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jeudi 23 juillet 2015

Apprends moi a faire seul

Partout dans le milieu de la bienveillance on parle d'autonomie et  des compétences de l'enfant. Apprendre à prendre soin de soi, d'une plante, participer aux tâches de la maison, nourrir les animaux, se servir seul...mais l'autonomie concerne aussi les grands apprentissages même si le terme d'apprentissage est mal approprié dans le cas présent par ce que c'est de sommeil que j'ai envie de parler.

On n'apprend pas à dormir mais on peut apprendre à gérer ses émotions et pour moi c'est primordial. Pour le commun des mortels, un enfant de presque 2 ans doit s'endormir seul et ne plus se réveiller la nuit. C'est un besoin de parent plus qu'un besoin de bambin.

Petit Chou, bientôt 2 ans, commence maintenant les nuits dans son lit a sa demande après un rituel pendant lequel il s'endort en porte bébé puis vient nous rejoindre en cours de nuit. Comme beaucoup de parents, j'aimerais pouvoir dire "bonne nuit" à mon fils après un bon câlin et le laisser s'endormir paisiblement pour une nuit sans interruption. Lorsqu'il se réveille loin de moi, il est clair que ce ne sont pas des pleurs et des cris de frustrations mais bel et bien d'angoisse. Une angoisse de séparation liée a un début de grossesse difficile, l'âge et à l'envol de ma mère selon les dires des personnes qui nous entourent, professionels, famille et amis.  Petit chou a besoin de d'avantage de sécurité affective. D'avantage......

Ce matin on me parle de ne plus l'endormir mais de le laisser faire. De ne plus écouter ses "envies" de contact mais son "besoin de sécurité". Et pour répondre a son besoin, je dois en tant que parent décider de ce qui est bon pour lui: s'endormir seul et passer la nuit seul. On sent venir l'écueil du conditionnement, il est en effet question de le laisser dans son lit et de venir le voir régulièrement. Bien évidemment c'est une réponse qui ne me convient pas. Au premier abord, je me dis que ça ne répond pas a son besoin de sécurité mais au mien: celui d'etre tranquille. Mais et si il y avait autre chose au delà de ça? 

Je ne suis pas d'accord avec la méthode mais ça me questionne.
Notre réponse est elle la bonne?Doit on Lui donner du contact ou lui montrer qu'il continue d'exister sans nous, sans moi? On répond à son envie, qu'en est il de ses besoins dans ce cas précis?
 
Notre vie avec lui repose sur le respect, sur la réponse à ses besoins de manière générale, sur le développement de son autonomie. On lui " apprend a faire seul".  Tout notre quotidien tourne autour du développement et du respect de son autonomie . Alors je me demande si là aussi il n'est pas temps de lui apprendre a faire seul? De la même manière qu'il s'est endormi sans le sein, peut être peut on l'amener en toute bienveillance, a s'endormir sans nos bras, a se sentir en sécurité sans nous.

On y réfléchit et on profite de ma perte d'emploi pour avancer a son rythme. Alors concrètement comment ça se passe?
Pour le moment on se concentre sur la nuit plus que l'endormissement. Il passe une partie de la nuit dans son lit puis se réveille. Avant c'était le moment ou je le prenais dans notre lit. Maintenant je m'allonge a côté de lui, lui donne une tétée et reste près de lui jusqu'a ce qu'il soit paisible, que son besoin de contact ait été comblé. On est ainsi passé de 4-5 réveils depuis son coucher  à 2, parfois 1, et le matin il me rejoint pour un câlin et éventuellement on se rendort ensemble.
Pour le coucher, on pense agir de la même manière, garder notre rituel et ensemble, avec toute notre tendresse, rester à ses côtés patiemment jusqu'a ce que le sommeil le gagne en sachant pertinemment qu'il va se relever à plusieurs reprises pour jouer, sauter dans le lit, réclamer une tétée....c'est donc notre prochaine étape et pour la franchir, on attend d'avoir suffisamment de patience!

L'idée de dormir seul n'est pas sans lien avec l'allaitement. 21 mois a subir plus de 10 réveils pas nuit , une dizaine de tétées par jour et des tétées nocturnes qui n'en finissent plus... Plutôt que de passer par une approche frontale de sevrage, son envie de dormir dans sa chambre m'a semblé être la meilleure solution. Dormir loin de moi allait forcément influencer le nombre de tétées et c'est le cas! Mais en journée elles sont toujours nombreuses. Plutôt que de l'allaiter à la demande classiquement, j'ai choisi de comprendre à quoi correspondait ces demandes et bien souvent c'est par crainte de l'environnement dans lequel il est, ou parce qu'il a besoin de me signifier sa présence, parce qu'il a mal ou est fatigué.  Le fait d'en parler avec lui me permets donc de répondre directement à son besoin et de lui proposer d'autres choses. Aujourd'hui quand il a peur, il ne demande plus le sein mais vient faire un câlin, quand il a mal il souffle sur son bobo et quand il a besoin que je m'occupe de lui je me rends disponible ou quand ce n'est pas possible  le lui explique.

Aujourd'hui que ma mère n'est plus la, je réalise que j'ai toujours pu faire appel à elle dans n'importe quelle situation. Je n'ai jamais appris à trouver les ressources en moi pour affronter mes angoisses, mes doutes, et toutes émotions négatives. Elle était là, elle devançait mes besoins même adulte. Répondre à une angoisse par le sein à son âge ne me semble plus  pertinent et j'irais même jusqu'à dire pas très bienveillant finalement parce que ca ne l'aide pas,( évidemment à 6 mois, a 1 an ou plus les choses sont différentes et tout est fonction de ce que l'on observe chez son enfant) il est question de répondre au besoin qui se cache derrière l'envie. Devenir autonome, grandir,  c'est je crois  trouver en soi les réponses, et les ressources pour apprendre a gérer toutes ces situations.

8 commentaires:

  1. Je te souhaite que ça marche. Évidemment tu le sais, nous avons suivi le processus inverse (inverse à la majorité des gens d'ailleurs) en mettant notre fille dans notre lit à 2 ans et demi, mais je n'ai pas vécu ce que tu as vécu et je comprends totalement ton envie légitime de vouloir te reposer tout simplement. Qui plus est, comment être à même de répondre aux besoins intenses de nos enfants quand on est vanné ? Le sommeil est un pilier de la bienveillance.

    Par contre, à 3 ans il m'arrive toujours d'accompagner certaines grosses angoisses de ma fille avec l'allaitement et je n'ai pas le sentiment de contrevenir à la bienveillance ni même de ne pas l'armer pour sa vie future. Je ne sors pas mon sein au moindre bobo, et nous lui avons offert plein de moyens d'exprimer ses émotions depuis bien longtemps (livres, signes, vocabulaire, improvisation "théâtrale", etc.) mais si l'angoisse est trop intense, je préfère de loin lui offrir une tétée -si elle le demande, parfois il est même impossible de la toucher- que de la laisser hurler, en proie à ses démons pendant 30 minutes. J'ai essayé au début en écoutant les discours sur l'écoute-bienveillante-des-émotions-qui-doivent-sortir-pour-le-bien-de-l'enfant, sauf que l'image de ma gamine en panique face à des émotions qui visiblement la submerge et qu'elle ne fait de toutes façons que subir, ça ne m'a pas paru plus sain. Mécanismes de contrôle ou simple apaisement ? Je n'ai pas de réponse toute faite. Mais les cas sont finalement rares et de moins en moins nombreux et je n'ai pas le sentiment qu'elle ne mûri pas là dessus de son côté. Pour moi c'est un processus de transition progressive et en douceur sur un chemin qui est bien difficile à emprunter et qu'à 3 ans, je n'attend pas qu'elle assume seule.

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    1. il est evident que laisser un enfant être submergé, le laisser subir ses émotions n'est pas bienveillant non plus, à mon sens, tout comme forcer l'apprentissage de la frustration en lui refusant le sein. j'observe mon fils avant tout, quand je vois qu'il s'agit juste d'une colère ou d'une tenson à décharger je le laisse faire tout en restant à ses cotés s'il veut et surtout s'il accepte un calin mais quand par fatigue ou accumulation il n'est pas en mesure de gérer le flux d'émotion, je l'apaise au sein. comme tu le disais dans ton article, parfois le sein permet de calmer le jeu et de pouvoir en discuter ensuite. je 'attends pas de mon fils qu'il soit capable d'assumer seul et je n'ai pas de réponse non plus sur cette idée de mécanisme de contrôle. il y a sans doute d'ailleurs un peu de tout, et je crois que dans tous les cas, on est toujours, même adulte un tant soit peu dans le mécanisme de contrôle. Quand je suis stressée, inquiète, je fais du ménage et je range. je contrôle aussi mon alimentation. certains disent que je contrôle l'éducation de mon fils. donc pour moi c'est une fausse question, ce qui importe avant tout c'est d'être capable de laisser nos enfants grandir à leur rythme et de les y accompagner du mieux que l'on peut chacun avec son histoire.

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  2. Bonjour,
    Je suis votre blog depuis ses débuts avec beaucoup d'intérêt. Evidemment même si aucun article ne m'a laissée indifférente, celui-ci, autour du sommeil encore moins... Mon garçon de 26 mois a suivi a peu près le même cheminement que Petit chou. Aujourd'hui encore il ne s'endort pas seul (nous l'accompagnons jusqu'à ce qu'il s'endorme), il se réveille encore certaines nuits (mais pas toutes les nuits) et nous rejoint presque toujours dans notre lit pour terminer sa nuit. Par contre à la crèche ou chez ses grands-parents il s'endort seul et ne réclame personne (que ce soit pour la sieste ou le sommeil nocturne). Mais la séparation avec maman est déjà faite! Alors évidemment le raccourci est vite fait : c'est moi qui ne veut pas le laisser ! Je l'ai allaité trop longtemps ! Il ne tète plus depuis ses 23 mois. Et la différence est peu visible entre avant et après l'allaitement. Nous avions déjà progressé pour que le sein ne soit pas LA solution à tout ; et même si c'est dur pour tout le monde parce qu'il est quand même beucoup plus commode de dégainer le sein à la moindre crise, je ne regrette pas la transition en douceur qui lui a permis de trouver des ressources en lui pour calmer ses angoisses, ses frustrations, ses colères, ses douleurs, son énervement... Et puis je n'ai plus eu de lait (j'attends le deuxième enfant). Alors oui, j'aimerais moi aussi lui souhaiter bonne nuit après un bon calin et le laisser trouver le sommeil seul pour ne le retrouver que le lendemain matin (pas trop tôt...). Oui je m'inquiète un peu de comment on va réussir à gérer le sommeil de chacun quand le bébé sera là. Et en même temps j'ai confiance. Et si la solution trouvée n'est pas socialement unanimement acceptable et bien tant pis ! Quand je regarde la chemin parcouru depuis sa naissance je me dis que même autour du sommeil il a bien progressé. J'ai essayé la méthode de le laisser seul et de venir le voir régulièrement. Avec lui ça ne marche pas ! Au contraire. Je suis sûre que Petit chou aussi progresse et je suis sûre également que tu es suffisamment à l'écoute de ton enfant pour l'accompagner au mieux dans cette difficile étape de la séparation avec maman pour toute une nuit, sans nuire pour autant à son besoin d'autonomie.
    Une amie qui a un enfant du même âge que moi m'a dit un jour : en effet, mon enfant ne fait pas ses nuits, ouil il se réveille 6 fois par nuit pour téter, non il ne sait pas s'endormir seul mais j'ai arrêté de le voir comme un problème : je lui donne le sein pour l'apaiser, il dort avec nous pour que je sois moins fatiguée de devoir me lever plusieurs fois par nuit...
    Je me suis rendu compte alors que moi je le vivais comme un problème, que je menais quasiment une guerre à coup d'homéopathie, d'osthéopathie, de méthode de 5-10-15, de consultation auprès d'un pédopsychiatre... Et puis j'ai arrêté de voir ça aussi comme un problème. ça n'a pas fait franchement progressé les choses mais tout le monde était plus serein (même si fatigués !).
    Donc je continue de l'accompagner et je l'accompagnerai le temps qu'il faudra jusqu'à ce qu'il me fasse comprendre que le moment est là pour le laisser s'endormir seul. Une dernière chose cependant : la bienveillance commence il me semble par soi-même (c'est là le plus dur pour moi ! ) Aussi j'essaie de respecter mes besoins également et quand vraiment je suis trop épuisée pour être disponible, je lui dis et je passe le relais au papa (même si le petit n'est pas content je sais qu'il n'est pas seul avec ses colères et ses angoisses du soir).
    Bon voilà pour mon long commentaire !...

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    1. Pour moi tu soulignes un point très important : "la bienveillance commence par soi-même". C'est totalement vrai et je crois que plutôt que des solutions toutes faites, l'équilibre se trouve là : apprendre aux enfants le respect d'eux-mêmes commence par se respecter soi-même. Si l'on se manque de respect pour pouvoir se rendre totalement disponible pour nos enfants, contre nos propres besoins, on est dans une bienveillante unilatérale qui ne fonctionne pas car elle fonctionne aux dépends de l'autre. Trouver l'équilibre entre bienveillance envers nos enfants ET envers soi-même n'est pas simple, mais je suis persuadée que tant que l'on suit cette voie, quelques soient les solutions que l'on adopte, on ne peut pas se tromper.

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  3. Je suis tout à fait d'accord et je pense que si je n'avais pas arrêté de voir son sommeil comme un problème et si je n'avais pas été bienveillante envers moi, je n'aurais jamais tenu le coup jusqu'à maintenant. En ce qui me concerne je n'ai jamais mal vécu le sommeil de mon fils, c'est le regard des autres qui a fini par me mettre la pression et a chercher des explications, des solutions. Il progresse sur tout un tas de chose, il gagne en autonomie, il grandit, il vient à l'instant de me demander d'aller dormir, c'est dire! décider aujourd'hui de l'accompagner différemment, c'est pour moi être bienveillant pour nous deux, je respecte mon besoin de sommeil et son besoin de contact. Et quand les réveils se font trop nombreux, je l'emmène finir la nuit dans mon lit évidemment! comme le dit Hëlëne, il n'existe pas de méthode, pas de règle, juste un équilibre à trouver entre nos besoins pour que chacun soit respecté, en tout cas c'est le chemin que je prends et si "notre solution" ne convient pas a tout le monde, pour nous pour le moment elle nous convient, chacun y trouve son compte!

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  4. Bonjour ! Comme je l'ai dit ailleurs cet article me touche aussi et surtout, je trouve qu'il s'agit d'un témoignagne plus fin, authentique que d'autres sur le sommeil. En tout cas, ça me parle :) Ce que j’entends dans ce billet c’est qu’il s’agit moins de faire que le petit se rendorme seul que de comprendre les raisons pour lesquelles il se réveille, et d’y répondre adéquatement, l'appaiser vraiment. Ce que je remarque c’est que dans beaucoup de « méthodes », même bienveillante, il est dit que le petit se réveille car « il a l’habitude » « il aime avoir une présence parentale ». La différence entre les articles « bienveillants » c’est qu’ils considèrent que c’est normal d’aimer (cf Gordon qui se réveillerait bien pour un super verre de jus d’orange la nuit) cela alors que d’autres exemple d’éducation plus « traditionnelle » considèrent que l’enfant abuse de ses parents. Mais si ce n’était pas cela pour son enfant ? S’il s’agissait d’une angoisse par exemple, comment y répondre, la nuit, pour aider son enfant à aller au-delà ? J’ai moi-même pas encore trouvé de réponse. La nuit, nous sommes fatigués et endormis, pour l’instant je l’allaite donc, encore endormie, quand à chaque réveil il demande « tétee ». Dans notre cas, je pense aussi que certaines conditions des premiers mois, peut-être ma reprise du travail assez tôt, les conditions de sa naissance, jouent là-dessus. Nous avançons à petit pas dans l'expression des émotions en journée. En tout cas, comme le témoigne Charlie, le temps est aussi notre allié :)

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    1. c'est tout à fait ça Etiva, il n'est pas question ici de chercher à régler un problème de sommeil qui serait mal vécu mais de trouver la bonne réponse à une demande autre que de la faim, de l'habitude, ou je ne sais quoi. Mon objectif c'est de faire en sorte qu'il se sente en sécurité et si en bonus il dort toute la nuit et s'endort seul alors là ce serait top! Je pense aussi que beaucoup de choses liées à la grossesse, la naissance et les premiers mois de vie jouent beaucoup!

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  5. Merci pour cet article! Je nous reconnais tellement dans ce témoignage! Mon fils a 17 mois et c'est exactement ça pour nous aussi! Une grossesse difficile pour moi également....
    J'ai, moi aussi, cessé de voir cela comme un problème. J'essaie simplement de répondre à ses besoins et de l'apaiser. J'essaie de lui donner les moyens de pouvoir se rassurer seul...en lui assurant que je suis là pour lui ;).
    Bonne journée

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