'est simple : quand c'est ingérable, ou ennuyeux c'est qu'il y a trop. S'il y a trop, je vire.


Et carpe diem : j'arrête de voir trop loin. 
Genre : Ecole / pas école ? Si pas école alors quoi ? - Ecole à mi-temps cette année : et ensuite nous verrons. 

Je cueille  le jour, comme je cueille les haricots dans mon jardin : posément, sans abus, en conscience, avec respect. 
Re/dé/connectée
 

   

4 commentaires:

  1. Je ressens beaucoup de douceur dans ce texte... Douceur de vivre, apaisement, du bonheur...

    Je suis d'accord, j'adore quand dans mon assiette nous mangeons les légumes de notre (très modeste) potager. Je vois des petites étoiles qui s'allument dans les yeux de mon mari (le potager, c'est SON domaine, mais il nous ouvre aussi souvent que nous le souhaitons les portes de son jardin secret), c'est magique !!


    Pour la pédagogie, disons que j'ai maintenant 25 enfants devant moi avec qui je partage cette passion, et du coup, je laisse mes enfants tranquille !!
    ça fait du bien de ne pas toujours se poser 10000 questions et de laisser libre cours à ses intuitions !

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  2. Welcome back!
    A te lire je mesure vraiment, à la fois le bien-être qu'on peut tirer d'une vie "à la campagne", et d'à quel point ce schéma ne pourrait pas fonctionner pour moi (pour le moment - qui sait où j'en serai dans 10 ou 15 ans)

    bravo aussi pour le reconnexion conjugale, chez nous aussi ces précieux moments nous ont apporté, non seulement de précieux bols d'air, mais surtout l'envie d'aménager notre vie afin d'éviter de passer notre quotidien en apnée.

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    1. ah, et scandale, avoir négligé la lecture de nos blogs !
      je suis zoutrée ;-)

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    2. Je me suis rattrapée depuis ;-)

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