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mercredi 24 juin 2015

Lâcher prise - Premiers pas dans la fantasy

Un principe oppose assez radicalement les pédagogies Steiner et Montessori, c’est la question de l’imaginaire.

Chez Steiner, pédagogie assez teintée de spiritualisme, l’apprentissage passe beaucoup par l’imaginaire, les arts libres, les contes.

Chez Maria Montessori il en va tout autrement. Je me permets de copier-coller à se sujet des extraits piochés ailleurs.

« De la naissance à 3 ans et même jusqu'à 6 ans l'enfant construit sa vision du monde. C'est la période de l'esprit absorbant et l'adulte doit fournir à l'enfant des apprentissages concrets et réels lui permettant de comprendre le monde. Maria Montessori insiste sur le fait que l'adulte ne doit pas entrer dans l'imaginaire de l'enfant, c'est son univers, il faut le respecter.
Donner à l'enfant des livres avec des animaux habillés et qui parlent par exemple, n'a pas de sens dans la mesure où il n'est pas encore capable de faire clairement la distinction entre réel et imaginaire. Au lieu de remplir l'imaginaire de l'enfant avec des choses inventées par les adultes, laissons-le vivre au gré de son imagination, et donnons-lui des histoires concrètes pour appréhender le monde.
C'est d'ailleurs souvent ce que l'enfant va préférer comme livres, ceux qui racontent la vie d'un enfant comme lui, avec activités de la vie de tous les jours dans lesquelles il peut se projeter. Un livre qui entrera en résonance avec sa vie aura plus d'impact qu'un livre avec une histoire totalement imaginaire dénuée de sens. » ( in http://www.nido-montessori.fr/La-bibliotheque-des-enfants)


« Fantaisie stérile et imaginaire fertile..."

Dans "Eduquer le potentiel humain", Maria Montessori écrit chapitre 2 :
En règle générale, si les éducateurs reconnaissent facilement l'importance de l'imagination, ils souhaitent la cultiver à part, séparemment de l'intelligence, au même titre qu'ils aimeraient séparer cette dernière du travail de la main dans une sorte de vivisection de la personnalité humaine. A l'école ils exigent que les enfants apprennent des notions arides, en laissant cultiver leur imagination dans les seuls contes de fée, lesquels s'ils parlent bien d'un monde merveilleux, n'ont rien à voir avec l'environnement des enfants. Bien-sûr, ils contiennent des éléments très frappants, chargés comme ils le sont de drames et malheurs, d'enfants qui meurent de faim, maltraités abandonnés ou trompés. De même que les adultes raffolent des drames et des tragédies, ces contes peuplés d'esprits et de monstres plaisent aux enfants et stimulent leur fantaisie sans avoir pour autant un rapport avec la réalité.

A l'inverse en proposant à l'enfant l'histoire de l'univers, nous lui permettons de construire avec son imagination un monde mille fois plus mystérieux et passionnant que celui des contes de fée. Si l'imaginaire ne se nourrit que de contes, au mieux, le plaisir que cela procure sera recherché plus tard dans la lecture de romans. Un esprit habitué à chercher le plaisir exclusivement dans les récits fantastiques devient - lentement, mais inexorablement - paresseux et inapte à de plus nobles occupations. Dans la vie sociale, nous ne trouvons que trop d'exemples de cette paresse intellectuelle chez des personnes qui ont pour seule préoccupation de bien s'habiller, de faire des commérages et d'aller au cinéma. L'intelligence de ces personnes est irrémédiablement confinée derrière des barreaux impossibles à ouvrir ; leurs intérêts sont de plus en plus limités et exclusivement centré vers leur petit égo, indifférentes aux merveilles du monde, insouciantes des souffrances de l'humanité. C'est vraiment comme mourir tout en restant en vie. "

Ouvrons donc, pour l'enfant, les portes d'un imaginaire fertile qui s'enracine dans le passé profond de la terre et qui, espérons le, permettra encore, demain de nombreuses floraisons... »

C’est ce qui m’avait attiré en premier lieu vers Steiner. Parce l’imaginaire à la maison… Comment dire ?…. Il a droit de cité : dans la déco, au mur, et dans ma bibliothèque.

Cependant, bien que les discours lus plus haut m’évoque une vision super étriquée de la littérature fantasy qui n’est très certainement plus aujourd’hui ce qu’elle fut il y 100 ans, je me suis rangée aux arguments montessoriens. Passant outre mon penchant naturel pour les histoires de fées, de trolls et de lutins, je les trouvais assez sensés. Avant tout, le fait qu’un enfant ne soit pas en mesure de différencier le réel de l’imaginaire avant quelques années me paraissait complètement cohérent.

J’ai aussi été fortement marquée dans mon plus jeune âge par mes cauchemars, qui sont – tristement- les souvenirs les plus précoces dont je puisse me remémorer. Des trucs atroces où mes parents, transformés en monstres me poursuivaient pour me tuer et me dévorer. J’en ai encore des images très nettes et, clairement, j’ai souhaité épargner cela à ma fille avant qu’elle ne soit raisonnablement en âge d’intégrer la différence entre le monde des contes (assez souvent violent il est vrai) et le nôtre.

Donc je m’étais contentée jusqu’à présent de 3 petites fées au-dessus du lit et de 2 imagiers sur les fées et les pirates (l’imaginaire scientifique en somme : encore plus source de confusion qu’un conte finalement ^_^).

Nous lisons quand même des histoires où les personnages sont des animaux qui se comportent comme des humains depuis au moins 1 an, mais mes recueils d’Andersen ou de Perrault ont été remisés au placard depuis longtemps

Oui mais voilà, les portes de l’imaginaire que j’avais gardé fermées, Minimog est allée les ouvrir elle-même sans rien me demander et voilà que les fées, princesses, sirènes et dragons ont envahi notre quotidien. D’abord doucement puis de plus en plus et surtout, Minimog est clairement entrée dans la phase « imagination ». Avec ou sans créatures fantastiques, elle n’a de cesse de nous raconter des histoires abracadabrantes à partir de son quotidien qu’elle déforme, bidouille et triture à l’envi.

Le déclic s’est fait un jour où nous traversions notre couloir et ma fille s’est arrêté net et a regardé le sol en disant « Atta maman !!! ….. y a une sirène qui pleure. » - « Hein ? Quoi ? » et la voilà qui se penche au sol et qui console sa sirène. Énnnnnorme moment pour moi, mais totalement inattendu.

Mais qu’elle est sa source d’inspiration ? C’est en entendant les mots « Dora » (et consors), revenir souvent que j’ai eu le déclic : la télé chez la nounou !!

« Dites, est-ce que chez vous Minimog regarde des dessins animés qui parlent de fées ou de dragons, de truc de ce genre ? » - « Euh…. Moui, ça arrive. »

Aaaaaaah, branle-bas de combat ! Je vais quand même pas laisser la télé se charger de faire l’éducation fantasy de ma fille pendant que je reste les bras ballants alors que ça c’est MON domaine ! Nan nan nan ! Comme le « mal » est fait, autant y mettre mon grain de sel.

Notre récente visite annuelle aux Imaginales d’Epinal m’a donné du grain à moudre. Perrault et Andersen restent au placard jusqu’à nouvel ordre mais c’est sans compter sur les auteurs modernes.

Si je m’en tiens à ce que je trouve sur le festival, il reste assez difficile de trouver des ouvrages de fantasy pour les tout petits et somme toute, ça me parait logique : les arguments montessoriens restant tout à fait valables dans leur généralité à mes yeux.

J’ai tout de même fait l’acquisition de 2 ouvrages sympas comme tout, qui abordent des questions de la vie courante, mais avec des personnages fantastiques : de manière générale, je pensais avoir acheté ces ouvrages bien en avance : pour leur aspect fantasy mais aussi parce qu’ils sont très longs par rapport à nos lectures habituelles. Il se trouve que Minimog les a totalement adoptés le jour même.

Brûlot, le petit dragon.

(Enfin Minimog a choisi le tome 2 « Brûlot et le louveteau »).



Pour moi, cet ouvrage ne pouvait que finir dans notre bibliothèque étant donné qu’il est porté par trois femmes que j’ai la chance de connaître et que j’apprécie beaucoup : Valérie Frances à la plume, Laurence Peguy au pinceau et Nathalie Dau à la direction.

Valérie m’avait confié qu’elle avait eu un mal fou pour trouver des histoires de fantasy qui lui convenaient pour ses fils et que du coup, elle a pris sa plume pour les écrire. Grand bien lui en a pris : au-delà de l’affect, j’aime beaucoup ce livre qui parle de différence, de respect et de tolérance. De la bienveillance fantasy pour les enfants. Je pense que Brûlot 1 finira aussi chez nous s’il est du même acabit et je compte bien demander à Valérie si un Brûlot 3 est en préparation.

Le petit Gnouf – Le printemps des elfes.



Très gros coup de cœur partagé pour cet ouvrage ! Pour être honnête, je l’ai pris pour moi, étant tombée amoureuse du dessin, en me disant que Minimog le lirait peut-être quand dans quelques années.

Là j’en suis au stade où je le connais par cœur car il est lu, parfois re-lu, tous les jours, et en entier sivouplé !



Dessin superbe (qui captive ma fille) et très jolie histoire, également emprunte de bienveillance où le petit gnouf (petit lutin des bois) aide une princesse des elfes à prendre confiance en elle pour oser voler. Je pense que « La magie de l’hiver » et « Le noël du petit gnouf » trouveront une place sous le prochain sapin.

En fait ces deux livres parlent de la vie, sans monstres, sans atrocité, sans messages pervers cachés ; simplement les personnages sont des fées et des dragons.

Donc si vous avez d’autres références, je suis preneuse ! N’hésitez pas à les partager ici !

Hors des livres, ce qui a trait à l’imaginaire, elle le vit surtout avec de l’invisible. Par exemple : quand elle me dit : « Maman, y a des ours bruns dans l’escalier ! Attends ! je vais les mettre dans ma main et les attacher dans la voiture », il n’y a rien ; je pense quand même qu’à presque 3 ans, elle s’en rend compte ! (sinon c’est qu’elle a des visions). J’ai laissé quelques figurines d’elfes sur son meuble de jeu et elle joue avec assez souvent et bien sûr elle se déguise en princesse tous les soirs.

Elle ne m’a jamais demandé où vivent les fées, si on peut avoir un petit gnouf ou une licorne à la maison ou que sais-je. Elle voudrait des ailes de papillons pour voler mais exprime-t-elle une croyance ou simplement un rêve qu’elle sait imaginaire ? Pour l’instant j’ai l’impression, peut-être à tort, qu’elle fait très bien la part des choses et je continue en ce sens en n’alimentant pas l’impression que ces créatures existent réellement. Les contes restent dans les livres et si nous en passons la porte, nous n’oublions jamais de revenir.

6 commentaires:

  1. Alors j'avoue que je fais une grosse entorse à Maria ... le monde imaginaire de Steiner, j'en suis fan et totalement fan... ici laine feutrée, table des saisons , trolls et fées ont tjrs eu droit de résidence à côté des Balthazar (d'ailleurs Pépin parle!!!) et plateaux montessoriens. Ce sujet est un vaste débat sur tous les forums montessoriens. J'avoue que lors de ma formation, j'ai eu beau écouté les arguments que je comprends et que j'entends , mon passé quotidien de presque 15 ans auprès des petits enfants m'a fait oublié cette partie de formation... il faut le dire, les enfants adorent les livres et surtout les livres imaginaires! Alors oui, il y a de tout et j'évite les contes atroces avant un certain âge (bien que la lecture des contes a aussi suscité de longs débats, livres et études sur le développement des enfants), mais je suis abonnée à Fanette et Filipin (tjrs d'adorable histoire 'animaux en forêt) et je suis une fan inconditionnelle des livres d'Esla Beskow !

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  2. Avec notre 4 ans, on lit des contes mais pas les affreux ^^ : les musiciens de Brême, la princesse au petit pois... de toute façon avec un grand frère acros aux pokemons... (et des parents rôlistes, chut !)
    Et puis il y a Totoro aussi ! et les Ghibli en général...
    Avec trois enfants de trois âges différents, c'est mission impossible de structurer/diviser autant la lecture, les dvd... Ou alors j'interdis tout un pan de littérature et de films au grand. Ce qui est idiot.
    Donc oui le moyen et la petiote grandissent avec des dragons, loups-garou et gobelins ("Toum-Toum le gobelin n'a peur de rien" chez mango jeunesse) mais ils se gavent d'imagiers photos d'animaux et d'objets courants... ça doit compenser le côté trop "fantésie stérile" de nos vies :-)
    (et puis dans le livre qui explique à Virgile c'est quoi un enfant à haut potentiel... le héro c'est un ourson qui va à l'école alors hum... -et le livre est génial parce que pour les petits HP, la littérature est bien pauvre ! Alors même si les animaux humanisés ne me plaisent pas plus que ça, là j'ai adoré)

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    1. sofi_cerise si tu repasses par là, je veux bien des références de livre à lire à un HP, merci!

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    2. Le livre que j'ai acheter pour expliquer ce qu'est être HP à notre 4 ans est "Zachary, l'ourson précoce" de Lenia MAJOR (la critique du livre ici : http://les-tribulations-dun-petit-zebre.com/2010/01/16/zacchary-lourson-precoce/ )

      Pour mon grand, de 11 ans je lui ai acheter ça : "feuille de route pour les enfants HPI" (critique ici : http://les-tribulations-dun-petit-zebre.com/2014/11/11/la-brochure-feuille-de-route-pour-enfants-hpi-editee-par-lasep-suisse/)

      (oui, j'ai beaucoup le blog des "Tribulations d'un petit Zébre" ;-) )

      J'espère que c'est ce que tu cherchais ? Sinon, je n'ai rien d'autre de typiquement "HP" comme lecture. Pour Virgile -4 ans et demi- en ce moment, c'est Tintin, Yakari, les Petites poules, des tas d'imagiers et de livres de sciences (sur les voitures, les robots, les insectes....)

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  3. Oups ! Petit ours brun est non montessorien donc ! Bon bah raté lui, pompom l'ourson et totam sont les preferés du loulou. Et doudou lapin parle, gros nounours porte une couche. Par contre oui ce sont des histoires qui résonnent avec son quotidien : )
    Je suis pour le rêve et l'imaginaire, c'est plus grisse entorse à montessori, c'est ce qui fait de l'enfance une période magique à part !

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  4. Tu manière générale, je connais peu de parents qui arrivent à éviter les livres avec des animaux qui parlent, et c'est passer à côté de tant de belles histoires !
    J'avais repéré aussi chez les mamans Steiner les livres de Sibylle von Olfers, mais je crois qu'ils ne sont pas faciles à trouver en français. Et ça me rappelle que Charlie avait offert à Minimog un livre superbe : "La fille de l'arbre" de Magali Bonniol. Je pense que ma fille est mûre pour le lire à présent. Et pas mal de mamans très pédagogues commencent souvent les contes avec Boucle d'or et les trois ours pour son côté "petit/moyen/grand".

    D'accord avec toi Sofi, quand on a plusieurs enfants, il est difficile de tout séparer. Je suis sûre que bébé 2 prendra plaisir à écouter les histoires de sa grande sœur (que peut-être elle lui racontera elle-même <3). chez nous on propose de tout : des livres documentaires, des imagiers, des histoires réalistes, des histoires avec les animaux et des histoires de fées.

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