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jeudi 31 mars 2016

La fable de la tarte.

"If i can see it, then i can do it
If i just believe it, there's nothing to it

I believe I can fly
I believe I can touch the sky
I think about it every night and day
Spread my wings and fly away
I believe I can soar
I see me running through that open door
I believe i can fly
I believe i can fly
(oh) I believe I can fly"

J'évoquais notre rencontre avec André Stern dans mon dernier article. une lectrice a souhaité rebondir sur mes propos pour dire que "si l'on est focalisé sur les impossibilités à faire telle ou telle chose, on ne trouvera pas les solutions".

C'est un débat que j'ai eu en direct avec André lors de la rencontre. Quand il évoquait justement ce genre de discours : "il faut trouver vos solutions à vous", toussa. 

Le matin j'avais servi d'exemple indirect à un moment où il regrettait que l'on ne puisse emmener nos enfants sur nos lieux de travail. J'ai répondu du tac au tac que mon lieu  de travail était certainement le dernier endroit où j’emmènerai ma fille tant c’était chiant !. Ouh pinaise, qu'est-ce que j'avais pas dit là. "Mais enfin Hëlëne, y a un terrible hiatus (j'adore ce mot) dans ta démarche ! Quel message tu envoies à ta fille si tu acceptes ça ?" un truc du genre. 

L'après midi il revient sur le sujet et donc nous dégaine le discours "I believe I can fly" et je prend la parole en me tournant vers le comptoir qui était derrière moi où reposait une tarte. 

Cette rencontre était entrecoupée d'un repas type auberge espagnole que nous avons partagé entre participants. Histoire de ne pas arriver les mains vides, j'avais fait une tarte le matin même. J'avais fait mon possible, j'y avais mis du coeur, une jolie tarte aux questches et à la rhubarbe disposées en mamandala. Mais entre la gamine à déposer chez la nounou, en retard, le petit à m'occuper, les lessives, les machins, au moment de partir ma tarte n'était pas très cuite. 
Arrive l'auberge espagnole et là, tout le monde dégaine des plats savoureux, qui plus est vegan et sans gluten pour la plupart, Charlie dégaine ses délicieux rouleaux de printemps à la sauce cacahuète et là je regarde ma tarte pas cuite, faite avec du gluten et du beurre, et je me sais piètre cuisinière et je me sens minable. Dans cette tarte, il y a 32 ans de manque de confiance, 32 ans de manque d'assurance, 32 ans de manque d'amour propre. Au point que je ne supporterais pas de voir ma tarte traîner dans un coin et n'être goutée par personne. Parce que forcément, je sais que personne n'en voudra. Je suis cette tarte en fait (oui, "je suis tarte") et si on rejette ma tarte on me rejette moi, c'est tout comme. Alors je ne la pose pas sur la table.

Et donc je dis à André "Tu vois cette tarte, c'est celle que j'avais faite pour le repas de midi. elle est ici non entamée parce qu'elle n'a jamais été sur la table.
- mais pourquoi ?
- [je résume le pourquoi]. Sérieusement André. Tu peut- être as grandit dans la confiance et dans l'espoir, mais moi je n'arrive même pas à mettre une tarte sur une table. Tu crois vraiment que j'ai en moi la force et la confiance pour demain révolutionner ma vie ?" 

J'ai remballé ma tarte chez moi, traînant mon échec comme un bagnard traîne un boulet.

Le lendemain je pars voir mon grand-père dans son unité Alzheimer et comme on approche de noël, je voudrais lui apporter un petit cadeau..... Ma tarte ! A bien y regarder, hormis le mandala, cette tarte c'est une tarte que je tiens de ma défunte grand-mère, je l'ai faite comme elle, comme ma mère me l'a appris, comme j'en ai mangé des centaines chez elle et mon grand-père itou du coup. Je me dis que ça fera plaisir à mon grand-père.

Alors cette fois, je pose la tarte sur la table. Je la goûte même.
Merde...... !!
Elle est bonne ma tarte.
Elle n'est pas merveilleuse, ni originale, elle ne révolutionne pas la cuisine, et elle n'est toujours pas assez cuite,
Mais elle est bonne.
Pas mangeable. Bonne.

Ma fille en reprend,
tout le monde en reprend
même moi.
Pas une miette ne reste.

Ah ben ça !!!
Ah ben zut !!!
Mais alors, si j'arrive à faire une bonne tarte....

.... alors ma vie ? ............

5 commentaires:

  1. Ton histoire de tarte me touche. J'aurais certainement eu la même réaction. (rien qu'en te lisant je me suis dis que c'était original comme tarte). Par contre je ne l'aurais jamais avoué comme tu l'as fait...
    être la maman que l'on veut réclame certainement d'abord de faire un travail sur soi-même...
    Entendre "tout le monde peut le faire" cela m'encourage et en même temps me pétrifie face à tous les changements qu'il devrait y avoir dans ma vie. Je fais également un travail que je n'aime pas. Depuis la reprise du boulot (après avoir arrêté 1 an), j'ai l'impression d'y laisser mon âme et ma santé. Je sais qu'il faudrait revoir cela mais quelle montagne à franchir !
    Et puis toutes les familles peuvent le faire, admettons, mais il faudrait aussi aborder le conjoint qui lui a une vision tout autre...
    J'ai bien aimé ton histoire de tarte :)

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    1. Et bien Emilie je me retrouve aussi dans ce que tu dis. Y laisser "mon âme et ma santé", c'est tout à fait ça !! Quant à l'espoir qui te porte autant qu'il te paralyse, je connais aussi !!
      La question du conjoint aussi est importante. Mon mari est convaincu que l'école n'est pas indispensable, par contre, l'importance de ce cheminement donné aux enfants me semble bien moins important à ses yeux qu'au mien et lui a du mal à se défaire de l'idée qu'il faut qu'on aille vers plus d'argent et plus de confort. Quand je lui parles de tout cela il n'est pas contre, mais de là à passer le pas totalement.... Mais même pour moi même j'y vais à petits pas. Je me dis qu'il vaut mieux avancer lentement de que vouloir tout faire d'un coup et ne pas avancer du tout....

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  2. A la lecture ça m'a fait penser à Christian Voltz, il est superbe ce récit!

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    1. Je ne connaissais pas cet artiste, mais alors là MERCI ! Je suis allée chercher sur son site et j'adore !!!

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  3. Mais ça te correspond trop cet artiste, il est génial!! (waou ce compliment!)
    Bises, j'adore toujours autant te lire!
    Cécile (ancienne IUP)

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