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jeudi 15 septembre 2016

Youpi, c'est la rentrée !

Depuis que je côtoie le milieu de la "bienveillance parentale" j'assiste à un phénomène assez rigolo à la rentrée : le décalage entre les sco et les non-sco. 
Pour les familles sco quand on parle de rentrée les sujets tournent souvent autour des horaires de fous, de la fatigue des gamins, de la course au matériel ou de la paperasse, des pleurs des enfants. Pendant que les non-sco viennent nous narguer avec leur non-rentrée : "Joyeuse rentrée à tous... Ah au fait, nous on rentre PAS !.... On va aller se promener avec nos enfants.... qui sont heureux... Ahahah, vive l'IEF !". 

Si je schématise (à peine), ça donne ça :
  


Et ben cette année, pas pour nous ! Na! 
Je regarde les non-rentrées des autres mamans et pour une fois, je me réjouis pour elles et leurs enfants sans pour autant les envier.
Celles qui me suivent le savent : j'ai l'habitude de taper sur l'Education Nationale assez souvent. Mais pour une fois je vais chanter les louanges d'une école : celle de ma fille.
Parce que quand ça se passe bien, il faut le dire aussi non ? 

Et bien pour nous la rentrée fut joyeuse, heureuse, et nous avons trouvé un équilibre familial dans cette vie qui fait du bien à tout le monde.
Déjà, l'acquisition de notre première vraie routine familiale est un vrai pas en avant.
Et puis suite à ma pause introspective de cet été, j'avais décidé de que cette année, je mettrais Minimog à l'école seulement trois jours par semaine : les jours où je travaille, les lundis, mardis et jeudis. Vu qu'elle y va les après-midi, il me semblait impensable au vu de sa fatigue de l'an dernier de la mettre toute la semaine, au moins en début d'année. Pour moi c'était aussi un peu un test pour voir comment ça se passerait avec les enfants dans une optique, qui sait un jour, de passer la frontière du non-sco.
J'ai très vite réalisé que si j'étais très heureuse de passer enfin plus de journées avec mes enfants qu'au travail et de n'obliger personne à se lever aux aurores plus de trois jours par semaine, j'ai réalisé aussi à quel point ça me faisait du bien de ne pas être à 100% à la maison avec mes loustics. Enfin surtout avec Minimog avec qui c'est assez tendu ces dernières semaines et qui est finalement beaucoup plus accaparante que son frère. 
Mine de rien, même si mon travail ne m'intéresse toujours pas (je ne sais même pas comment je fais pour passer 7h36 par jour à faire aussi assidument, quelque chose qui m’intéresse si peu), j'apprécie tous ces à-côtés : côtoyer d'autres adultes et tout ce qui en découle, participer aux finances de la famille (ben oui, j'apprécie), ne pas avoir à passer mes journées à gérer des conflits qui tournent autour du rangement des jouets et du passage à table. 
(Et soit dit en passant, si je ne travaillais pas, je ne bloguerais pas !)  
ET je trouve qu'il est bénéfique aussi à mes enfants de ne pas passer tout leur temps avec moi.

Et puis ce qui a achevé de me faire positiver sur notre situation c'est la réunion de rentrée à laquelle j'ai pu assister sans enfant. 

L'école compte deux classes pour trois niveaux, du coup les maitresses se partagent les moyens, et du coup en fait, elle se partagent les élèves. Si bien que les croisements entre enfants ne sont pas rares et qu'au final, les enfants sont confiés à une équipe pédagogique globale qui les suivra pendant 3 ans. 
Et, fait important : les deux maitresses travaillent ENSEMBLE. Et quand je dis ensemble je veux dire que si elles ont chacune leurs spécificités, elles vont dans la même direction. Je trouve ça primordial. Du coup chez nous pas de : "cette année il est avec la maitresse des moyens, elle est super, mais le maitre des petits l'an dernier.... quelle horreur!". Pas de changements de méthode, de pédagogie, d'attentes, de valeurs. 

Pour résumer une journée type : le matin les enfants font des activités "Montessori". Alors n'imaginez pas qu'il y a tout un tas de matériel disposé dans de belles étagères sur des plateaux. Je ne sais même pas en quoi consiste exactement les activités -qui sont rangées dans des tiroirs, d'où leur petits noms "d'activité tiroirs"- je pense qu'on est plus dans l'esprit Montessori que dans l’application pure de son programme. D'ailleurs, je doute que les maitresses aient suivi une formation sur cette pédagogie et entendre la maitresse l'expliquer au parents me fait toujours sourire ("Ça s'appelle Montessori... C'est comme ça".... Mouais ^_^).
Mais vraiment je m'en fous, l'esprit est là.
Par contre la maitresse ne veut pas se restreindre à ne faire que du Montessori et en cela je lui donne carrément raison. Par contre c'est sur la raison qu'on se rejoint moins. La maitresse reproche à la pédagogie Montessori de ne pas permettre aux enfants de se confronter entre eux, alors que notre monde est fait aussi de confrontation. Je.... n'aurais pas la même approche. Mais cette digression mise à part, du coup j'approuve le fait que l'après midi, d'autres méthodes soient appliquées pour la techno, les arts, l'espace et .... je ne sais plus quelle matière. 
   
Entendre la maitresse parler de son projet pédagogique, c'est du miel à mes oreilles.
Morceaux choisis :
" [à propos des activités tiroirs] ainsi les enfants peuvent faire et refaire et refaire une activité autant qu'ils en ont envie. Ils avancent à leur rythme et selon leur besoin, c'est très important. Tous les enfants ne s’intéressent pas aux mêmes choses au même moment"
"Ils choisissent leurs activités. Alors desfois ils n'ont envie de rien faire, ils ne savent pas quoi prendre... C'est pas grave. [...] En gros nous devons "vendre" notre activité. Si ce n'est pas intéressant, ils ne viendront pas. "
 [sur la sécurité en salle d’activité]"On ne sécurise pas tout. En fait il y a tellement de risques que les enfants ne prennent pas de risques. Alors ça se passe très bien"
 "[sur la question de l'évaluation - en dessinant un bonhomme sourire et un bonhomme pas content] mais qui n'est pas content ? eux ou nous? Les enfants sont contents eux, ils construisent quelque chose. Si l'enfant n'est pas content, c'est moi qui doit me remettre en question, c'est moi qui ait mal fait mon travail."
"Nous ne pratiquons que l'évaluation positive parce qu'il n' y a pas de négatif : ils ne font qu'apprendre." 
"On est contentes des nouveaux programmes. Avant on ne nous donnait que des fiches à faire, mais c'est en manipulant que les enfants apprennent".
"[à propos de la chaise de réflexion] si un enfant dépasse les bornes ou fait quelque chose d’inacceptable, il est mis sur la chaise pour réfléchir à ce qu'il a fait et ne peut en sortir que s'il a pu prouver qu'il a réfléchi. Quand les enfants vous disent qu'ils ont été "punis" c'est qu'ils ont été sur la chaise. Après ils font des "bêtises"... Ce sont des enfants, c'est normal. Nous aussi on en a fait". (chose que j'apprécie énormément - les problèmes de l'école appartiennent à l'école! Ma fille ne rentre pas à la maison avec le bilan de ses "bonnes" ou "mauvaises" actions de la journée. Merci !)
"On nous demande de faire du soutien avec les enfants. Mais comme souvent, on est pas d'accord. Pour nous le soutien il se fait en classe, si un enfant a des difficultés c'est toute la journée pendant le temps de classe qu'on doit l'aider à les résoudre."

Je lui demande aussi pourquoi elle a accepté sans broncher que je mette ma fille à temps partiel à l'école alors que j'ai appris récemment que nous avions une obligation d'assiduité.
"Parce qu'elle n'en a pas besoin". La maitresse m'explique que l'an dernier une maman faisait comme moi mais qu'elle lui avait fait la remarque parce que "la place [de son fils] était à l'école" et que si elle voyait un souci du même genre avec Minimog elle m'en parlerait.

Et ma préférée :
"ON S'ADAPTE".
Cette phrase là, elle vaut son pesant d'or et elle dit beaucoup. Le discours habituel est de dire que c'est aux enfants de s'adapter au système, pas au système de s'adapter à eux. 
Mais ma fille a la chance de fréquenter une école où on envisage l'école comme un lieu au service des enfant, de leur épanouissement, et qu'il n'y a aucun sens à vouloir les faire courir après un programme ou rentrer dans un moule qui est conçu sur la base d'un enfant moyen qui n'existe pas.

Sérieusement, qu'est-ce que je pourrais demander de plus ? Quelle raison aurais-je de ne pas vouloir confier ma progéniture à des personnes comme ça pour que l'on travaille main dans la main à sa construction intérieure ? Parce que je ne suis pas certaine que je ferais forcément mieux qu'elles en plus ! 

Je sais que nous avons beaucoup, beaucoup de chance. Que tout ceci est permis d'une part par la petite taille de l'école et d'autre part par le fait que les maitresses n'hésitent pas à contourner les directives quand elles pensent que c'est en faveur des enfants (d'ailleurs, encore une fois, je ne regrette pas d'avoir choisi l'anonymat pour pouvoir vanter les mérites de ces femmes sans leur porter préjudice). Des écoles de cette trempe il doit y en avoir une poignée dans notre département et il se trouve que l'une d'entre elle est à côté de chez nous.

Mais pour moi du coup, notre vie est au mieux telle quelle est. 
En choisissant de mettre Minimog à temps partiel à l'école, je me suis d'abord demandé si je ne devais pas compenser à la maison. Et je me suis rendue compte que vraiment, toutes ces grandes questions pédagogiques ce n'était pas pour moi. Mais au cas où elles seraient utiles, je suis ravie que d'autres, dont c'est le métier, s'en charge. Et que tout ceci se fasse sans nuire à mes enfants.
Du coup les jours non-sco, je complète ce qui manque à l'école : autrement dit : l'ouverture au monde, le décloisonnement, le terrain, la nature. Et ça tombe bien, ça je sais faire, et ça j'aime faire. 

Pour les deux années à venir, notre équilibre est là et c'est avec joie que je laisse derrière moi le sentiment d'urgence qui me pousserait à devoir réaliser l'impossible pour trouver une autre voie.

J'écris ceci en pensant à toutes les mamans et leurs enfants qui n'ont pas notre chance.
Mais j'avais envie de montrer aussi par notre expérience que l'école, ça peut aussi être ça : un lieu d'épanouissement et de bienveillance pour toute la famille.


6 commentaires:

  1. Bonjour ! Quelle plaisir en effet de lire des choses positives parce qu'ici aussi nous adorons l'école de mon fils et son maître. Je pourrais dire les mêmes éloges à son sujet. Par contre il n'est clairement pas soutenu par la mairie (qui lui "impose" de prendre les TPS alors qu'il est totalement contre) et par certains parents. Je troue que beaucoup de parents critiquent l'école mais ne font pas grand chose. Voilà 3 ans que je suis parent délégué et j'ai été nommée présidente de l'association de parents d'élèves à défaut de candidat ! Les gens pensent que leurs enfants vont avoir des sorties, avoir du bon matériel, faire un voyage.. sans rien faire
    En tout cas merci !
    Justine

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  2. Ici c'est école sans cantine et sans périsco. Et bah franchement 3h par jour ça passe nickel (PS, aucun intérêt à y retourner l'aprèm, il sieste à la maison), pas de fatigue, pas de soucis. Pour lui. Pour moi c'est un peu chaud car je travaille et que donc je dois me dépêcher de tout faire car il est absent peu de temps ;)

    La parents qui se plaignent de l'école sont ceux qui attendent que l'école s'occupe de leur enfant à leur place. Quand on prends l'école comme un bonus en plus de la vie à la maison, c'est que du bon :)

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  3. Alors mesdames, autant je suis heureuse de lire des mamans dont les enfants se plaisent à l'école car c'est toujours une bonne nouvelle, autant je ne peux pas être d'accord avec le reste.

    La question du bien être des enfants à l'école dépasse pour moi largement la question des voyages scolaires ou d'un quelconque laxisme parental. Là on parle des valeurs qui sont transmises, d'un programme pédagogique rigide et même parfois archaïque qui semblent ignorer tout ce que l'on connait de nos jours sur le fonctionnement du cerveau des enfants, ou de la façon dont les enfants sont entendus (ou non) et respectés (ou non). Et je crains que les parents d'élèves n'y changent pas grand chose (même si c'est un bel engagement). Très clairement, et elles l'avouent, si les maitresses de l'école que fréquente ma fille peuvent être aussi bienveillante avec les enfants c'est parce qu'elles prennent le parti de ne pas toujours suivre ce que l'on attend d'elles officiellement.
    Je connais beaucoup de familles pour lesquelles l'école est loin de n'être que du bon et quand j'entends les témoignages de mamans de mon entourage, je remercie le ciel de nous avoir mis à côté de cette école. Et si certaines familles ont choisit de lui tourner le dos c'est souvent en réponse à un profond mal-être des enfants pendant leur scolarité.

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  4. Ah ce que je suis contente de lire cela chez toi !
    Goûter les opportunités qu'on a...
    Je vois d'autant mieux ce que tu vis qu'au boulot, je partage mon carré d'open space avec deux autres mamans d'enfant de 3 ans, et nous en discutons beaucoup. Pour l'un des enfants, cela se passe très très mal, avec des instits dont la souplesse et la psychologie ne font vraiment pas rêver. Pas facile pour elle, nous en discutons beaucoup, et en même temps je veux prendre garde à ne pas "empirer" son malheur en lui donnant l'impression qu'elle n' "aurait qu'à"... ce n'est tellement PAS SI simple !

    Alors que je me suis réjouie à chacune de tes citations ...

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  5. ça fait vraiment plaisir de lire cet article. Je n'étais pas prête moi non plus mais pas vraiment le choix de mettre mon enfant à l'école. Finalement je me rends compte que lui aussi a beaucoup de chance. Ce qui m'a vraiment frappée à la réunion de rentrée c'est cette phrase de son instit' : "ça ça ne fonctionne pas, je ne sais pas encore pourquoi mais on va chercher et on va essayer de trouver une solution. " Nommer aussi ce qui ne va pas et ne pas en faire une fatalité m'a vraiment rassuré. Et puis sa salle de classe est vraiment chouette avec différents espaces et du temps consacré aux activités choisies par l'enfant en autonomie.
    En tout cas lui est content. Vraiment. Et il va bien.
    Tout le monde s'en trouve détendu, ce qui nous permet de vraiment profiter des jours sans école !

    Pour cette année au moins, je me sens vraiment rassurée et je ne mets pas mon enfant à l'école à contre cœur.

    Capucine.

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