Ben ça alors !!

"One step beyond"

One step beyond, Madness

Étrange moment hier soir à la fin du repas. 
Je reste les yeux dans le vague, perdue dans mes pensées. 
Après des vacances super sympa qui nous ont rapproché et apaisé les tensions, au retour de son premier jour d'école, ma fille est insupportable. 
Depuis que je suis allée la chercher chez la nounou c'est l'enfer et j'en ai marre. Je suis malade depuis 10 jours, j'ai mal au crâne, je crie, je lui en mets plein la tête, j'ai des accès de violence qui remontent encore. 
Je pense à ma journée de boulot, ce boulot dont je sais qu'il ne m’intéresse pas et ne m’intéressera jamais. J'ai mal au crâne d'avoir passé la journée devant un écran, une fois de plus. 
Je suis fatiguée, stressée, et tellement soulagée d'avoir un jour off demain. 
Déjà... !!!

Mon mari me demande à quoi je pense et je réponds "Oh, ça ne va pas te plaire !" - "Dis toujours" - Je lui dévoile mes pensées et je conclue "N'eut été l'argent, je plaquerais bien tout ça et je m'occuperais de mes enfants, de notre maison, et je chercherais une autre voie, une voie qui ait du sens". 
A ma grande surprise mon homme me répond "Laisses moi deux ans". 

Alors je vide mon sac, je lui dis que l'école de Minimog est super, est "on ne peut mieux" mais que je vois bien qu'elle n'en tire pas tout ce que j'imaginais, que je ne suis même pas certaine qu'elle en ait réellement besoin, que si on ne l'y obligeait pas elle n'irait plus.
"Mais c'est normal" 
"Mais non, c'est pas normal, non ! On nous fais croire que c'est normal, de ne pas avoir envie d'aller à l'école, de ne pas avoir envie d'aller au boulot, mais c'est pas normal. Un endroit qui t’épanouit tu as envie d'y aller, même quand c'est contraignant." 
Je lui dis aussi que le primaire approche et que je ne peux pas, je ne peux plus imaginer ma fille les fesses sur une chaises 8 heures par jour, 5 jours par semaine, entre les 4 mêmes murs. "Que restera-t-il de notre vie quand on se lèvera aux aurores, qu'on se couchera comme les poules, qu'on ira pas dehors parce qu'il faudra faire les devoirs... Quand l'école phagocytera, rythmera, limitera toute notre vie ? Et tout ce temps perdu à apprendre des trucs au mauvais moment, de la mauvaise façon alors qu'elle pourrait les apprendre tellement plus vite quand elle sera prête ! Qu'elle pourrait s'ouvrir à tellement plus de choses. Quand elle aura des notes ! Des notes ! quand tout ce qu'elle apprend aujourd'hui pour elle même, pour grandir, pour s'ouvrir au monde, pour entrer dans le monde sera nivelé, critiqué, commenté, étiqueté. Je n'y arrive plus, je ne peux plus accepter cette idée.". "Je suis prête, Papa-san. Je ne peux pas te l'expliquer en détail mais c'est dans ma tête, c'est là, je sais que j'en suis capable, ça ne me fait plus peur, nouveau décret ou pas, c'est clair dans ma tête".

Je m'attends à ce qu'il me traite de chochotte, d'utopiste, qu'il me rappelle que la vie ça coute des sous, toussa. 
Il me répond "Ok, merci de m'avoir passer le message" 
Et là il me parle projet, changement de vie et même déménagement si besoin. Il me parle de garder l'argent qu'on pensait investir dans l'aménagement de la maison, il me dit "ça se réfléchit, faut voir mais.... ouais, deux ans". 

Là je me dis mince : paroles de rêveurs ou est-ce qu'on vient vraiment de faire un gros, un très gros pas en avant ? 
Est-ce que subitement on a pas réellement amorcé un changement de direction ? Comme si au croisement de deux routes on s'était arrêté et qu'on considérait réellement la deuxième option.
Il nous faut faire un pas de plus en avant, le tout est de savoir de quel côté on part.