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mercredi 1 juillet 2015

Lâcher prise – ne rien attendre, ne rien espérer,... et se (re)trouver.


« Y a rien à dire de plus
Depuis toujours
C’est une chose entendue
Elle va où elle veut »

Elle va ou elle veut, Noir désir




Un petit article parallèle à celui-ci qui approfondit un point précis que j’y ai évoqué et qui conclut ma série.

C’est paradoxal mais, je suis sûre que je ne suis pas la seule à faire ça. Pour l’éveil de ma fille, j’ai puissé mon inspiration dans des pédagogies qui partent de l’enfant et lui laissent toute sa place.
La liberté est au centre de mes principes éducatifs. Pas la liberté abusive et totale qui ne connaît aucun respect et méprise l’autre. La liberté d’être soi-même, d’avancer à son rythme, de trouver ses repères, d’être respecté pour ce que l’on est. La liberté de se tromper, d’essayer, de tester, de faire seul, de faire différemment, de découvrir le monde et se découvrir soi-même comme on l’entend.

… Mais je m’attendais quand même à des résultats donnés.

C’est-à-dire que je pensais que forcément à un moment donné, en lui proposant tel ou tel matériel, d’elle-même elle ferait certaines choses.
Que si ce n’était pas un suivi de consignes, d’elle-même elle finirait par passer par des étapes « obligatoires » comme de trier des objets par couleur, ou par taille, ou par forme, aligner soigneusement ses figurines, essayer de (dé)visser des boulons, constater que du rouge + du jaune ça fait de l’orange, etc. Or, ma fille, n’a strictement JAMAIS rien fait de tout ça.
En fait, dans ma tête, il y avait un programme établi par lequel forcément, « naturellement » elle passerait.

C’est ça qui est insidieux : de penser que c’est naturel, alors que ce n’est rien d’autre qu’un programme que l’on pense que l’enfant va suivre. On s’illusionne en se disant qu’il le suivra de lui-même et que donc, il n’est pas imposé. Mais quand on nourrit un sentiment d’échec si ça ne fonctionne pas, on impose par défaut.

Non pas que de suivre un programme soit mauvais. Mais il faut savoir ce qu’on fait et le faire en conscience.
L’idée d’un programme d’éveil moi, ça me parle de moins en moins, et je vois bien que toutes mes tentatives avec ma fille se sont soldées par des échecs, et même si ça s’explique en partie par son jeune âge, l’idée générale me parle de moins en moins. L’idée même de l’inciter insidieusement dans une voie à suivre, plus j’en prends conscience, plus ça m’énerve.
Le genre : « Oh ! Tu as vu, bleu et jaune, ça fait vert ! », ou n’importe quelle autre observation ad hoc qui ne rebondit sur rien de ce qu’elle vit, juste parce que moi je veux qu’elle s’en rende compte.
Ce que je dis là, n’est rien d’autre que : « Là, là, tu as vu ça, CA, là, tu l’intègres ? Hein, dis hein ? », alors même qu’en mélangeant les peintures c’est peut-être tout simplement la sensation de la matière sur ses mains qui l’intéresse et qui focalise son intérêt.

Et pourquoi faire d’abord ? Elle finira pas savoir que bleu et jaune ça fait vert, mais là, elle s’en fout. Que ce soit dans les livres, ou par observation empirique : ça ne percute pas. Et bien tant pis.

En fait, à partir du moment où je propose une activité « libre », je veille désormais à ce qu’elle reste libre jusqu’au bout.
Si j’amène un plateau conceptualisé pour apprendre à verser des graines et que j’annonce : « Je voudrais t’apprendre à verser des graines », je suis en droit d’attendre qu’elle apprenne à verser des graines (ce qui ne signifie pas qu'elle aura envie de le faire).
Si je lui laisse sous le nez deux pichets et des graines, sans rien amener de précis, je ne peux légitimement pas m’attendre à ce qu’elle s’en serve forcément pour apprendre à verser des graines (et alors clairement, connaissant ma fille, elle fera tout sauf ça ^_^!).

Et chez nous, désormais, ce lâcher prise est total. Je n’essaye plus de chercher à lui apprendre quoique ce soit. Si elle verbalise une découverte, je l’accompagne, je verbalise avec elle, je tente d’approfondir. Je « l’invite » toujours de temps en temps. Mais de plus en plus, je me débarrasse des a priori. Peut-être que mon deuxième enfant sera totalement différent mais pour elle... J’ai juste envie de lui lâcher la grappe avec tout ça.
Cela ne veut pas dire que je ne propose plus rien. Mais les "activités" s'il y en a émergent. Par exemple : ma fille tombe sur un tableau en liège qui semble titiller son intéret : au vu de ce que j'observe chez elle en ce moment je vais lui proposer une activité poinçonnage avec des punaises.

Je n’attends rien, je n’espère rien, je prends ce qu’elle me donne.
Libres, enfin.

Et ce qui se passe en ce moment est très important parce que, en m’imposant des « espaces spectacle » plutôt que des plateaux, en préférant s’inventer une langue plutôt que de faire de la phonologie, en ouvrant les portes du monde des fées« avant l’heure », ma fille me ramène à moi.

Tout ça, c’est juste ce que j’avais imaginé de faire avec elle avant de découvrir d’autres méthodes. Avant de penser que les grands penseurs que j’admire avaient de meilleures réponses que moi pour elle.
Entêtée, indomptable, ma fille m’a ramené vers moi. Vers la mère que je suis, vers ce que je suis.
Au lieu d’une enfant appliquée, concentrée, studieuse, scientifique, que je pensais devoir faire éclore, j’ai cette petite Alice aux pays des merveilles qui créé son monde, suit sa propre voie envers et contre tout, avec force et obstination. Qui ne classe pas des perles par couleurs mais qui met des fils dorés dans un parapluie à l’envers et se promène avec sans que je sache pourquoi elle le fait, qui élève un bébé grenouille dans sa main, qui parle aux sirènes invisibles, qui veut des ailes pour voler, qui fait copain-copain avec des ours imaginaires, qui passe des plombes sur une balançoire à s’inventer des histoires (je faisais ça aussi d’ailleurs… enfin pas à 2 ans et demi), qui demande à aller sur la Lune…
Ceux qui me connaissent vous diraient sûrement : « C’est bien ta fille ! ». Et pourtant, je n’ai cessé de ne pas l’emmener par là.
Mais ma revêche Minimog a fini par m’arrêter au carrefour de la vie en tendant la main, genre : « M’man, sérieux, laisses tomber tu veux, c’est par qu’il faut aller ! ».

Je découvre aujourd’hui à quel point j’avais en moi tout ce qu’il fallait, dès le départ.
On pourrait reprocher à certains parents de vouloir absolument imposer à leur enfant une voie à suivre qui est en fait la leur, à tenter de faire leurs enfants un reflet d'eux-mêmes. Moi j’ai un peu fait l’inverse ^_^, j’ai tellement pensé qu’ailleurs c’était forcément mieux que j’ai oublié de suivre ma propre voie, de l’emmener sur mes chemins ; je n’ai pas osé. Et c’est ma fille qui m’a remise dessus.

Merci ma chérie.
Merci d’être toi.
Merci de m’avoir forcé à être moi, la maman que j’avais sentie, et pas la maman idéale que j’ai raisonnablement façonnée.

Ce qui s’applique chez nous en ce moment est propre à notre histoire, à nous-mêmes. Pardon à vous lectrices/lecteurs pour cette série d’articles un peu narcissiques mais, qui sait si mes propres réflexions n’ouvriront pas chez vous des constats similaires, vers plus de confiance en vous, de liberté, de recul, et d’harmonie.


6 commentaires:

  1. Spontanément , je me demande si dans le fond ce n'est pas nous parent qui passons par des étapes "naturelles " d'une certaine manière: découverte pédagogique , insatiabilité sur le sujet , mise en relief par rapport a notre vécu , a nos valeurs , aux gens qui nous entourent , mise en pratique , remises en questions , recherches, mise en abyme , observations , stagnation , transition , enthousiasme pour finalement parvenir a la Pédagogie de l'enfant , de cet enfant là et qui rejoins ce lacher prise dont tu parles , nous sommes dans le fond tellement noyé sous le flot de connaissances et de pédagogies diverses que nous passons a coté de l'enfant , le notre en voulant se calquer sur celui des autres pour le coup... Tout cela pour dire que je reviens un peu de tout cela , je suis contente d'avoir engranger tout ce que j'ai engranger ces dernières années parceque cela fera un excellent bagage pour la suite , une suite ou je me demande si dans le fond les pédagogies alternatives bien qu'inspirantes et plus souples pour l'enfant ne sont pas a un moment un cadre , une limite ,un frein a un autre possible , celui a creer , inventer...

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    Réponses
    1. C'est la réflexion que je me faisais dans un précédent article. Que nous sommes nombreux à faire la boucle de la découverte, et du le retour à l'enfant (pour faire très court). Je suis comme toi, je me sens nourrie par tout ce parcours qui m'a permis de me questionner et d'en ressortir plus forte, mais je prends beaucoup de recul par rapport à tous ces modèles.
      Après il y a des parents chez qui ce genre de pratiques pédagogiques fonctionnent très bien mais je constate que bien souvent ce sont ou des enseignants, ou des parents pratiquant l'IEF, et donc des parents qui se donnent un rôle d'instructeur (beaucoup disent éducateur mais pour moi l'éducation c'est bien plus large). Je me vois plus comme une "accompagnante". Mon but à moi n'est pas que ma fille sache et sache faire plein de choses, mais qu'elle s'épanouisse pour ce qu'elle est, qu'elle se sente, libre, aimée, et confiante : envers elle et le monde. Mon souhait c'est qu'elle se révèle à elle-même et au monde telle qu'elle est, parce que telle qu'elle est, elle est merveilleuse. Donc oui, je n'ai plus envie de la cadrer, j'ai confiance en elle, elle a tout ce qu'il faut en elle et c'est génial d'accepter de se laisser emporter sur les chemins de nos enfants sans vouloir tout contrôler et baliser. Quelle belle aventure.

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    2. Ah mais en écrivant je viens de percuter que tu es la maman de "la Marmotte", j'ai lu ton derneir article qui rejoins ce sujet et encore une fois, je m'en suis sentie totalement proche.

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  2. Merci beaucoup pour cet article dans lequel je me reconnais bien là! Il faut juste que j'arrive, comme toi, à lâcher prise..."vraiment"!
    Ps: Merci aussi pour ce blog que je découvre et qui est très inspirant!

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  3. Une fois de plus, je te rejoins sur cette idée de lâcher-prise, même si je trouve ça ultra difficile (d'autant plus que je suis enseignante ouhhh !) Comme je te l'ai dit dans des commentaires précédents, je lis ton blog d'une traite depuis quelques jours et c'est très inspirant de voir ton cheminement. Tu laisses parfois sous-entendre que tu n'es pas sure de toi, que tu manques de confiance en toi, mais je trouve admirable la façon dont tu "oses" aller vers ce qui te sembles bon pour ton enfant. Vraiment, tes mots résonnent en moi et m'aident à y voir plus clair. Et aussi à me sentir moins cinglée. Car à force de tout interroger, remettre en question, j'en viens parfois à douter de ma stabilité mentale :) Constater que je ne suis pas la seule sur ce chemin tortueux me réconforte, alors merci !

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