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dimanche 11 octobre 2015

C'est l'histoire de....

Mon beau père a été hospitalisé pendant plusieurs jours. Nouveau stress pour nous mais aussi pour Petit Chou. Alors que l'on tente depuis des mois d'apaiser les angoisses qui nous (me) dévorent depuis le décès de ma maman, Petit Chou nous pose moultes et moultes questions sur la situation de son papi, l'hôpital, les médecins qui soignent etc...et le voilà qui reparle aussière sa Babou. évidemment le lien dans sa tête est flagrant tout comme l'inquietude qui grandit chez lui. Surtout après l'avoir vu a l'hopital, et pour autant lui cacher la situation nous semblait une idée bien plus mauvaise.  Aucun secret ne peut être bon pour un enfant.

Quoi faire? Comment l'apaiser alors qu'il ne nous parle pas, qu'il ne répond pas a nos questions. 
Quoi faire a part répondre a ses interrogations simplement alors même qu'il ne semble ni apaisé, ni satisfait de nos réponses que l'on répète inlassablement.
Essayer de rejouer la scène, pas toujours évident et ca ne prend pas. Utiliser des marionnettes non plus, dessiner encore moins.


Et puis un soir, alors qu'il me demandait une histoire et que la situation me taraudait, j'ai commencé a lui raconter l'histoire d'un petit garçon.

" C'est l'histoire d'un petit garçon qui est inquiet.  Il est inquiet parce que son papi est à l'hôpital et il se pose beaucoup de questions..."

Je me suis basée sur ce que je croyais qu'il ressentait, j'ai parfois extrapolé et peut être même fait des analyses dignes d'un psy de comptoir pour raconter l' histoire mais très vite et à plusieurs reprises, il m'a interrompu pour me parler, me raconter, ce qui arrivait a son papi, pourquoi il était inquiet....a chaque fois je me suis arrêtée pour l'ecouter et en discuter avec lui avant de reprendre mon histoire jusqu'à l'interruption suivante.

 

Depuis,  chaque jour je lui raconte l'histoire du petit garçon. Chaque jour le petit garçon revit la journée de Petit Chou et lui permets de revenir sur les moments forts de la journée, bons ou mauvais. 
Mon fils, comme beaucoup d'autres enfants ne racontent pas, ne se livre pas, qu'il ait passé des moments agréables ou angoissants, il garde tout pour lui et il s'exorcise par des coups, de l'enervement, des difficultés à s'endormir, des demandes de câlins qui semblent insatiables....

Il a vite compris que le petit garçon n'était personne d'autre que lui mais il est devenu un moment rituel de partage et de communication important, un moment de disponibilité totale. Il arrive même certains jours qu'il me demande de lui raconter l'histoire en dehors du rituel. Je sais alors que de  la même  manière que Minimog avec sa peluche, il a besoin de raconter un moment qui a été marquant pour lui.

Cette forme de médiation par l'histoire nous a non seulement permis de parvenir a communiquer ensemble sur certains points et d'apaiser des inquiétudes mais elle nous aide aussi dans les difficultés quotidiennes et nous permets d'eviter certains conflits.

On dit que le jeu symbolique à 3 grandes fonctions: compensatoire, on dépasse ses peurs et les interdits; liquidatrice, en évacuant les angoisses et anticipatrice en lui permettant de se projeter et de retrouver une certaine maitrise des évènements. J'ai l'impression que l'on retrouve ces 3 fonctions dans ce "jeu de rôle " qui s'est installé, toutes ne sont pas présentes à chaque fois ou l'une d'entre elles prend le dessus sur les autres.

Finalement,  on propose des livres pour aider les enfants à surmonter telles ou telles craintes (j'ai d'ailleurs acheter un livre sur la mort qui a été un échec total puisqu'il ne veut pas en entendre parler....) mais chez nous  le mieux est encore de lui raconter sa propre histoire n changeante en permanence et qui n'exerce aucun blocage. Ca ne marchera peut être pas sur tous les sujets mais en attendant on retrouve un peu de quiétude et c'est tellement chouette de l'écouter raconter!

 




9 commentaires:

  1. Merci pour cette belle histoire ! Chez nous aussi tous les soirs on raconte l'histoire de la journée, et mon enfant l'attend avec impatience. Il peut également le demander en cours de journée, pour faire une pause. Je pratique ce rituel depuis qu'il a une semaine : il pleurait tant et tellement souvent que c'était pour moi, le soir venu, le seul moyen de trouver la force de le garder encore contre moi (hurlant), de le bercer dans mes bras et de lui murmurer doucement l'histoire de la journée...jusqu'à ce qu'il s'endorme (pour 20 minutes...). Maintenant il nous raconte lui aussi. C'est fou comme alors on découvre son enfant. Des détails insignifiants à nos yeux peuvent avoir une grande importance pour ces petits bouts d'chou pour qui tant de choses sont encore nouvelles.
    Pour nous adultes qui ne nous accordons plus tellement ces temps là, c'est un beau moyen de "faire le point", de noter les petits bonheurs qui font le quotidien, de rire ensemble, de sécouter, de nommer, de voir le monde à hauteur d'enfant.

    Je vous souhaite de vivre longtemps ces moments d'echanges et de dialogues.

    Capucine

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    1. je vois que l'on a vécu les même débuts de vie! Tuas tout a fait raison, c'est incroyable de voir ce qui est important pour eux, de voir parfois a quel point on est complètement en décalé. Faire le point, voir le monde à leur hauteur et grandir avec eux, c'est moments sont d'une telle richesse!
      Merci pour ton témoignage, je te souhaite également de vivre encore longtemps de si beaux moments

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  2. Je trouve ça génial. J'ai souvent essayé de faire un peu raconter ma fille sur son vécu de la journée mais je n'ai jamais pensé à le faire comme ça. Pourtant c'est si simple, si évident. J'essayerais à la maison !

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    1. je pensais que tu continuais avec moumousse, lol! d'ailleurs en écrivant l'article je pensais justement à minimog et tous ces enfants qui rentrent de l'école, ne racontent rien alors que les parents aimeraient savoir!

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    2. Tu parles : Moumousse for ever ! ^_^. il est toujours là, aidé d'Anatole le lapin. Mais ça n'empêche pas de varier les angles et les façons de faire !

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  3. Je vais essayer aussi ! Merci pour cette idée.

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    1. reviens nous dire ce que ça a donné surtout!

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    2. Alors mon petit chou à moi réclame "l'histoire du petit garçon" tous les soirs. Il lui donne un prénom différent à chaque fois avec lequel on rigole bien (Zazou ou Patate ou Petou ou des noms imprononçables...).
      Il a évidemment compris qu'il s'agissait de son histoire.
      Cela reste quand même très difficile de lui faire parler de son vécu. Quand j'attribue une émotion à ce petit garçon en lui demandant "qu'est ce que tu en penses ?" il me répond "oui oui" vite fait puis "allez continue à raconter..." Mais j'arrive quand même à le faire parler en lui disant par exemple :"il a eu peur à ce moment là, qu'est ce qu'on pourrait lui dire ?"

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    3. oh c'est chou! c'est une bonne idée cette façon de faire, c'est vrai que dans ces moments, même si ils reconnaissent leur histoire, il préfère nous entendre raconter plutôt que de digresser sur leurs émotions ;-) Généralement je laisse passer, je sais que les moment forts vont ressortir pendant l'histoire parce qu'il a sa manière à lui de revivre tout ca. Mais demander ce qu'on peut faire ou dire peut rassurant va lui donner des outils qu'il pourra réutiliser dans d'autres circonstances et ca c'est chouette!

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