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lundi 12 octobre 2015

Après la gifle : un retour vers la bienveillance réciproque - 1- la bienveillance, c'est difficile parce que...

"When your day is long
And the night, the night is yours alone
When you're sure you've had enough
Of this life, well hang on

Don't let yourself go
'Cause everybody cries
And everybody hurts sometimes"


Mes récents articles ont suscité de sacrés retours et des échanges si riches humainement que je sens bien que j'ai ouvert une brèche dans laquelle il me faut plonger.

Forcément, vu les circonstances, j'ai décidé de concentrer mon énergie sur mes enfants : mon fils à naitre et ma fille. Il faudra que je garde de l'énergie pour mon homme aussi. Mais son rôle est de nous installer dans notre nouvelle maison, ce que je ne peux plus faire, je n'en ai plus les moyens physiques. Mais la force intérieure, je l'ai, alors à moi je prendre ma machette et de défricher la jungle relationnelle qui a poussé devant nous pour retrouver le chemin vers un retour à la bienveillance dans notre famille

Mais une bienveillance réciproque et équilibrée. Bienveillance pour tous.

J'ai tant à dire sur le sujet qu'un seul article n'y suffirait pas aussi je propose de tenir ici un "carnet de bord" de nos avancées. Mes réflexions, mes expériences, mes succès, mes ratés, mon vécu, ce que ça donne. Ainsi cela vous donnera peut-être une boite à outils dans laquelle piocher et j'espère avoir des retours aussi riches que ceux que j'ai reçus pour que l'on se "nourrissent" les uns les autres et que l'on s'aide à avancer mutuellement. 

Pour commencer, un petit point sur les difficultés à surmonter, ça n'a l'air de rien, mais je trouve que faire un point dessus ça aide à en avoir conscience, à les intégrer, et je suis certaine que ça aide aussi à les surmonter  :

La bienveillance éducative, c'est difficile parce que...

- nous sommes nombreux à ne pas l'avoir connue, à n'avoir pas de modèles réels à suivre et donc à nous sentir démunis.

- et puis on doute ! Est-ce que ce que je fais c'est bien ? c'est sain ? Est-ce que c'est cela qu'il "faut" faire? Quelqu'un qui se dit qu'un bon coup de pied aux fesses règle la question éducative ne doute pas. Quelqu'un qui n'a pas conscience de tout ce que détruit la violence éducative n'a pas peur de mal faire. Enfin en apparence.
La conscience nous fragilise et nous fais souvent perdre confiance en nos jugements.

- parce que cela demande beaucoup, beaucoup d'énergie. Il est plus facile de se laisser aller à la colère ou la violence ou de céder à tout, selon les comportements qui, en plus, forment notre héritage inconscient. Rester à l'écoute, entendre les émotions, les débordements de l'autre, rester ouvert, se contrôler, tout cela demande une énergie dingue que l'on a pas toujours, en particulier lors des périodes noires.

- parce qu'en plus, nous sommes nombreux à baigner dans un monde qui ne fonctionne pas ainsi, et qui en plus, parfois, rêve de nous voir rentrer dans le rang. Si bien qu'au lieu du soutien et de l'écoute attendus, nous essuyons des conseils, des remontrances, des "je te l'avais bien dit !".

- et on re-doute encore plus

- parce que la bienveillance n'est pas un long fleuve tranquille et que parfois, les graines que l'on plante restent cachées. Parce que ce n'est pas non plus une recette miracle qui donne des résultats mathématiques et qu'il est dur d'être bienveillant envers un enfant qui ne semble pas l'être avec nous.

- parce qu'on donne tellement, on a tellement envie que ça fonctionne que l'on demande beaucoup, parfois trop, beaucoup trop. A nous et à nos enfants.

- parce qu'on peut rater ce que l'on veut dans sa vie : son mariage, sa carrière, ses projets, ses rêves. Mais la seule chose que l'on accepterait jamais de rater, c'est la relation que l'on tisse avec nos enfants.

- parce que parfois on a plus la force et qu'on en souhaiterait ne jamais avoir ouvert ce livre qui nous a ouvert les yeux. Parce que vivre dans l'ignorance ce serait plus simple, moins douloureux. 

Mais alors, pourquoi ça vaut le coup ?

Parce qu'un jour, les graines pousseront. Et nous aurons des résultats.
Parce qu'un jour, nos enfants réaliseront que l'on s'est battus pour leur donner ce que nous pensions être le meilleur. Et nous aurons de la reconnaissance.
Parce que même si on fait des erreurs, ils sauront que l'on a jamais baissé les bras. Et nous aurons leur confiance.
Parce que les gens qui semblent vivre avec des convictions bien arrêtées ne souffrent pas moins que nous.
Parce que ceux qui crient, punissent, frappent, en se disant que c'est comme ça qu'il faut faire ressentent le même mal-être que nous, sauf qu'ils l'étouffent.
Parce que nous avançons à cœur ouvert, mais les yeux ouverts également. On peut guérir de ce dont on a conscience.
Parce que ça nous fait avancer. Cela fait de nous des êtres meilleurs, pour nous, nos enfants, la planète.
Parce qu'on a pas le choix : parce qu'on peut rater ce que l'on veut dans sa vie : son mariage, sa carrière, ses projets, ses rêves. Mais la seule chose que l'on accepterait jamais de rater, c'est la relation que l'on tisse avec nos enfants.

Parce qu'un jour, au milieu de la tempête apparait, là, une petite pousse de bienveillance, à laquelle on ne croyait plus, que l'on attendait plus. Et elle nous illumine. Parce que quand ça arrive, quand la vie nous offre ces moments, c'est tellement puissant que là, on sait, pourquoi ça vaut le coup.

2 commentaires:

  1. Merci pour ses éléments, qui pour moi œuvrent comme des pistes de réflexion, à porter en soi le long des journées (un peu comme celles du livre "Il n'y a pas de parents parfaits" de Filliozat ;) ). Je partage entièrement ce que tu dis sur le poids que peut être notre propre histoire et notre propre modèle éducatif, ainsi que le modèle le plus dominant dans la société : dur de faire différemment, dur de trouver des relais, des ressources, du soutien... ! Mais regarde, tu en mets un en place avec ces articles !

    A bientôt et encore merci pour ce partage,
    - Je me demande : qu'est-ce que, pour moi, signifie "rater la relation que l'on tisse avec nos enfants" ? J'imagine que les réponses sont très personnelles sur cela. Mais au fond qu'est-ce que "rater" une relation ? Est-ce tisser une relation qui ne correspond pas à ce que je m'étais imaginé/dans quoi je m'étais projetée ? A court terme, à long terme ? Comment évaluer la relation ?

    - J'aime bien tout tes "parce que" car je pense qu'ils représentent les différentes réponses que les différents parents peuvent (se) donner. De mon côté, je ne demande pas de reconnaissance à mon enfant. Cela pour moi évoque un amer goût de "sacrifice", alors que je pense qu'on ne fait pas vraiment les choses par sacrifice mais parcequ'on a envie/on a besoin de les faire, pour x ou y raisons.

    - Qu'entend tu par petite pousse de bienveillance ? Pourquoi sommes nous bienveillant ? Pour des résultats (mais que sont ces résultats ? Comment les évaluer ? Et si les mêmes résultats apparaissent avec tout autre méthode d'accompagnement, car les individus ont des réponses différentes à différentes situations, et sont construits par une multitude de facteurs et d'histoires ?), ou pour une question de morale humaine, de respect et de prise en compte de l'autre ?

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  2. Etiva, je trouve tes questions très pertinentes. Surtout que je l'ai écrit "sur le vif" et qu'il demanderait sûrement à être peaufiné.

    - alors quand je dis "rater" sa relation j'évoque une angoisse que l'on peut avoir en tant que parent. Ce n'est pas forcément quelque chose de réel, mais plutôt quelque chose que l'on craint. Donc en effet ça peut prendre différente forme pour chacun d'entre nous.

    - les "parce que", oui c'est tout à fait ça. On a tous une ou des raisons qui nous motivent. il y en a d'ailleurs sûrement que je n'ai pas cité.
    je sais que personnellement, quand j'évoque la reconnaissance, je sais ce que ça signifie pour moi et ça n'est pas lié à la notion de sacrifice mais de.... d'engagement. Après c'est surement un peu égoiste, je le concède. Mais je sais que personnellement, j'espère qu'à 20 ans ma fille me dira "merci maman". Oh elle me dira surement que là, et là ou là, je me suis plantée ou elle le pensera. Mais quand je pense aux valeurs que mes parents m'ont transmises j'ai envie de leur dire "merci" et j'espère qu'un jour, ma fille pensera ça pour moi. Cela signifiera aussi qu'elle se sent bien dans l'héritage qu'on lui aura transmis.

    - "pousse de bienveillance" : clairement, quand j'ai écrit ça, j'ai pensé à la réaction de ma fille après que je l'ai giflé quand elle m'a dit "C'est pas grave, je t'en veux pas maman, je sais que c'était un askident" et à d'autres réactions comme ça pleines d'empathie qu'elle a eu et que je ne saurais lister ici. Ces moments plein d'espoir où l'on se dit que la graine qu'on a planté (pas seulement nous, parents, d'ailleurs, ça peut être d'autres adultes de l'entourage) a fait une pousse.

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