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lundi 27 avril 2015

Elle ira...

C'était un professeur, un simple professeur
Qui pensait que savoir était un grand trésor
Que tous les moins que rien n'avaient pour s'en sortir
Que l'école et le droit qu'a chacun de s'instruire


Il y mettait du temps, du talent et du cœur
Ainsi passait sa vie au milieu de nos heures
Et loin des beaux discours, des grandes théories
A sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
Il changeait la vie  

Il changeait la vie, Jean-Jacques Goldmann


En septembre prochain, Minimog ira à l'école. L'école de notre village.

Il y a eu Montessori, et les autres, Steiner, Reggio, des fissures, des doutes. D'autres parents de mon entourage et leurs enfants, aux profils si différents et leurs histoires, leurs blesures, il y a eu Franck Lepage, il y a eu mon frère, il y a des années. 
De la normalité l'école (de la république) est devenue un malaise. L'école, vraiment ? L'école comme ça ? Oui, oui, ok, mais...... mais.... MAIS, pfff, ah oui mais ça non, ça.... gnnnnn, et pffffff.
Et puis il y a eu le fameux film, le tsunami, qui ouvre des portes, en grand, plein de portes en même temps et qui me parle, qui m'inspire, qui m'aspire, comme un souffle.

Pas d'école ? Non.... enfin, pourquoi pas ? Ca : bof, ça : oui, ça : OUIIII, ça : je ne sais pas trop,...

Oui mais alors, si on le fait, comment on fait ? Finalement la lumière me vient : ça ne peut pas se faire seul. Alors j'en parle à Charlie : il faut qu'on le fasse ensemble !!! Oui mais Charlie vit une difficile épreuve dont elle vous a témoigné il y a peu et donc, l'heure n'est pas à ce genre de réflexions.
Aussi, je me retrouve au milieu d'un tas de questions sans réponse et comme à mon habitude, au lieu de laisser couler, je cogite, je cogite. Je suis comme ça, pour tout, je déteste stagner et laisser un truc en suspens. Je vois une échéance arriver, plein de trucs s'enchaîner et je ne sais pas quoi faire. Les deux qui s'entrechoquent le plus c'est : unschooling et achat maison puisqu'on commence à y penser sérieusement. Où ? Quand ? A quel(S) prix ? 

Le truc qui me bloque c'est que, je sens bien que de priver Minimog d'une entrée à l'école c'est lui faire rater quelque chose, mais en même temps, j'entrevois un tas de raisons pour lesquelles un jour, elle n'y resterait pas. Et tant de voies me semblent plus belles, plus respectueuses, plus intelligentes, plus efficaces. Pourquoi suivre la voie classique sous prétexte que "c'est comme ça ?". Et dans ma tête, ce choix doit se faire maintenant pour que l'on puisse changer "au cas où". La vie m'a appris que certains échecs se payent très cher, et j'ai du mal à lâcher prise.

J'ai eu la bonne idée d'en parler avec une partie de ma famille. Au début je n'osais pas, j'avais vraiment trop peur de passer pour une cinglée, ou dans une famille bardée d'enseignants, de susciter carrément des réactions mauvaises de la part de personnes qui confondraient mon rejet d'un système et le rejet de leur vocation, de leur carrière ou leur valeur (un peu comme quand tu dis "Je suis végétarienne" et que les gens entendent "Espèce de sale bouffeur de cadavre" alors que ce n'est même pas ce que tu sous-entendais). Et finalement ça m'a beaucoup aider.
Globalement leur réaction a été : "Mais enfin pourquoi tu te prends la tête comme ça ?"
Alors ma tête se dit : "Ben, c'est "juste" l'avenir de mes enfants, l'endroit et la façon dont ils grandiront, dont ils découvriront le monde, dont ils vont se construire en tant qu'individus, dont ils vont vivre une grosse partie de leur vie,.... Ca mérite réflexion, non ?"
Mais leur propos c'était plutôt un truc du genre : "Ok mais, Carpe diem".
Et ça m'a touché.

Qu'en est-il de ma situation aujourd'hui ? Ma fille est heureuse et pour autant que je le sente, elle aimera aller à l'école. Pour plein de raisons. La nounou est du même avis que moi et je sens qu'elle aurait plus de peine à s'entendre dire "Non, toi tu n'iras pas." Mes convictions sont une chose mais je ne voulais pas avoir le sentiment de décider à sa place, et de lui imposer un truc "pour son bien", alors même que je ne suis pas certaine que c'est ce qu'elle voudrait.
L'école maternelle, ça ne me fait pas trop peur en plus : le mouvement y est toléré, la pression du résultat y est souvent moindre, les activités sont souvent assez ouvertes, on ose encore faire rimer "travail" et "jeu (plaisir?)".
Et en plus, cette école chez nous, je la "sens" bien. Depuis que j'ai ouvert l'option : "Ma fille n'ira peut-être pas.", j'ai le sentiment que Minimog va rater un truc, un petit pincement au cœur qui me fait hésiter. Et pour avoir bosser avec eux, l'école du village voisin me plait aussi.
Je me rappelle qu'un jour, en attendant mon entretien avec la directrice, j'entendais le maître de la classe d'à côté. Il parlait d'histoire, mais avec beaucoup de vie, de verve, et d'humour, les élèves étaient hilares. Il contait l'Histoire. Je souriais en les entendant et me disait : "Ah ! Si l'école ça pouvait toujours être ça !". Mais du coup, l'école ça peut aussi être ça. Ça n'est certainement pas toujours ça, -ohhhh non-, et je le sais. Mais ça peut. Comme l'ont si bien souligné de nombreuses mamans, l'humain peut faire toute la différence et, bien que je n'ai pas foi dans le système, j'ai décidé de faire confiance à l'Humain.
J'ai décidé "d'ouvrir ses horizons".

Alors elle ira.
La différence c'est que depuis un an quand je pensais "école" je me sentais un peu "forcée" faute d'alternative alors que maintenant, je fais ce choix en conscience et bien plus apaisée qu'avant. En fait c'est devenu un CHOIX, et ça change tout. Dans ma tête et dans mon âme ça change vraiment tout.

Si je pensais que pour une raison ou une autre, ma fille pourrait souffrir d'être scolarisée, je n'aurais pas hésité. Mais je choisis cette voie parce que je pense que - aujourd'hui - c'est la meilleure pour elle. 

Et nous verrons. Comme me l'a dit une maman, je serais vigilante. Le mot que j'emploie toujours pour ma part c'est "consciente". Tout ce chemin que j'ai parcouru depuis la naissance de ma fille m'a donné de la conscience. Donc je serais là, les yeux ouverts, pour l’accompagner au mieux dans ce chemin, avec bienveillance. Et si un jour elle (ou bébé 2) exprime le besoin de changer de voie, que ce soit tôt ou tard, pour toujours ou pour un temps, je sais qu'elle le pourra. 

Aujourd'hui je ne me dis plus : "il y a autre chose mais mon Dieu que va-t-on faire, que doit-on faire, comment va-t-on faire ?", mais : "Il y a autre chose, donc si ça ne va pas, on sait qu'on aura le courage et la force de faire autrement". Peu importe la situation. C'est déjà beaucoup. Je me sens la force d'offrir à ma fille le choix et ça, c'est tout ce que je demande. 
Je me sens tellement apaisée depuis. J'ai confiance. 

Je souhaite que le mouvement - humain justement- des personnes qui souhaitent amener l'école vers une voie plus bienveillante puisse faire son chemin pendant ce temps, et si ma fille ne quitte jamais les bancs de l'école, pour de bonnes raisons, j'en serais la première enchantée. Nous verrons. 
Mais en septembre prochain, il se peut qu'une chouette aventure se profile pour Minimog, c'est en tout cas ce que je crois.

9 commentaires:

  1. Je suis contente pour toi que tu ai réussi à faire un "choix" en conscience ... j'avoue avoir un peu plus de mal que toi à être sereine même si ma grande adore l'école et si je ne crains pas pour ma mini qui me la réclame tous les jours ;-)) Moi ce qui me donne le plus de crainte est ce "formatage", cette "spontanéité" que l'on ôte à nos enfants en essayant de faire pourtant pour certains professeurs du mieux qu'ils peuvent ... et ce rythme effréné des horaires de l'écoles, ça me rend folle!!!!! .... mais bon, ma grande à l'air épanouie donc comme je te le disais , je veille, je suis présente , j'accompagne et oui tu pourras toujours changer d'avis quoi qu'il arrive! Tu as l'air apaisée face à cette décision et tant mieux.

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  2. Voilà, formattage et spontanéité, le coeur du problème pour moi. Ma grande doit faire sa rentrée en septembre, je n'ai pas envie et je cogite durl. Naweo, zelie&co, as tu trouvé que l'elan de ta fille se brisait depuis sa rentrée ?

    Merci pour ton blog Mamandala, j ' aimerais être sereine comme toi.

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    1. non, pour le moment tout va plutôt bien .... je l'avoue elle est épanouie à l'école mais pour bien connaître l'école (je suis maitresse ds la même école) , il y a de la bienveillance, des beaux projets et en maternelle ça reste assez libre! J'appréhende pour l'an prochain au passage en CP surtout que pour ma fille c'est un peu particulier puisqu'elle est précoce et dc bien en avance ... j'ai très peur qu'elle s'ennuie les fesses sur sa chaise te la journée ;-( Allez , on verra... elle sait que je suis là si ça ne va pas...

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  3. Moi j'ai l'impression de comprendre ton message, Hëlëne. Ta sérénité vient du fait qu'il te semble qu'au temps T, l'école répond le plus à l'envie de ta fille, mais que maintenant tu sais aussi que d'autres choix sont possible et que donc la situation n'est pas immuable ? Je trouve ça chouette, et je ne doute pas de ton observation et de ta capacité à continuer à accompagner ta fille (ou maintenant... TES enfants :) ). Je le redis, l'école c'est pas tout, il y a quand même du temps en dehors de l'école pour faire autre chose, et pour entendre d'autres discours. J'ai envie de faire un parallèle avec d'autres situations/ structures qui peuvent être "oppressives". Le couple par exemple, et bien ça n'empêche pas qu'individuellement on peut être vachement content en couple et se sentir libre. Le travail - mais le travail nous apporte souvent un espace de respiration et socialisation, même si une autre organisation du travail serait souhaitable :).... etc etc. Donc en tant que parent (et en tant que prof pour les profs), notre rôle ce serait aussi d'être vigilant face à ça et d'amener notre enfant à trouver ses espaces de respiration dans des structures qui ne le permettent pas forcemment, ainsi que tu lui offrir de tels espaces en dehors. Non ? Enfin, tout cela est en réflexion par ici aussi comme tu vois :)

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    1. Très belle réflexion Etiva. Que je rejoins. Au fil de ma vie, j'ai du prendre des chemins qui n'étaient pas du tout ceux dont je rêvais. Mais quand je me regarde aujourd'hui, j'ai la tête haute parce qu'à l'intérieur, je suis la même. Et les systèmes dans lesquels je vis ne m'ont pas changée. Consciente, toujours.

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  4. Alors je vous « rassures » les filles, je ne suis pas si sereine que ça ! Je suis apaisée, et j'ai confiance en ma fille, en moi, en mon époux. Mais pas forcément dans le système. Je suis en accord avec ma conscience mais le fait que je mette ma fille à l'école ne veut pas dire que j'ai le sentiment que ça va forcément bien se passer.
    Sur le point du formatage, j'en ai parlé avec Elsa sur son blog et elle m'affirmait que son fils faisait très bien la différence entre le fonctionnement de la classe et celui de la maison. Et en effet, je vois à travers son blog (dans les dessins c'est assez parlant), qu'il y a une nette différence entre ce qui se passe dans les deux endroits, et ça me rassures quand même. Je n'ai pas du tout l'impression qu'Antonin ait perdu en liberté et en spontanéité dans ce qu'il produit à la maison. Je devrais peut-être lui proposer de témoigner sur ce sujet d'ailleurs.
    Mais vos angoisses, je les ai aussi. Simplement je sais que j'aurais la force de faire marche arrière s'il le faut. C'est ça qui m'apaise. Dans mon esprit, il semble de plus en plus clair que ma fille ne finira pas à l'école. Je sens que mon époux aussi a accepté cette éventualité, donc je pars apaisée. De plus, j'avoue que ça me soulage : entre mon nouveau boulot, où je débarque avec l'annonce d'un congé maternité, les histoires de maison, le bébé, tout ça commençait à faire beaucoup. Si les premières années se passent bien, cela m'offrira un répit bienvenu, je ne le nie pas.

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    1. Je suis certaine que tu sauras répondre aux attentes de tes enfants ... pars sereine ;-)
      Bon de mon côté, je suis un peu moins affirmative qu'Elsa sur la différence de fonctionnement école-maison mais je pense que c'est lier à la précocité de Nawel (tt ce qu'on lui dit à un impact émotionnel énorme et du coup tt ce que dit la maitresse est parole d'évangile ;-)) Bon j'aime bcq sa maitresse, dc ça va ... mais Nawel est déjà revenue en disant à sa petite soeur "tu ne copies pas, on n'a pas le droit de copier à l'école, c'est pas bien!!!" nous avons repris ensemble et discuter sur le pourquoi l'enfant essaie de copier et sur les mots "coopération" plutôt que "copier" ... et il y a aussi le finir plus vite, le premier .... etc mais ça c'est bcq lié à la maîtresse, et pour le moment je ne suis pas concernée! Bref, je suis vigilante!

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  5. ça a aussi du bon de savoir s'adapter à un autre contexte. La capacité d'adaptation est d'une grande valeur. Se structurer intérieurement pour être capable de s'adapter, sans se perdre soi-même, à d'autres contextes, d'autres personnes, d'autres cultures avec l'aide des parents et en sortant aussi de sa zone de confort....pour l'agrandir.

    Pour toi ce pourrait être l'occasion de voir comment ça se passe avec elle, en ne la mettant que le matin. C'e serait un bon 1er test avant l'école à la maison, pour voir si maman à la maison c'est fait pour toi. Et 2ème test : lui faire quelques "cours". Car maman à la maison et maman + maîtresse à la maison, c'est bien différent. (J'avais fait quelques essais, et j'ai vite compris que je n'avais ni la patience, ni l'envie et que j'aurai abîmé les relations que j'ai avec mes enfants).

    Je me permets un petit message à la maman de Nawel : as-tu essayé de lui apprendre à gérer ses émotions ? on trouve de chouettes vidéos à destination des enfants faites par le village des pruniers ( https://www.youtube.com/watch?v=QNmMH6tqiMc&list=PLHB1Zqu9mBt_zkaQiBl-T7hzEVWQ4hc5M&index=11 ) il y en a aussi en français, mais la je ne trouve pas. Et puis, ça peut l'intéresser d'apprendre l'anglais ou autre langue ;-)
    il y a aussi de belles chansons qui aident à gérer les émotions (https://www.youtube.com/watch?v=IGCZHWYrlkM&index=23&list=RDGnDJRKrIQxk elle existe en français aussi)
    Chloé

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    1. Si ma vie cesse d'aller à l'école, il n'y aura pas d'école à la maison et je ne serais pas l'enseignante de ma fille.

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