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jeudi 28 janvier 2016

La vie sous stress

"Levé à 7h. du mat'
t'es déjà en r'tard
ton patron va encore te brasser
Tu t'habilles direct
tu prendras ta douche ce soir
tu finis d'lacer tes chaussures
dans les escaliers
J'ai besoin d'air
besoin de liberté
Ce n'sont pas des mensonges
c'est la réalité"



"Minimog, c'est l'heure.
- Ma puuuuuuce, c'est l'heure, il faut se lever.
- Ma puce si tu veux que tata t'emmène, il faut te lever maintenant.
- Tu as encore sommeil ? Oui je sais mais il faut te lever ma puce.
- Il faut t'habiller
- Non maintenant
- Habilles-toi s'il te plaît.
- Habilles toi. Maintenant.
- Non on a pas le temps
- Allez hop on déjeune.
- Alleeeeeez
- Il te reste 5 minutes pour finir de déjeuner et après on y va.
- Minimog, dépêche-toi s'il te plait.
- Bon tu finiras ta tartine dans la voiture
- Allez mets tes bottes, vite ! Non tes bottes ! Allez !
- Non on a pas le temps !
- Dépêche-toi
- Dans la voiture allez hop
- Non on a pas le temps assied toi s'il te plait
- Alllllleeeeez
- NON ON A PAS LE TEMPS ! ON EST EN RETARD !"

Voilà comment commencent les 4 premiers jours de chaque semaine de ma fille. 
Elle a 3 ans.
Et moi j'en ai marre. 

Non pas qu'on la laisse se coucher tard le soir non. Les soirées sont les mêmes que les matins.
- C'est l'heure du bain
- Non maintenant
- Allez ! Au lit
- T'as pas sommeil ? Oui mais c'est l'heure d'aller au lit.
- Demain tu te lèves tôt. 

Etc.

C'est stressant pour elle, c'est stressant pour moi. 
Tous les matins je tente de réveiller le cadavre d'une enfant qui est vannée, qui peine à ouvrir les yeux, qui chouine de fatigue. Faire subir ça à ma fille tous les matins me mine. J'ai bien essayé de garder le rythme pendant les vacances mais ce fut un échec. Dès que la vie reprend ses droits, notre rythme reprend les siens et il ne nous fait pas nous lever à 6 heures du matin.

Et quel stress. Le jour où j'ai dit à ma fille qui ouvrait à peine la bouche pour dire quelque chose : "Non ! Je m'en fous ! Mange !", j'ai pris une claque. J'étais en train de lui parler comme à un chien pour... Pourquoi ?

Je me dis qu'elle a trois ans, déjà c'est rude. Et moi j'en ai 32 et je me dis qu'elle va passer les "plus belles années de sa vie" comme ça.   

Je me dis aussi que quand on est motivés, on a pas de mal à se lever. Bizarrement, les jours où elle n'a pas école elle se lève très bien à 7h30. Les jours où on a raté l'horaire nounou et où c'est moi qui l'emmène, je peine à la lever à la même heure. 

Évidemment, elle ne fait plus de sieste alors ceci explique cela.... Faudrait-il alors que je l'oblige en plus à faire des siestes ? La forcer à tous les moments de la journée "pour son bien ?"

Ce matin je lui ai presque hurler dessus pour qu'elle se dépêche. Elle m'a regardé avec des yeux désespérés et a fondu en larmes. Mais j'ai insisté, j'étais tellement stressée. "Dépêches toi !", je parlais comme une enragée. Ma fille me disais totue penaude : "D'accord maman, d'accord" entre deux larmes.
Une fois dans la voiture, je me suis calmée et..... Mais quelle horreur ! Quelle horreur de lui faire subir ça.
Il y a trois ans je me serais dit que "il faut", "on a pas le choix". Aujourd'hui je ne suis plus dupe, je sais qu'on est obligés de rien, qu'on a le choix et qu'on peut vivre autrement. 
Aujourd'hui j'ai le luxe de pouvoir la laisser dormir si j'en ai envie. Quand je reprendrai le travail je serais forcée d'entraïner ma fille dans ma vie de fou. Ce même travail qui m'oblige moi aussi à me lever tous les matins et me coucher tous les soirs sous la contrainte. Je fais un travail respectable, pas inintéressant, j'ai des collègues super, une cheffe très compréhensive et des horaires arrangeants. Mais ce boulot je ne l'aime pas. J'ai fait des études en tourisme et en ingénierie culturelle et je passe mes journées dans un bureau à faire de la facturation dans le domaine administratif. Ce job, il ne me rend pas heureuse et ne le fera jamais. Alors bien sûr on a de l'argent, on pourra payer des activités à nos enfants, partir en vacances, faire des travaux dans la maison. 
Mais aujourd'hui je me demande : est-ce que tout cela vaut vraiment la peine de commencer chaque jour de sa vie dans le stress et la contrainte ?   
Est-ce qu'il FAUT vraiment subir tout cela ? tout cela pour ça ? 

Alors ce matin, j'ai laissé tomber. J'ai appelé l'école : " elle ne viendra pas". J'ai pris ma fille dans mes bras, je me suis excusée et on est rentrées. On a dansé le "cock'n'roll" avec ses rubans waldorf en écoutant du punk et on a rigolé et j'ai pris une décision : la maternelle fait du bien à ma fille et à notre famille, j'en suis convaincue. J'aime son école, j'aime le caractère non obligatoire, j'aime ce qu'elle y fait et ce que ça lui apporte. Mais après ? 
Et moi ?
Je me laisse donc encore deux ans et demi pour cheminer et faire en sorte que quand elle intégrera la "vraie" école, je puisse lui dire : "tu as le choix". 
Et pour moi de trouver un sens, un vrai sens, à ce qui me fait me lever le matin.









11 commentaires:

  1. Oui ce rythme est compliqué ... je me fais les mêmes réflexions très régulièrement!! Je passe mon temps à contraindre les filles, à me contraindre .... pour qui? pour quoi? J'ai la chance d'être à mi-temps et de pouvoir avoir un rythme un peu moins stressant la fin de semaine mais j'en assez de les couper dans leur échange le soir à 20h parce qu'il FAUT se coucher, assez de hurler TOUS les matins "allez on va être en retard"!!
    J'espère pourvoir tester l'IEF l'an prochain avec ma petite pour voir (ma grande a envie de poursuivre l'école pour le moment)... je ne suis pas encore complètement convaincue, j'ai besoin de tester ... et si je suis convaincue pour ce choix, j'essaierai de trouver une solution viable!!
    P.s: ce matin aussi j'ai dit aux filles que nous n'irons pas à l'école ... besoin de calme et de se retrouver toutes les trois!

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    1. Ben moi c'est l'inverse ^_^. Maintenant que nous avons la maison j'aimerais voir jusqu'où je peux diminuer mon emploi pour que ce soit viable dans de bonnes conditions avant de me lancer. Mais je ne pense pas seulement à la retirer de l'école mais avant tout de trouver une voie pour moi qui ait du sens. Parce que si c'est pour la garder cloitrée à la maison avec moi ça n'aura pas de sens pour moi. Mais plus j'y pense et plus m'occuper de retaper ma maison, de cultiver mon jardin, et d'avoir des activités citoyennes et une vie sociale riche à côté ça peut être source de baisse de dépense et une formidable école de la vie pour ma fille.

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    2. En fait, ça fait déjà 2 ans que nous baissons fort nos dépenses pour voir ce qui est possible et c'est pour cela que je teste l'an prochain... je ne me lance pas non plus tête baissée!! j'ai lancé les ateliers cette année pour espérer avoir un revenu de base l'an prochain et cette année j'essaie de trouver encore des pistes pour dépenser moins tout en respectant nos choix éthiques! Je veux toutefois être épanouie aussi et ne pas priver les filles de tout ... donc c'est pour cela que je parle de test!! ;-)

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    3. Et quand bien même tu te lancerais tête baissée, c'est une méthode qui en vaut une autre. Certains trempent un orteil et entrent à petit pas et d'autres sautent la tête la première (et parfois ça fonctionne mieux). Je te comprends en tous cas, c'est un choix compliqué qui demande des sacrifices pas faciles à envisager. Je verrais bien où me mènera mon chemin à moi....

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  2. C'est pour çà que je suis bien contente d'habiter en Allemagne pour le moment. L'école commence à 6 ans et avant le Kindergarten n'est pas obligatoire. Ma fille 3ans et demi y va et avec grand plaisir mais vu qu'ils ne font "que jouer" les jours ou elle est fatiguée elle n'y va pas et ca ne gène aucune progression ! Pareil pour la sieste pas d'âge limite tout enfant qui veut faire la sieste à le droit de la faire.
    Je pense que cette période de l'année est très fatiguante pour les enfants dis toi qu'avec l'arrivée du printemps c ira mieux !

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    1. C'est pareil en France, la maternelle n'est pas obligatoire et d'ailleurs je ne mets pas Minimog à l'école le vendredi parce que je trouve que 5 jours ça fait trop pour elle et on ne m'a jamais fait d'histoire. Ce qui fait que je m'oblige à la mettre à l'école le reste du temps c'est que quand je reprendrai le boulot, je n'aurais plus le luxe de la lever plus tard ou de la laisser à la maison... C'est plus mon job qui nous met sous pression que l'école en fait (pour l'instant du moins).

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  3. Je viens de m'inscrire au MOOC des Colibris (formation en ligne) : https://www.colibris-lemouvement.org/oasis/creer-son-oasis/mooc-creer-son-oasis

    de quoi t'inspirer ?! C'est jusqu'au 30 janvier

    Bon courage pour le rythme de fou, je comprends ! Je cours deux jours par semaine sur Paris (et quand je dis je cours, je cours vraiment pour attraper le bus de 7h37 !!).

    J'ai hâte que notre école démocratique ouvre, à nous un rythme plus doux !

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    1. J'ai vu pour le MOOC mais je n'ai pas postulé. De 1 je pense ne pas pouvoir me prendre le temps nécessaire, de 2 j'ai du mal à comprendre l’intérêt de la formation s'il n'y a rien de concret derrière, si ça ne débouche pas sur projet collectif de création d'oasis et 3 avec l'achat de la maison, on s'est lancé dans notre propre projet de vie et honnêtement, je me vois mal faire marche arrière demain. Si ça avait été 1 an plus tôt je dis pas mais là on est partis sur une voie, on va la suivre un bout de temps (tant qu'on ne se sent pas dans l'impasse en fait). C'est plus égocentré (quoique j'envisage ma maison comme un lieu de partage et d'accueil pas comme un nid fermé) mais au moins c'est concret. Par expérience, quand on monte des projets à plusieurs ça peut patauger pendant des lustres. Hors moi aujourd'hui j'ai besoin de concret, d'avancer ^_^.

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  4. Je serai curieuse de suivre où cela vous mène. Nous somme dans les mêmes questionnements ici, ce rapport au temps qui manque à cause du boulot (sans être au point de ton témoignage, mais mon fils est plus petit et ne va en garde collective que 2 jours par semaine), et on se dit vraiment "tout ça pour quoi ?!"

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  5. Je viens de découvrir votre blog .
    Je te dis merci ! Merci d'avoir écrit cet article. Il m'a remotivé, m'a permis de voir que je n'étais pas la seule à parfois perdre pied.
    Merci !

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