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mercredi 7 octobre 2015

C'est arrivé.... Je l'ai giflé.

"Je hurle comme une folle
Qu'elle me laisse donc tranquille
Soudain, mon bras s'envole
Jusqu'à sa peau fragile
Puis je fixe en silence
Ses yeux qui s'écarquillent
Etonnés d'ma violence

Couchée dans l'corridor
Abattue comme une quille
Elle me répète à mort
Que je suis pas gentille
Et devant son petit corps
Qui se recroqueville
J'me confonds en remords
J'ai battu ma fille

Moi qui couvrais de blâme
Tous ces idiots en rogne
Qui disent aimer leur femme
Et du même coup la cognent
Je veux la consoler
Mais je reste immobile
J'ai plus l'droit d'la toucher
J'ai battu ma fille


Je voudrais qu'elle me frappe
je voudrais qu'elle se venge
Qu'elle me rende ma tape
Avec sa p'tite main d'ange
Au lieu d'voiler de larmes
Ses yeux qui me torpillent
Je suis une pauvre femme
J'ai battu ma fille.

Tout c'que j'arrive à dire
C'est: "Monte dans ta chambre
Maman va t'avertir
Quand tu pourras r'descendre"
On dirait ma vieille mère
Faut croire que c'est d'famille
Que c'est héréditaire
J'ai battu ma fille


Tout d'suite, elle m'obéit
Ma foi, je lui fais peur
J'attends qu'elle soit partie
Avant de fondre en pleurs
Je suis inconsolable
Je suis une imbécile
Je suis impardonnable
J'ai battu ma fille


Je sais pas c'qui m'a pris
ça s'est passé trop vite
C'est elle que je punis
C'est moi qui le mérite

Demain, au déjeuner
Je remplirai son bol
D'ses céréales sucrées
Celles dont elle raffole
J'y ajouterai des dattes
Pour que ses yeux pétillent
Comme avant que j'la batte
Ma fille."


En ce moment, le stressomètre est à un niveau dangereusement élevé dans notre famille. Le mois qui s'est écoulé a été propice en coups de stress et sources d'ondes négatives en tout genre et je dois dire que l'impact de notre lieu de vie n'est pas des moindres.
Je peux vous assurer que je constate par le vécu les conséquences extrêmement négatives que peut avoir un mauvais environnement sur la psyché des personnes qui s'y trouvent.
Voilà quelques semaines que, mon époux comme moi, avons atteint un degré de ras-le-bol et de découragement quasi permanent sans que l'un n'arrive à remonter l'autre, voire pire, nous avions plutôt tendance à nous déconnecter de plus en plus l'un de l'autre, prenant inconsciemment l'autre pour cible à notre besoin de purger ce mauvais karma qui nous bouffe.

Forcément, quand les parents ne vont pas, ça impacte les enfants. Autant dire qu'en ce moment Minimog est « difficile ». Très égocentrée, elle écoute peu ou carrément pas nos besoins, rechigne à tout, n'en fait qu'à sa tête.
Et plus que tout, elle me sollicitait tout le temps d'une manière totalement invasive, voire agressive : grimpant sur moi, me tripotant à longueur de temps comme un doudou, voire me pinçant et me mordant sans raison et me tapant à la moindre contrariété, me traitant de méchante et de vilaine (j'ai bien essayer de savoir d'où cela sortait vu qu'on ne lui parle jamais comme ça mais sans succès).

Hors de question pour moi de tolérer cela évidemment, et Dieu sait que pendant des semaines j'ai tenté d'user de toutes les méthodes bienveillantes que je connaissais. Mais rien à faire, ma fille était un mur, hermétique à toute empathie et j'ai commencé à me retrouver sans ressources positives face à son comportement. Petit à petit, chaque situation (répétitive qui plus est) se soldait par un rapport gagnant/perdant dont je voyais bien que ce n'était pas une solution mais sans savoir comment faire autrement. C'est ainsi que la fêlure a commencé.

7 mois de grossesse, après avoir donné beaucoup dans nos projets de vie, fatigue et hormones me font ressentir le besoin de me poser, je ne me sens plus la patience d'encaisser tout cela avec du recul et l'escalade de la violence a commencé. D'abord des râleries, puis des cris, puis des phrases que l'on regrette. Avec ce sentiment constant que tout ça n'arrange rien. D'ailleurs ça n'arrangeait rien, puisque par mimétisme, Minimog adoptait de plus en plus le comportement que nous avions à son égard. 
Mais que faire ?
De plus en plus le doute s'est installé. Ma fille et les relations que j'entretiens avec elle commençaient à ressembler à tout ce que je ne voulais pas et j'entendais dans ma tête toutes ces voix qui me disait : « Ah ben tu vois ! On te l'avait dit que ça ne fonctionnerait pas ! Tu as voulu « faire autrement » et bien voilà le résultat, tu te fais bouffer et tu n'auras pas d'autre solution que d'en venir à l'autoritarisme et l'obéissance ! ».
Un sentiment d'échec s'est emparé de moi et le plus dur fut cette montée de violence qui me prenait lors de nos dérapages. Le fait qu'à 3 ans, elle me tape à chaque contrariété me rendait hors de moi. Le fait surtout que je tente de lui expliquer qu'elle me manquait de respect, que ça me faisait du mal et qu'elle ait l'air de s'en foutre ouvertement me rendait très vindicative à son égard. Dur d'aimer un enfant qui se moque de vous. 
Je lui en voulais, littéralement, et j'étais prise d'un sentiment d'injustice grandissant. Je me disais que, merde, un tas de personnes n'avaient pas le respect et la bienveillance que j'ai à son égard alors pourquoi fallait-il qu'elle se comporte ainsi avec moi ? Après toute l'énergie, tous les efforts que j'avais mis pour lui offrir une éducation respectueuse, elle n'était pas même capable d'avoir de l'empathie et du respect envers moi.

Et donc au fil du temps, ces situations ont commencé à faire monter en moi des élans de violence. Des envies de répondre par une gifle sonore à toutes ces agressions. Sentiment naturel de rendre coup pour coup qui m'avait toujours convaincu justement de ne pas recourir aux châtiments corporels. Chaque fois je réprimais cette montée mais à un moment, je ne savais presque plus pourquoi. Un jour j'ai même dit à Minimog « Tu voudrais que moi aussi je te tapes ? » en espérant que ça ait un effet dissuasif (pour elle comme pour moi), mais elle m'a dit oui, deux fois. A ce moment je ne savais même plus ce qui me retenait de ne pas le faire.
Ma mère m'avait dit un jour que (j'ai été élevée avec fessés et baffes) au moins « ça montrait ce que ça faisait d'être frappé ». Argument que je ne cautionnais pas parce que pour moi, l'exemplarité prévaut sur les beaux discours du « fait ce que je dis, pas ce que je fais ». Mais de plus en plus, l'image de la gifle me montait au cerveau et un jour, ce fut le coup de trop et ma main est partie.

Évidemment sur le moment ça « soulage »... ¼ de seconde. Passé ce ¼ de seconde, je me suis sentie brisée et j'ai fondue en larmes.
Je venais de recourir à quelque chose que je rejette profondément et plus jamais je ne pourrais me dire que non, je ne frappe pas mes enfants. Plus jamais je ne pourrais effacer ce geste, comme une souillure irrémédiable dans notre histoire.

La première réaction de Minimog fut de pleurer évidemment, puis de me dire « Tu m'as tapé sur la joue ! ». J'ai repris mes esprits en expliquant que oui, mais que je ne voulais pas faire ça, que je trouvais ça mal qu'on se tape et que plus jamais ça n'arriverait. Je lui ai quand même expliqué que je ne supportais plus qu'elle me tape en lui disant, en substance, « Maintenant, tu vois ce que ça fait. Ça fait mal à la joue et ça fait mal au cœur, moi aussi j'ai mal quand tu me tapes».
Si je devais revenir en arrière je ne referais pas ce geste, même « pour l'exemple », mais puisque c'était fait...
Mes larmes coulaient, coulaient, je ne bougeais plus, j'étais vidée à l'intérieur, et Minimog a eu une belle réaction : elle s'est approchée de moi et m'a dit : « C'est pas grave maman, je t'en veux pas, je sais que c'était un askident. » Ce fut un baume au cœur et je l'ai prise dans mes bras en lui disant que oui, c'était un accident, que ça n'arriverait plus jamais.

Quand son papa est rentré peu après, je lui ai tout de suite parlé de l'incident en lui disant : « Chéri, il faut qu'on parte d'ici et vite, j'ai giflé notre fille. » et Minimog lui a dit : « Maman m'a tapé sur la joue, et moi aussi je l'ai tapé, mais elle a dit que ça n'arriverait plus jamais. ». Son père a renchéri un peu comme moi en disant : « Tu comprends maintenant ce que ça fait. On ne se tape pas dans cette maison. Il ne faut plus se taper, personne. ». Depuis, elle continue d'avoir le geste parfois, comme un réflexe, mais un regard suffit pour qu'elle s'arrête avec l'air contrit ou qu'elle s'excuse la main sur la bouche. Au moins, même si la méthode fut mauvaise, cela aura-t-il permis une prise de conscience...

Bien sûr on en a parlé avec papa-san par la suite. Et j'ai passé une bonne partie de la nuit à remuer ça dans ma tête.
En parallèle de toutes les choses négatives qui ont mené à cet accident, j'ai entamé depuis août une réflexion sur les solutions à apporter aux soucis de comportement de notre fille et j'ai trouvé une très bonne source d'inspiration dans le « Concept du Continuum » de Jean Liedloff, qui est à mes yeux exactement le livre dont j'avais besoin.
Mais la conclusion de Liedloff est assez terrible. Après avoir expliqué les rouages du mode de vie en respect avec ce qu'elle appelle le continuum que lui ont inspiré les indiens Yekwanas avec qui elle a vécu, elle explique que si nous voulions faire de même, c'est toute la société dans laquelle nous vivons qu'il faudrait changer, et de dire que ça n'arrivera sûrement jamais. Que l'on peut seulement s'en approcher au plus et faire au mieux.
A ce moment là, ces propos résonnaient dans ma tête, et, aussi puéril que ce fut, j'en voulais à la société dans laquelle je vis d'être ce qu'elle est : de défendre des modèles d'éducation violents et inefficaces d'une façon qui fait que malgré nous, nous intégrons ces solutions et que nous mettons nos familles dans des situations qui mènent d'elle-même à cette violence.
J'ai réalisé que je n'avais rien connu d'autre. Que mon « instinct » me dit que cette violence n'est pas la solution, et que je la rejette. Mais après ? Quels outils j'ai en ma disposition ? J'ai été élevée avec des punitions, des coups, des cris, des menaces, etc. Je ne connais quasiment que des personnes qui éduquent leurs enfants ainsi. J'ai bien quelques copains dans le réseau de la bienveillance mais ils cheminent tout comme moi, et la majorité ont des enfants plus jeunes que la mienne. Ce sont des compagnons de route (précieux néanmoins!), pas des modèles. 
Alors quand je me retrouve devant une situation nouvelle sur laquelle je bute, mon cerveau lorsqu'il pioche dans sa base de données, il en sort quoi ? Ce que j'ai vécu, ce que je connais le mieux. Si à ce moment, je ne découvre pas le livre, la conférence, la personne ressource qui va pouvoir me donner une voie à suivre : je n'ai pas d'outils, je n'ai pas de solutions. J'essaye, mais en essayant, je me plante parfois, souvent peut-être. Pas toujours complètement mais le comportement actuel de ma fille fait partie de ces erreurs de parcours.
« C'est dur ! » m'a dit mon époux. Oui, c'est dur. C'est dur de devoir tout déconstruire pour reconstruire autre chose. C'est dur de devoir sans cesse lutter contre tout ce qui fait notre héritage éducatif. C'est dur de ne pas y céder. C'est dur de dépenser autant d'énergie pour se former au bon sens éducatif, parce qu'on ne l'a pas connu par ailleurs.
Le hasard a voulu que le jour même, nous regardions avec Minimog des photos d'elle bébé. Ça ne m'avait pas fait l'impression habituelle car j'ai vu toutes ces choses, ces « erreurs » que nous avions fait avec elle et que je ne veux pas reproduire avec Raoudi. Je me disais que ma pauvre fille, malgré tous mes efforts était condamnée à être une aînée : « celle qui mange les plâtres » comme on dit. Alors qu'il existe des sociétés où ce genre de fatalité semble de ne pas exister.
3 années d'énergie vouée à trouver des réponses pour en arriver là.... Je me sentais découragée, démunie : à la dérive.

Et puis j'ai repris espoir. Le parent parfait n'existe pas : des erreurs de parcours, j'en ai fait plein, j'en ferait encore, on en fait tous. Ce qui est vraiment grave ce n'est pas de les faire, ce serait de les ignorer, de les nier et de ne pas chercher à avancer. Ce qui fait de nous de « bons parents », c'est plutôt cette capacité à se remettre en question, à reconnaître ses erreurs et à chercher des solutions.
Ce qui est fait est fait. J'ai reconnu mon erreur envers ma fille, j'ai pris conscience du problème et je cherche des solutions. Chaque petit pas en faveur de plus de bienveillance est un bien, pour ma fille, ma famille, l'humanité, pour moi. Se morfondre n'apporte rien, je n'ai pas d'autre choix que celui de me remettre à marcher, d'avancer.

Voilà 3 jours que c'est arrivé et j'ai retrouvé une énergie nouvelle. Par chance, le lendemain de cette gifle, nous devions emmener Minimog pour notre séance d'haptonomie mensuelle avec le bébé. Ces séances ont lieu chez une psychothérapeute très bienveillante qui nous a du coup énormément aiguillé et éclairé sur le comportement de notre fille. J'ai eu la chance de pouvoir être entendue, et outillée. Du coup nous repartons sur les chemins, Papa-san, Minimog et moi, ensemble, main dans la main.

26 commentaires:

  1. Pour ma part et ma petite expérience de la même situation au même moment de la grossesse avec mon fils de 2 ans et quelques mois, je me suis aperçue qu'il voulait jouer en me "tapant", que c'était une invitation en quelques sortes à jouer à ce que nous appelions mes frères et moi "à la bagarre" mais en aucun cas une volonté de faire mal... Peut-être que je me trompe, mais du coup en réagissant à ça par des chatouilles ou des batailles d'oreillers, le truc était complètement désamorcé et nous nous amusions sans nous faire mal bien sûr. Et en oubliant le "mais il ne faut pas taper, c'est pas bien", on a finalement eu de très bons moments de rigolade et je me voyais plus la maman lionne qui s'amuse avec ses petits en se mordant gentiment...
    Bon c'est à prendre ou à laisser mais chez nous, ça a désamorcé quelque chose..en fait plutôt chez moi, c'est à dire que je préfère transformer une situation qui habituellement réveille en nous ce besoin d'éduquer en un moment de complicité. Quoiqu'il en soit, il a trouvé d'autres façons pour m'inviter à jouer énergiquement, il ne me tape plus ou très rarement si je ne suis pas vraiment présente.
    A voir dans l'avenir car comme tu le dis ta fille est un peu plus grande que mon fils.
    -Claire-

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    1. Merci pour ce commentaire Claire, tu as bien raison de rappeler que le jeu est une source de désamorçage à laquelle on ne pense pas toujours mais qui demande en revanche beauuuuucoup de recul et d'énergie, que l'on a pas toujours.

      Pour ma part, ce n'est pas la première phase de "tape" que nous traversons mais ce qui m'apparait clairement c'est que l'intention est beaucoup plus prégnante à 3 ans qu'à 2 ans, même si on ne peut surement pas dire qu'elle sait exactement "ce qu'elle fait". De plus, ce n'est pas une sollicitation au jeu mais bien une marque de frustration. Soit pour dire "je veux que tu t'occupes de moi et de rien d'autre" ou une contrariété. J'avoue qu'il est plus difficile de recourir au jeu dans ces conditions.

      Mais d'autres solutions existent néanmoins. Je sais aujourd'hui que dans les moments où je sens que ça monte trop, le mieux est de m'isoler ou de l'isoler elle par exemple. Le temps que ça se calme des deux côtés et pour que l'on se protège l'une l'autre.

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  2. Bon courage, ce n'est pas facile. Ma fille à 3 ans et je vais bientôt accoucher. Effectivement elle est passée par des phases plus ou moins faciles (qui correspondaient exactement aux miennes). Je rejoins Claire souvent le rire désamorce beaucoup de choses et c'est aussi détendant pour nous. Quand elle est énervée on lui propose d'aller crier dans sa chambre ce qu'elle fait maintenant spontanément, on lui demande aussi de le dire avec des mots quand elle est triste ou énervée plutôt qu'avec ses mains et petit à petit elle y arrive parfois. Quand elle tape c'est toujours parce qu'elle veut qu'on s'occupe d'elle.
    Et puis notre état psychologique et de fatigue joue un rôle énorme dans le comportement de nos enfants, c'est un peu le cercle vicieux.
    Il n'y a pas de recette miracle, vous avez probablement déjà lu "parler pour que les enfants écoutent et écouter pour que les enfants parlent" de Faber et Mazlish. Le seul livre de recette souvent "magique" que je connaisse mais encore faut-il être suffisamment en forme pour tenter de l'appliquer, pas toujours facile au quotidien. En tout cas comme elles le disent si bien, tout est réparable du moment qu'on communique, que nous soyons sincère avec nos enfants, en n'ayant pas peur de nous excuser et de nous remettre en question si besoin.
    Il est finalement ressorti quelque chose de très positif de cet incident, non pas le geste en lui même qui effectivement ne sert à rien, mais la gestion que vous en avez eu après ne peut que renforcer votre lien et votre confiance mutuelle.

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    1. Et non ! 'jamais lu LE lire de Faber & Mazlich (mais il faudrait. Encore moins de formation car c'est logistiquement impossible pour nous. Je n'ai lu que leur livre sur les relations fraternelles, que j'ai d'ailleurs chroniquer ici.
      Ceci dit j'en connais un peu la teneur, j'ai lu aussi Gordon et j'ai des bases en CNV façon M. Rosenberg. Mais rien de tout cela n'a fonctionné. Je crois que le problème était plus profond que ça, mais j'en reparlerai.

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  3. Bonjour, merci encore une fois pour ce nouveau témoignage.
    Je voulais simplement souligner une chose, même si je suis certaine qu'à toi elle apparaît tellement clairement que tu n'as pas ressenti le besoin de l'écrire : ce n'est pas la gifle qui a vraiment impacté le comportement de ta fille, mais la détresse que tu as aussitôt ressentie après l'avoir frappée qui, me semble-t-il, lui a fait comprendre la gravité d'un tel geste et la douleur qu'il pouvait infligé de part et d'autre, bien au-delà de la douleur physique.
    Merci encore, car effectivement, le chemin est difficile. Tous les jours, je me surprends à utiliser des menaces et des chantages affectifs pour faire avancer mon bébé plus vite (c'est toujours le temps qui manque, chez nous comme chez beaucoup d'autres). A la fois, je m'en veux, et je ne sais pas comment faire autrement. Mais je cherche, je continue de chercher. Et je m'excuse moi aussi.

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    1. Jolie précision, merci Alys.

      Ah ! le temps. je crois que l'on pense qu'il manque, mais en fait, c'est nous qui chargeons trop nos vies je crois. J'ai arrêté beaucoup de choses qui me tenaient à cœur au fil de ma maternité mais je dois dire que je ne regrette rien. J'y ai gagné en repos, en patience, en stress et en confort de vie. Je charge moins mes journées (et encore, souvent l'habitude revient) je prévois des marges de temps plus longues et je m'arrête régulièrement pour me dire "bon là, je ne peux pas tout faire : qu'est-ce qui est VRAIMENT important?". Et ça marche beaucoup mieux. Enfin ça fonctionne quand j'ai le mental pour faire tout ça ^_^.
      Je me dis que j'aurais bien le temps de reprendre un agenda de ministre quand mes enfants seront plus grands ;-)

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  4. Encore un témoignage très fort ! Il faut du courage, merci !

    Je n'ai jamais giflé mon fils mais j'en ai souvent clairement l'image dans ma tête et même l'impulsion ! et surtout surtout, j'ai souvent des gestes très brusques. Cela me met dans un profond mal être, j'ai honte de moi et n'arrive pas à en parler (même à mon conjoint). Alors merci beaucoup à toi de le faire !

    Pour ma petite histoire, mon fils nous tape et comme toi, cela déclenche un sentiment insupportable chez nous. Tout en ayant conscience qu'il cherche de la sorte à ce qu'on "le voit" il est pour le moment impossible pour moi de réprimer ma colère et mes gestes brusques (parfois, je me surprends même à anticiper le fait que si j'esquive son coup, il va se faire mal tout seul... c'est vraiment honteux, inacceptable et tout ce que l'on veut et j'essaye de faire un travail sur moi), d'autant plus qu'il semble aucunement ne tenir compte de tout ce qu'on peut lui exprimer. Un jour, il m'a même causé un oeil au beurre noir en me donnant un coup de tête (son geste favori lorsqu'il est dans cet état de frustration ou de colère ou de "regardez-moi"). J'ai eu terriblement honte et j'ai menti en disant que c'était arrivé en jouant. Et comme toi, j'ai ressenti un énorme sentiment d'échec et une remise en cause de mon approche bienveillante, en me disant "tu as vu comme il te parle ? comme il te frappe !". C'était un sentiment de grande détresse et de grande solitude.

    Mais pourtant la réaction de ta fille et ce qu'elle t'a dit (quelle empathie et maturité !) est clairement une victoire et la preuve, il me semble, que la bienveillance est le bon chemin.

    Sinon, comme Claire et Chloé, lorsque je sens dans ses gestes et ma colère qui monte que cela va déraper, j'essaye aussi de transformer cela en séance "bagarre" ou "guilli" ou "bisous partout" et c'est vrai que cela désamorce immédiatement la colère de part et d'autre. Par contre, je n'arrive pas toujours à passer outre la colère pour me mettre à rigoler avec lui...

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    1. "Mais pourtant la réaction de ta fille et ce qu'elle t'a dit (quelle empathie et maturité !) est clairement une victoire et la preuve, il me semble, que la bienveillance est le bon chemin.". C'est exactement ce que je me suis dit. Je me suis dit que malgré les dérapages, la graine est plantée et ne demande qu'à pousser. Et ça encourage encore plus à continuer dans cette voie.
      Elle m'a sciée quand elle m'a dit ça, et je l'en remercie : ça m'a tellement aidé à avancer !

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  5. Bonjour,
    Je ne laisse jamais de commentaire sur vos billets, mais je tiens à vous remercier pour votre regard, votre courage et votre précieuse sincérité. Chaque parent chemine plus ou moins seul, avec plus ou moins de "réussite" par rapport à son projet parental initial... Il est vrai que par moments, l'on peut se sentir isolé(e), voire découragé(e) si l'on s'en réfère aux billets souvent "positifs" de la blogosphère ou des réseaux sociaux. Je pense qu'il est en effet plus facile de partager un "succès" qu'un "échec"... Pour moi, lire les expériences positive MAIS AUSSI les échecs d'autres parents m'apporte matière à réflexion et bien souvent, me redonne du courage, de l'espoir et de l'énergie pour continuer d’avancer. Donc, pour tout cela, un grand merci. Et bonne continuation à vous !

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    Réponses
    1. Ah Marjolaine ! A mon grand regret, je trouve aussi que la blogosphère est assez pauvre de ce côté et je le regrette.
      Après je comprends aussi les blogueuses : c'est difficile d'écrire sur ce genre de choses. Moi ça m'aide, et j'ai le caractère qui va avec mais c'est une mise à nu et un risque qu'il faut pouvoir prendre (la preuve, j'ai quand même essuyé des retours violents avec des articles de ce genre). Je comprends que tout le monde ne veuille pas partager ce genre de morceau d'intimité. Et puis c'est bien moins gratifiant. J'étais 5 fois plus lues quand j'écrivais des articles sur mes découvertes Montessori qu'aujourd'hui où j'écris des choses plus profondes. (Et pourtant, j'écrivais des trucs on ne peut plus basiques et je n'inventais pas l'eau chaude...)

      Après je n'ai peut-être pas trouver les bons blogs. Si certaines ont des idées, je prends !

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  6. Merci pour ton témoignage ... Moi aussi ça m'est arrivée 1X , c'est parti sans que j'ai eu le temps de contrôler, moi aussi j'ai eu honte, j'ai pleuré ... j'en ai parlé autour de moi car le chemin de la bienveillance est long, difficile selon les moments, selon chaque enfant, ... et aujourd'hui encore même si je me contrôle , je sens quand la colère monte, je sens la violence monter en moi. Je me suis fait aider un peu et ma grande aussi ; ça allait mieux mais depuis quelques semaines c'est à nouveau compliqué. Je pense qu'il va à nouveau falloir que nous nous fassions aider l'une comme l'autre. J'ai eu une éducation très stricte, j'ai connu les fessées et le coin et l'héritage est encrée en nous ... seule façon de s'en sortir est de faire un travail sur soi, de se faire accompagner et d'en parler. L'atelier avec Isabelle Filliozat m'a bcq aidé. J'ai aussi appris à déculpabiliser, oui ça arrive, ce n'est pas bien , mais on va faire en sorte que ça ne se reproduise plus... on a tous nos failles et il faut les accepter et ne pas les rejeter, savoir vivre avec , admettre qu'il faut travailler sur ce terrain sensible.
    J'espère que mon geste ne se reproduira jamais , mais j'ai encore des phrases "assassines" lors des moments de crise et je peux te dire qu'en ce moment mon zébrions est épuisant et je ne sais plus quoi faire pour nous sortir de ce tourbillon ... à part me faire aider et l'aider à exprimer son mal être du moment chez moi ou ailleurs pour qu'elle se sente à nouveau apaiser et qu'on puisse repartir remplie d'énergie et d'amour!

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    1. On est assez seuls avec notre parentalité. Cela ne facilite pas les choses. C'est vrai que du soutien c'est parfois primordial. Mais je me dis que nous œuvrons pour ouvrir des voies que nos enfants suivront et approfondiront en plantant des petites graines de bienveillance de plus en plus fortes.

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  7. Bonjour Hélène,
    Merci pour ton témoignage... C'est drôle, cette semaine j'étais habitée par l'envie d'écrire un article "lever le voile". Nous avons passé un hiver terrible avec la naissance de notre petite dernière. Une accouchement incroyable, dans la joie et la conscience, mais les premiers fois furent exténuants.... Et avec des poussées de violence et de grands conflits avec mon ainé à ce moment là. Nous nous sommes retrouvés quasiment en duel un soir dans sa chambre, je voulais l'accompagner dans la gestion de sa colère mais je n'en avait pas la force émotionnelle. Nous avons échangé un coup chacun. Horrible blessure, j'en pleure encore. Il m'a consolé après...

    Nous sommes tous notre pire ennemie.

    J'ai été élevé dans la bienveillance, j'ai reçu de ma vie (de la part de mes parents : un coin + 1 fessée + 1 claque), 3 actes dont je me souviens dans chaque détail, preuve qu'ils étaient extra-ordinaires. ma mère s'excuse encore de ce geste, 20 ans plus tard.

    Je suis désormais plus ferme dans mes exigences de comportement avec mes enfants, c'est vrai. Exigence et bienveillance.

    Même si tout s'est apaisé aujourd'hui, vivre et préparer une naissance, c'est être dans l'œil du cyclone.

    Etre parent, quel métier !!

    J'aime beaucoup la métaphore de la boulette de papier :

    "Regarde cette feuille de papier comme elle est lisse, belle et agréable à toucher.
    Froisse-là maintenant.
    Essaie de la remettre comme avant.
    Tu ne peux pas ?
    Essaie de la lisser, de l'aplatir.
    Toujours pas ?
    Tu vois, quand on blesse quelqu'un, même si on essaie de réparer ou de dire pardon, il reste toujours une trace.
    Ce ne sera jamais plus comme avant."

    Et puis, essayons la bienveillance envers nous...

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    1. J'ai hâte de lire ton article alors. Tu mets toujours de si bons mots sur les choses. Comme tu viens de le faire ici.

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  8. Bonjour Helene
    Tout d'abord, je suis énormément touchée pour tes partages. Aujourd'hui, comme l'article précédent sur l'accouchement de minimog, j'ai pleuré...(et je ne suis pas une personne sensible pour te dire, je ne pleure quasiment jamais)

    Je t'ai écouté avec mon coeur et te sens si proche, c'est pourquoi je me permets de te dire tout ce que j'ai sur le coeur même si je pars contre courant :

    1. Helene, ta fille est FORMIDABLE et très mature psychologiquement. Quand j'ai lu qu'elle t'as dis " « C'est pas grave maman, je t'en veux pas, je sais que c'était un askident. », ohh que c'est merveilleux ! (entre guillemets, je fonds pour le mot askident ;) )
    Concretement, qu'est ce que cela signifie ? Ta fille t'AIME Enorméméent, et n'a pas supporté de te voir en larmes même si elle vient d'avoir une giffle et c'est elle qui est venue vers toi pour te remonter le moral, c'est un petit ange plein de bonté. Aussi, elle t'a PARDONNE sur le coup et a essayé de te faire savoir, avec son petit vocabulaire d'enfant, que ce "petit geste ne signifie rien dans notre belle relation maman".

    Helene, permets moi de te dire d'être plus "gentille et respectueuse", mais envers toi même. Tu es très dure avec toi même. Crois moi, ce n'est rien, une tape, une giffle. ce n'est pas une action qui dessine la signification d'une relation fondée sur l'amour et le respect, et ta fille le sait très bien ;-) lol !
    Je pense qu'on se perd trop dans les détails en voulant suivre une éducation bienveillante, qu'est ce que dois ne pas faire, comment je dois corriger tel comportement ? quels outils face à quel problème ? et Ben pour moi, je trouve cela du commerce.

    Pourquoi je dis ça? parce que chaque être "l'enfant comme la mère comme les autres membres de la famille" sont UNIQUES. Ce qui marche avec bébé 1 pourrait ne pas marcher avec bébé 2. Maintenant, étant (moi) une maman en cheminement, que dois je faire? lire tous les livres et outils et méthodes qui existent dans le monde et essayer de les appliquer une à une ? personnellement, mon enfant ne me donne pas le temps de le faire, il évolue si vite que quand j'aurais fini de lire et d'essayer toutes ces METHODES, il aura grandit et la culture de famille s'est déjà installée et may be ça sera tard.

    Pour moi (je parle bien de mes convictions personnelles), je trouve qu'il faut rester dans le stratégique et non l'opérationnel : qu'elle est la vie de famille que je veux ? quelles valeurs je veux transmettre ? et essayer que son jour, sa semaine soient en phase avec cette culture. Essayer que le maximum du temps passer ensemble avec la famille qu'il célébre ces principes. Maintenant, oui, il y aura des dérappages, des exceptions, comme ta giffle ;-), mais l'essentiel c'est le socle, ce sont les 99% de moments d'amour qui font la culture de famille.

    et pour moi l'AMOUR d'une mère a le pouvoir de défroisser une feuille et de reconstruire le verre cassé :)
    Et je crois, hélene, que le comportement agressif de ta fille n'est pas une agressivité mais un CRI d'amour. Je ne suis ni psycologue, ni pédagogue, et bien sûr je peux me tromper, mais essayons de voir ceci de ce point de vue: est ce qu'elle n'est pas entrain d'attirer l'attention de sa maman chérie envers elle ? est ce qu'elle ne demande pas plus de temps à tes côtés? est ce qu'elle n'est pas frustrée de ce nouveau bébé qui va arriver et t'en veux ?
    la suite ci après

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  9. Suite..
    Et si tu lui accordes beaucoup plus de temps maintenant, chaque jour ? juste pour jouer, s'aimer ? en niant tous les agressivités en cours ?
    Ah maintenant, je me rappelle du conseil phare que j'ai lu du psycologue DODSON et qui marche à merveille avec mon fils : "si vous voulez corriger un comportement ou le faire cesser, il ne faut jamais lui dire de "ne pas faire X", car dans la psychologie d'un enfant, c'est comme vous lui dites "faites le". Au contraire, NIER le comportement négatif et à la place RENFORCER le comportement positif. Donc à chaque fois que l'enfant fasse une chose contraire de son comportement négatif, on lui dit que c'est bien ce qu'il fait, que sa maman l'aime,...et le comportement positif va primer car il sera encouragé.
    J'encourage vivement de lire le livre du Dr DODSON: tout se joue avant 6 ans. C'est un livre concret, pas idéaliste, qui dit ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire à chaque étape de développement de l'enfant: du développement psychologique aux jouets, à l'acquisition de la propreté, à Montessori et REggio (même si les méthodes ne sont explicitement nommées ainsi). c'est ma BIBLE et ma permis d'éviter des erreures d'éducation. Il a aussi un autre livre que je n'ai pas encore lu: Aimer sans tout permettre....
    Je recommande fortement ses livres concis et conrets. Très peu de livre et très concentrés, je me méfie des écrivais qui font du commerce (ça n'engage que moi !)

    Prends bien soin de toi et merci hélene du partage de toutes tes réflexions qui m'ont sauvé à un moment
    Bises à ta petite

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  10. Ah! dernière chose! et si on essaye toutes de vivre le PRESENT, uniquement le présent. Chaque matin, on se lève en se disant: c'est une nouvelle journée, Je vais la vivre comme j'aimerais, et oulier le passé et les peurs du futur ? commencer si le passé n'a pas existé et tout pardonner (son mari, ses enfants, ses camarades du bureau, ...)
    Je vais essayer de m'en rappeler chaque matin :-)

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    1. Pfffffiou Hakima, c'est ton message qui a manqué me faire monter les larmes aux yeux.
      Je n'ai pas le temps de répondre trop longuement étant en week-end vosgien pour l'anniversaire de ma puce. Mais je voulais quand même prendre le temps de te dire un immense MERCI.

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  11. 2 buts contre 1 :) tu restes gagnante, j'ai pleuré 2 fois moi :-)) et te remercie ici de ton précédent article sur l'allaitement de minimog, qui m'a fait changer d'avis le matin que je l'ai lu en me disant: je ne penserais pas aux activités pour mon fils, on va passer notre temps à nous caliner, à jouer et à rigoler :) c'est ça une vrai vie de famille et ça dont il a besoin plus que tout maintenant.
    Alors c'est l'anniversaire de Minimog, MERVEILLEUX, j'espère que ce jour soit le premier jour de la merveilleuse vie que vous voulez pour votre famille (y compris papa san).

    jùkhovvgterrreddddd viklfffffjjjjjjjjj syhhhkfj hodsik rhjfjtqzbbvvbgn (ah ça ce n'est pas moi qui l'ai écrit, c'est mon fils qui est venue réclamer écrire sur ton blog, may be il veut faire connaissance avec minimog ? ;))

    Par ailleurs, j'étais en train de penser à toi ce soir et je me suis rappelé soudain d'une étape de développement dont a parlé Dr DODSON: vers 3 ans, c'est la période des idylles familiaux, où la fille tombe amoureuse (pour de vrai) de son papa et donc la mère devient "son ennemi", ben oui elle a pris son chevalier :--DDD Est ce que minimog n'est pas par hasard très affectueuse avec son papa ? ça peut être une piste aussi pour essayer de comprendre son comportement ? Dans ce cas, c'est très bénéfique pour son évolution psychologique, c'est une étape ESSENTIELLE d'un développement normal et équilibré de l'enfant.
    Helene, on peut continuer par mail si tu veux surtout pour t'envoyer des résumés sur le livre de Dodson, car je sais qu'avec une grossesse et un foyer à gérer, ce n'est pas évident de trouver le temps pour lire, mon mail : benmoussah@gmail.com
    Le livre contient aussi des conseils pour gérer au mieux l'arrivée d'un nouveau né (car ça serait un bouleversement aussi)
    Bises et n'oublie pas: TU FAIS TRES BIEN LES CHOSES, je me suis toujours dis comment tu arrives à tout gérer et à bien faire :-)

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  12. Que c'est "agréable" de lire un article comme celui-là et de découvrir que je ne suis pas la seule à être confrontée à ces difficultés.
    Je trouve ça dur, si dur, d'essayer de rester bienveillante, tout en étant confrontée à un petit bonhomme de deux ans qui n'entend pas les "ça me dérange/ça me fait mal d'être tapée", qui est hermétique aux "je me sens fatiguée, j'ai besoin que tu m'écoutes" et autres "j'en ai assez de répéter les choses, ça m'énerve et je sens la colère qui vient".
    J'essaie, j'essaie, et ça ne marche quasiment pas. Peut-être à deux ans est-il trop jeune pour comprendre que mes émotions doivent aussi être entendues?
    Je tente d'autres pistes à la Filliozat/Faber-Mazlich : écoute des émotions de mon fils aussi (ça marche un peu plus que lui demander d'écouter les miennes), mise en situation de choix (tu préfères le bavoir bleu ou le rouge?), et mise en responsabilité (c'est ta responsabilité : soit tu écoutes ce que je te demande de faire, soit on s'en va/on arrête, etc…).
    Mais je trouve que globalement, quand même, je dépense une énergie considérable pour essayer de mettre en place ces choses qui portent peu leurs fruits. Très souvent, je me sens à court d'idées, comme si je n'arrivais pas à être suffisamment créative dans les solutions que je propose. Je lis, je relis, mais malgré ça, je patauge.
    Je suis enceinte de 7 mois, dans un état de mal-être physique quasi constant, et même si je ne suis jamais allée jusqu'à taper, je crie, je hurle, bien trop souvent (à mon avis, les cris et les mots peuvent parfois faire bien plus de mal qu'une tape)! Et plus je crie, plus je hurle, plus finalement je m'autorise à la faire (3 fois en 3 jours… c'est trop, beaucoup trop). J'ai aussi des gestes très brusques (heureusement, rarement) qui sont comme mon unique "défense" quand mon fils me met dans une situation douloureuse (par exemple quand il court partout quand il sort du bain et que je dois le contenir physiquement, ce qui me provoque des contractions).

    Paradoxalement, je sens que je suis sur la bonne voie… Mon fils est dur en ce moment, c'est légitime qu'il le soit dans un contexte où il va devoir céder sa place d'enfant unique. Je me dis que s'il se sent autorisé à se comporter ainsi, à décharger ses émotions, c'est qu'il sait qu'il le peut et que nous les accueillerons. Mais comme c'est dur de persévérer et de réprimer mes accès de violence!!! J'essaie de me dire que plus il se comporte ainsi, plus je dois lui accorder d'attention et d'amour, mais parfois mes ressources sont taries, concomitamment à celles de mon mari et on se retrouve très démuni pour faire face à des comportements épuisants et agaçants (pas de personne ressource à qui confier notre fils un moment pour souffler).

    Bref, mon commentaire ne fait pas avancer le débat, mais je te remercie d'avoir partagé cet épisode de ta vie de maman en toute humilité.

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    1. Bonjour Anne
      A 2 ans, mon fils était difficile aussi (c'est la période de la première adolescence selon Dr Dodson). Il était comme le votre, ne tient pas en compte de mes sentiments la majorité des cas, me désobéit.
      A 3 ans maintenant, c'est un amour, il écoute, m'obéit. tiens en compte mes demandes même si elles sont contraignantes pour lui.
      A mon avis, votre enfant est tout simplement trop jeune pour qu'il réponde à nvos demandes d'adulte :) Patience !
      Selon Dr Dodson, la nature est ainsi faite pour que le bébé QUITTE son univers de BEBE et rentre dans l'univers de l'Enfant. il est en train de déconstruire son monde de bébé et cela se fait dans la violence et la peur, d'où son comportement agressif, comment s’il est en train de se demander : mais qu’est ce que je veux moi ? rester dans mon monde de bébé calme et apaisant ? entre les bras de ma mère ? ou bien accèder à un autre monde inconnu ?
      Après viennent les 3 ans qui sont une année d'équilibre, de calme et d'amour car l'enfant rentre dans l'univers de l'enfant et y trouve ses repères. et 4 ans c'est encore le déséquilibre suivi par l'équilibre à 5 ans.

      La meilleure technique est celle dont tu viens de parler: le reflet de ses sentiments à lui: tu es en colère parce que tu veux encore jouer dans le jardin d'enfants et que maman te prenne à la maison malgré toi (par exemple). Comme ça l'enfant sait qu'il est compris même s'il reste en colère et cela le rassure.
      Maintenant avec une grossesse en cours c'est plus difficile pour vous deux certes :-( je vous envoie plein plein de bonnes ondes.
      NB: ce que je partage ici c'est le résumé de mes lectures, ni plus ni moins, je ne prétend pas COMPRENDRE le fonctionnement de l'enfant :) espérant que cela aide quelqu'un d'autre (comme ça était mon cas).
      Amitiès

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    2. Anne, je me retrouve beaucoup dans ce que tu vis.
      Pour moi peu importe que tu fasses "avancer le débat", si ça te fait du bien alors tu as bien fait de t'exprimer ici.

      Pour ma part, j'ai connu l'inverse d'Hakima, à 2 ans c'était super, c'est maintenant qu'elle a 3 ans que je connais ma période la plus difficile et que tout ce qu'on a mis en place semble s'effondrer et être remis en question.

      Etre à l'écoute, c'est tellement important, mais tellement difficile par moment, surtout en fin de grossesse, je le vis aussi.

      Après quand tu dis "J'essaie de me dire que plus il se comporte ainsi, plus je dois lui accorder d'attention et d'amour"; L'amour, oui, toujours. Par contre l'attention...... ??? C'est une de mes grosses recherches du moment. Mais j'en reparlerai.

      Je compte dédier une nouvelle série d'articles à notre cheminement vers un retour à la bienveillance, nourrie de tout ce que j'engrange en ce moment. On aura je l'espère, l'occasion de ré-échanger à ce sujet.

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    3. Salut Helene
      Je reviens juste pour parler de cette question d"'âge": selon Dr Dodson, quand on dit qu'un enfant de 2 ans est difficile, cela peut ne pas correspondre à l'âge biologique exact: avec un enfant cela peut commencer à un an et demi, et avec un autre cela peut commencer à 2 ans et demi (et bien sûr cela peut ne pas durer une année entière).
      Peut être est minimog est en avance sur son âge biologique ? à 2 ans et quelques mois, elle vivait l'équilibre d'un trois ans, et à 3 ans et quelques poussières, elle commence déjà le désequilibre de 4 ans ?

      L'essentiel c'est que l'enfant passe par cette spirale de développement psychologigue: une période d'équilibre, suivi nécéssairement par une période de déséquilibre, afin qu'il puisse accéder à un autre niveau de développement. Si non, l'enfant restera coincé dans sa période initiale. Rien que cette prise en conscience pourra aider la mère à relativiser et à être plus détendue.

      Bon après tout ça on revient pour dire que chaque enfant est unique, et bien sûr l'histoire de chaque enfant est différente et peut impacter cette évolution.

      Je continue à te suivre Helene, tu dégages une belle énergie :)
      Amitiès

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  13. Ce billet (et ses commentaires) m'a tellement émue que je souhaite, Hëlëne, te dire un grand MERCI pour ce témoignage, et ton blog en général. Ton vécu, tes doutes, tes questionnements, ton cheminement... font très souvent écho avec ce que je vis, et tu l'exprimes si bien !

    J'ai découvert la bienveillance à la naissance de mon petit garçon de 3 ans, mais cela dénote tellement de la manière dont j'ai moi même été éduquée, que je suis avide de blogs et lectures pour me conforter dans mon choix et me donner des pistes d'amélioration.

    Certes, je souhaite éduquer mes enfants sans punitions ni violence, mais les seuls conseils que j'entends sont : "ne te laisse pas faire", "il faut montrer qui commande", "donne lui des coups de pieds au cul", "mets le au coin" ;-( (Même mon conjoint en vient à douter.) Ces conseils, en plus d'être humiliants (pour moi en tant que maman), mettent à rude épreuve ma détermination à être et rester bienveillante...
    Et si finalement la bienveillance ça ne marchait pas??? Alors ton témoignage et celui de tes lectrices me rassurent sur le fait que mon cas n'est pas isolé, que chacun rencontre des difficultés, et que si mon petit garçon tape et parle mal, c'est peut être juste parce qu'il a 3 ans... et que la solution n'est pas de le punir ou de le frapper en retour, mais plutôt de continuer sur le chemin de la bienveillance. Parfois j'oublie qu'il est encore si petit, et je lui en demande trop pour son âge.

    Pour moi, le plus difficile dans la démarche de la bienveillance, c'est d'allier bienveillance ET fermeté ! Comment être ferme sans basculer dans l'autoritarisme, alors que c'est justement le modèle que je connais de mon enfance? J'ai l'impression qu'avant de trouver le modèle de bienveillance qui correspond à ma famille et à mes enfants, je dois naviguer entre "laxisme" et autoritarisme... Pour un jour, à force de tâtonnements et d'erreurs, finalement trouver ma voie.

    Une autre difficulté de ce mode d'éducation, est sans doute l'investissement que cela demande aux parents. Avec un enfant, c'est parfois dur, alors quand un autre pointe le bout de son nez... le temps et l'énergie demandés peuvent être épuisants.
    Comme minimog, peu avant la naissance de son petit frère, mon aîné est devenu très difficile, faisant de chaque tâche quotidienne une lutte de pouvoir. J'en suis ressortie épuisée au point de ne plus réussir à le supporter. Je me sens tellement agressée par son comportement que la violence verbale et physique s'est également invitée chez nous... parfois même avec l'intention de lui faire mal comme il me fait mal. Je m'en veux tellement de ne pas réussir à me maîtriser mais j'ai l'impression de lui avoir donné tout ce que je pouvais, et que ce n'est pas encore assez...

    Alors ton blog, et d'autres, me redonnent espoir et confiance, et me poussent à poursuivre dans la voie que j'ai choisie, certes difficile, mais tellement plus enrichissante et plus en accord avec mes convictions profondes. Un jour cela portera ses fruits, c'est sûr :-)

    Merci Hëlëne pour tous ces partages !!

    Pauline

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  14. je découvre cet article (au lieu de dormir) et vraiment... vivement qu'on se voie ! Il me touche et me fait encore avancer
    merci !

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    1. et du coup j'en oublie la moitié de mon commentaire ;-)
      = je me sens rassurée de te lire aussi, dans les commentaires, sur cette histoire d'âge : moi aussi j'ai lu récemment ces trucs sur le fait que 2 ans c'est l'âge dur, 3 ans l'âge facile, et chez F. aussi c'est pas du tout ça, à 2 ans y avait des trucs parfois un peu compliqués mais c'était bénin, c'est maintenant que c'est compliqué.
      Contente de lire qu'il peut en aller ainsi chez d'autres aussi, et que là encore, c'est pas que j'ai foiré qqch car "normalement il devrait être en période de stabilité en ce moment"

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